La tradition, tout fout l'camp
Notice
Dans une ferme de Teillay en Ille et Vilaine, c'est la saignée du cochon. Après l'avoir nourri durant une année, le cochon est tué et cuisiné. Bien que cette tradition soit perpétuée, la fête qui entourait cette journée n'a plus lieu.
Éclairage
Ce film tourné en Ille-et-Vilaine en 1977 témoigne d'un moment de rupture :
- Entre d'une part la tradition, symbolisée par la préparation de cochonnailles à la ferme. Trois hommes au fort accent gallo s'activent autour du cochon, l'un d'entre eux - boucher aux gestes assurés - rappelle que son père et ses frères avaient déjà les mêmes pratiques.
- Et d'autre part la modernité. Les hommes évoquent la disparition de la fête automnale qui accompagnait, il y au moins une génération, la tuerie du cochon à la ferme. Ils mentionnent également la présence de nouveaux objets, le congélateur par exemple qui remet en question des façons de faire traditionnelles : la viande salée puis déposée dans le charnier, les charcuteries de ferme sont en voie de disparition.
A la fin des années 70, de nombreuses exploitations bretonnes ont déjà transformé leur modèle de production en s'orientant vers l'agriculture intensive : les élevages industriels de porcs et de poulets se multiplient. Les modes de vie des ruraux se sont aussi rapprochés de celui des villes grâce à une mobilité plus aisée, à l'équipement de maisons rénovées, etc. Ce film ne reflète donc pas l'ensemble des fermes bretonnes mais s'attache plutôt à nous montrer un monde que l'on pensait alors en voie de disparition. Or, si l'accent gallo a disparu, si l'abattage à la ferme ne se pratique plus pour des raisons d'hygiène, à la fin du XXe siècle des traditions anciennes semblent renaître au prix d'une mise au goût du jour. La remise en cause du modèle productiviste amène des fermiers à renouer avec les productions fermières faisant de la formule "du producteur au consommateur", citée par l'un des protagonistes au début du film, un nouveau modèle économique.