Les bergers au Mont Saint-Michel
Notice
Portrait de deux bergers de la baie du Mont Saint Michel. Ils évoquent leur vie quotidienne, entre le troupeau de moutons et leur cabane, les copains qu'ils vont voir et les sculptures qu'ils font, pour passer le temps mais aussi par passion.
Éclairage
La compagnie des polders de l'Ouest créée en 1856 reçoit en concession des domaines maritimes de 2 800 ha de part et d'autre du Couesnon, à condition qu'il soit canalisé en aval. La concession pour la construction d'un chenal est donnée en 1874.
Du côté breton, la conquête de la grève s'intensifie à partir de la fin des années 1850. En 1934, à la fin de la procédure, les terres gagnées représentent plus de 3000 hectares. Au niveau de la commune de Roz-sur-Couesnon, qui est la plus près du Mont-St-Michel et qui possède la plus grande superficie de terrains gagnés sur la mer, on distingue trois types de terres : les terres pauvres situées sur l'ancien cordon littoral, le Marais blanc (entre la terre et les polders) et les polders eux-mêmes qui vont jusqu'à la digue à flots.
La partie de la côte qui colonise la partie supérieure de l'estran (portion du littoral comprise entre les plus hautes et les plus basses mers) reçoit le nom « d' herbus » également appelés prés salés, lorsqu'ils sont pâturés par les moutons.
Cet univers est dangereux car lors des marées de fort coefficient, les herbus peuvent être brusquement envahis par la mer (il faut se rappeler l'ouragan du 16 octobre 1987...). Toutefois, c'est un lieu d'élevage privilégié car la pâture des herbes salées donne en effet un goût particulier à la viande des moutons . On y élève des races rustiques. Autrefois il s'agissait de la brebis à tête noire ; actuellement la bête la plus fréquente - « la grévine » - est petite, elle a également la tête noire mais est issue de croisements de races locales et anglaises. Du côté normand, « l'Avranchin », race rustique et prolifique qui résulte également de croisements, tente de s'imposer.
Le reportage s'arrête surtout sur le métier du berger. Autrefois, ces derniers partaient tous les jours d'hiver pour une longue marche à travers les herbus, sillonnés de ruisseaux qui sont chacun un danger pour les jeunes agneaux. Une cabane construite sur l'herbu leur servait d'abri. L'été, les moutons et le berger passaient traditionnellement la nuit dans les polders de façon à éviter la longue route.
Actuellement, les bergeries se sont modernisées mais les moutons vont toujours à l'herbu et le métier de bergers perdure du moins du côté breton. En effet seule la taille importante des exploitations et des élevages le permet car les petits fermes plus fréquentes du côté normand doivent s'occuper elles mêmes de leur bêtes.
Cette spécificité du Mont-St-Michel a permis de réfléchir à une demande d'AOC dès les années 90. Le cahier des charges repose sur l'alimentation de l'agneau (45 jours avec le lait de la mère) ; la durée du de pâturage sur les herbus, qui doit durer au moins 70 jours et le temps limité de finition en bergerie. Cet AOC, obtenu en 2010 n'a pas été sans poser problème, car des éleveurs dont les moutons vont sur les polders sans aller sur l'herbu revendiquent des bêtes de qualité mais n'ont pas le droit à l'appellation. Seuls 14 éleveurs, dix Normands et quatre Bretons, soit un cheptel de 5 000 brebis, en bénéficient début 2011.
Bibliographie :
"Les éleveurs de prés-salés en baie du Mont-Saint-Michel", Ar men, n°14.