Crécy-en-Ponthieu haut lieu de l'histoire de France
Notice
Crécy-en-Ponthieu a conservé les vestiges de la bataille entre Anglais et Français du 26 août 1346. Explication du déroulement de la bataille. Une croix a été édifiée sur le champ de bataille, la croix de Bohème pour commémorer la mémoire du roi de Jean de Luxembourg mort sur le champ de bataille. Le maire, Pierre Brantrand souligne la vocation touristique et historique de sa ville. Le syndicat d'initiative a ouvert une salle d' exposition regroupant les trouvailles effectuées dans cette région riche en histoire comme le prouvent sépultures gauloises découvertes dans la forêt de Crécy.
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Éclairage
Si la petite commune de Crécy-en-Ponthieu située entre Abbeville et Hesdin dans la Somme a connu une occupation de son territoire dès l'Antiquité comme en témoigne quelques découvertes archéologiques notamment gauloises (Tène I, 460 av.n. è) d'ailleurs rappelé dans le reportage, force est de reconnaître que ce bourg est demeuré célèbre dans l'histoire de France par le fait que cet endroit fut le théâtre d'une des batailles les plus marquantes du début du conflit dit de la guerre de Cent ans opposant l'Angleterre et la France entre 1337 et 1453.
Il y avait déjà eu des conflits autour de la possession par le roi d'Angleterre du duché d'Aquitaine, au titre duquel il devait hommage au roi de France conformément au traité de Paris de 1259. A ce contexte déjà litigieux, le casus belli qui déclencha réellement les hostilités intervint à l'occasion du décès de Charles IV en 1328 lorsqu'Edouard III fit valoir ses droits dans la succession au trône de France puisqu'il était le descendant d'Isabelle, sœur du défunt. Si les femmes ne pouvaient prétendre au trône de France la question de leur descendance ne fut pas tranchée pour autant. Ainsi, Philippe VI, comte de Valois devint roi de France et Edouard III fut obliger de l'accepter et de rendre hommage pour l'Aquitaine. En 1337, Philippe en confisquant l'Aquitaine entraina réellement les hostilités. Edouard s'allia avec l'Empereur et d'autres potentats d'Allemagne et des Pays-Bas et prit officiellement le titre de roi de France en 1340.
C'est dans le cadre de cette querelle dynastique que commence la guerre de Cent ans, marquée par une série de défaites françaises dont la bataille de Crécy du 26 août 1346 constitue le premier acte significatif et retentissant dans l'ensemble de la chrétienté.
Ainsi le 12 juillet 1346, Edouard III débarque dans le Cotentin, fort de sa maîtrise des mers où il mène à la tête de ses armées une offensive fulgurante d'ouest en est, pillant les abords de Paris et remontant vers le nord, riche d'un fort butin. Après de nombreux atermoiements et tergiversations, Philippe VI lève l'ost à la hâte (il demande à ses vassaux de lever un armée) et se met en chasse du roi d'Angleterre afin de le contraindre au combat. C'est au passage de la Somme que les Picards livrent une résistance opiniâtre aux armées anglaises sur plusieurs ponts retardant ainsi leur remontée au nord et donnant l'occasion aux armées du roi de France de les rejoindre. In extremis, les Anglais réussissent à passer la Somme par un gué et l'armée de Philippe fait route pour Abbeville.
Le 25 août, Edouard III reprend sa route et décide de se fixer à Crécy pour affronter le roi de France. Dès le lendemain, les armées françaises marchent, sûres de livrer bataille avec gloire et succès. Sans grande discipline de l'aristocratie, l'armée se presse dans le désordre à l'affrontement contre les troupes anglaises certes inférieures numériquement mais mieux ordonnés et reposées.
Les arbalétriers génois chèrement payés par Philippe pour compléter son ost face aux archers gallois ne furent guère efficaces contre les cadences et la puissance de tir des grands arcs. La cavalerie française, compacte, se rue à l'assaut des anglais, piétinant les mercenaires génois sous une grêle de flèches anglaise est très vite décimée. Le chroniqueur Froissart rapporte les paroles de Jean Ier de Luxembourg, chevalier aveugle et valeureux qui aurait dit "pauvre commencement" (1). La disposition tactique anglaise prit très vite le dessus sur cette institution vieillissante, naguère invincible, de la chevalerie française qui fut donc taillée en pièce (2).
Cette bataille perdue, la royauté française fut livrée à une profonde crise de conscience. Philippe VI ne se risqua plus à livrer bataille en rase campagne. Cette défaite retentissante de la plus grande puissance occidentale mit à mal les principes chevaleresques sur lesquels, la puissance royale avait peine à s'imposer. Au contraire, fort de cette victoire, Edouard III mit le siège devant Calais qui se livra en moins d'un an permettant aux Anglais pendant toute la guerre de Cent ans de disposer d'une tête de pont sur le continent.
Suite à ce qui est dit dans ce reportage par le maire de l'époque et les responsables du syndicat d'initiative, un petit musée a été créé par l'association d'émulation historique et archéologique EMHISARC dans lequel une salle est consacrée à la bataille : des armes utilisées à cette époque sont exposées, une maquette du plan de la bataille et de nombreux textes expliquent cet événement historique. Sur le site de la bataille, une tour d'observation en bois a été érigée en 1984. A l'étage supérieur, un panneau décrit la position des troupes en présence. L'attrait touristique de la petite ville Crécy-en-Ponthieu reste donc lié au 26 août 1346, le syndicat d'initiative organisant chaque année fin août la "Grande foire médiévale de la Saint-Louis".
(1) Jean Froissart (vers 1337, Valenciennes - après 1404) est l'un des principaux chroniqueurs de l'époque médiévale. il est une des sources les plus importantes sur la guerre de Cent Ans. Jean Ier de Luxembourg dit l'aveugle (1296 – mort le 26 août 1346) est l'un des personnages clés de la bataille de Crécy. Il est roi de Bohême en 1310 puis comte de Luxembourg en 1313. Devenu aveugle après une opération oculaire ratée, il combattit cependant vaillamment lors de la cette bataille où il trouva la mort.
(2) Le nombre de morts évoqué dans ce reportage est invérifiable, mais on ne compte que 300 pertes au maximum du côté anglais tandis que de l'autre côté ont été répertoriés 1542 chevaliers dont 11 de haute noblesse et 2 300 génois, les pertes des fantassins sont inconnues, sachant que 50 000 hommes étaient engagés sur le terrain.