Création de l'association des villes art déco
Notice
La ville de Saint-Quentin fut profondément meurtrie pendant la première Guerre Mondiale, détruite à près de 80%. Avec la reconstruction, le style Art déco s'imposa dans la commune au point que Saint-Quentin compte aujourd'hui plus de 3000 édifices répertoriés dont 277 entièrement Art Déco. Un patrimoine architectural remarquable que la ville est décidée à valoriser. Elle a créé une association des villes Art déco avec sa voisine, Reims. Et espère organiser le congrès mondial des villes Art déco 2011.
- Europe > France > Picardie > Aisne > Saint-Quentin
Éclairage
Après la Première Guerre mondiale, de nombreuses villes de l'Est et du Nord de la France sont détruites, soit du fait des bombardements, soit du fait des destructions volontaires commises par les Allemands lors de leur repli. Reims et Saint-Quentin sont ainsi détruits à environ 80 %.
Une réflexion sur la manière de reconstruire les villes détruites s'était développée pendant le conflit. Dès 1915, trois urbanistes, Alfred-Donat Agache, Marcel Auburtin et Édouard Redont avaient publié un livre-manifeste Comment reconstruire nos cités détruites. L'idée prévalait qu'il convenait de profiter de la future reconstruction pour assainir et embellir les villes.
La loi Cornudet de mars 1919 fait obligation aux villes dévastées de faire établir un plan d'aménagement, d'extension et d'embellissement (PAEE), préalable à leur reconstruction. C'est donc dans les années 1920 seulement que les reconstructions des villes vont être engagées, la reconstruction des infrastructures étant jugée prioritaire.
Ces années sont celles où triomphe en France ce qu'on appelle "l'art déco". L'Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes, qui avait été envisagée avant la guerre et programmée pour 1915, se tient finalement à Paris en 1925.
Le décor intérieur des églises de la reconstruction montre l'influence de ce nouveau courant artistique, avec le renouvellement des techniques décoratives : peintures murales, mosaïques, vitraux...
L'Art déco est également présent dans la reconstruction urbaine, comme le montrent les exemples de Reims et de Saint-Quentin. Dans les années 1920, Reims devient un formidable laboratoire de création . Les plus grands artistes nationaux représentatifs de l'entre-deux-guerres interviennent dans ses bâtiments publics, mais aussi chez de nombreux particuliers. La bibliothèque Carnegie est reconstruite avec faste par Max Sainsaulieu, qui en fait l'un des monuments les plus spectaculaires d'un néo-classicisme Art Déco teinté d'allusions américaines. Elle est décorée d'œuvres du maître verrier Jacques Simon, tandis que la salle de lecture, lambrissée d'acajou, est éclairée par une grande verrière au plafond due à Jacques Gruber. L'un des architectes rémois les plus marqués par le style Art Déco, Maurice Clauzier, emploie un vocabulaire Art-Déco avec des bas-reliefs, des cordes tressées, des baies à pans coupés, des ferronneries stylisées place Aristide-Briand, avenue Jean-Jaurès, avenue de Laon... Le reportage montre également la prégnance de l'Art déco à Saint-Quentin, où les premiers plans de style Art déco sont dessinés dès 1923-1924 . On voit en particulier l'école de musique, rue de l'Isle, construite à la fin des années 1920 par Jean-Bernard Charavel, associé à Marcel Mélendès et Robert Esnault, où les bow-windows sont à l'honneur sur la façade et où le hall a conservé son décor Art déco, et la salle du Conseil municipal à l'Hôtel de Ville, due à Louis Guindez (1889-1958), architecte municipal de 1925 à 1942. Ses murs sont garnis de lambris en chêne de Hongrie et palissandre ; chaque panneau est décoré d'un cartouche représentant un métier. L'Art déco est aussi présent à la poste de Saint-Quentin. Dans le hall d'entrée, autour d'un lustre typiquement Art déco, se répartissent deux groupes de trois panneaux de mosaïque représentant les moyens de communication.
Les deux villes valorisent désormais leur patrimoine Art déco. Reims a ainsi organisé en 2006 une exposition à succès, Années folles, années d'ordre, l'Art déco de Reims à New York, tandis que l'Office de tourisme de Saint-Quentin propose un circuit permettant au visiteur de découvrir le patrimoine Art déco de la ville, parfois un peu caché. Le reportage date de 2007, quand les deux villes espéraient accueillir en 2011 le Congrès mondial des villes art déco, qui eut lieu finalement au Brésil.
(1) Années folles, années d'ordre, l'Art déco de Reims à New York, Paris, Hazan, 2006.