Daniel Thomas et la réunion du pôle Industrie & Agro-Ressources
Notice
La Picardie est pleinement associée à deux projets de pôles de compétitivité : I- Trans, dans le domaine des transports avec la Région Nord-Pas-de-Calais et le pôle Agro-Ressources qui travaille sur des projets dans le domaine de l'industrie agro-alimentaire avec la Champagne-Ardenne. Daniel Thomas, le premier vice président, invité sur le plateau dresse le premier bilan de ce pôle. En tout 16 projets visent à améliorer la protection de l'environnement au quotidien dans l'agro-alimentaire, l'industrie pharmaceutique, l'industrie automobile et les énergies.
Éclairage
Pour qu'une nouvelle filière émerge au niveau territorial, Les conditions tiennent parfois à la conjonction exceptionnelle de circonstances très particulières : des scientifiques convaincus de la justesse et de l'intérêt de leur intuition, des responsables politiques dotés d'une vision du développement territorial à long terme, des relations personnelles denses entre acteurs locaux, la présence des dotations agricoles et industrielles ainsi que des ressources cognitives indispensables à l'émergence de cette filière, un contexte international favorable...etc. C'est dans cet environnement propice qu'est née en Picardie l'idée de la chimie du végétal, également appelée chimie "doublement" verte.
L'histoire du projet qui se matérialise aujourd'hui, remonte au début des années 80, à l'occasion des Assises nationales de l'enseignement supérieur et de la recherche. C'est à ce moment précis que quelques acteurs politiques locaux convaincus par une équipe de scientifiques brillants - dont le professeur Daniel Thomas interviewé dans ce JT du 6 février 2007 - décident de faire prendre à la région le virage décisif mais aux résultats encore incertains à l'époque des agro-ressources. Il faut dire que le contexte général a plaidé en faveur de ce choix crucial. Les deux chocs pétroliers ont confirmé ce que l'avant-gardiste rapport Meadows du Club de Rome avait déjà anticipé concernant l'achèvement de l'ère du tout-pétrole et les limites du modèle productif de l'époque.
Le temps qui s'est écoulé depuis a été celui de la construction patiente et méthodique des bases de la filière. Cela passait par le renforcement progressif des institutions de l'enseignement supérieur et de la recherche suscitant l'adhésion progressive des acteurs économiques et de l'agriculture concernés ainsi que des autres acteurs publics. La consécration du gigantesque travail accompli a eu lieu à deux reprises : à travers la création et la labellisation du pôle de compétitivité interrégionale (Picardie et Champagne-Ardenne) "Industries & Agro-ressources" (IAR), pôle à vocation mondiale, en 2005 ; et à la suite de la campagne fin 2010 des Investissements d'avenir où le projet PIVERT a été retenu au titre des Instituts d'excellence en énergies dé carbonées (IEED).
Les résultats ont été à la hauteur des ambitions initiales. La Picardie est aujourd'hui pionnière et internationalement reconnue dans le domaine de la chimie du végétal. Elle s'apprête, en effet, à accueillir le premier centre européen de transformation de la biomasse oléagineuse (colza, tournesol, lin...etc.) en produits chimiques renouvelables à travers la mise en place d'une bioraffinerie de 3ième génération, clé de voûte de ce dispositif. Par "bioraffinerie", il faut entendre un complexe industriel regroupé sur un même site qui vise, dans une perspective de développement soutenable, à transformer des matières premières agricole et forestière en bioénergie et en une multitude de produits biosourcés.
En favorisant l'intégration totale de la filière de l'amont agricole et forestier vers l'aval industriel, il s'agit de remplacer progressivement la chimie lourde actuelle à basse valeur ajoutée en une chimie fine à forte valeur ajoutée par la substitution de molécules issues du végétal à des molécules issues des hydrocarbures.