Laon au Moyen Âge carolingien
Notice
Jacky Lusse, historien, évoque Laon au Moyen Âge qui a été choisie comme capitale par les Carolingiens, du fait de sa situation géographique escarpée qui en faisait une sorte de forteresse. Les reines carolingiennes habitent l'abbaye et les rois leur confient la ville quand ils partent a la guerre. Cependant, nous dit le père René Courtois, historien, il n'y a pas de documents qui puissent prouver que Charlemagne et Louis le Pieux aient été à Laon. De l'époque Carolingienne il ne reste que des poteries, des morceaux de céramiques et une épée.
Éclairage
Ce document intitulé de manière fortement thuriféraire "Laon, capitale carolingienne" s'appuie ici sur les compétences de deux grands historiens médiévistes Jacky Lusse qui lui a consacré sa thèse Naissance d'une cité : Laon et le Laonnois du Ve au Xe siècle, d'une part et Jean-René Courtois, père jésuite, archéologue et grand érudit du Moyen Âge de la région (1). Ainsi, la belle cité du roi Charlemagne, c'est Laon ! C'est le berceau des Carolingiens depuis que le palais de Samoussy abrita les amours du roi Pépin-le-Bref, venu à la chasse dans le domaine du comte Herbert de Laon, avec Berthe-aux-grands-pieds, la fille du comte. Capitale non, mais les Carolingiens ont eu une prédilection pour Laon, ce castrum romain, clos de remparts imposants en font une place imprenable. Les rois bâtirent dans l'enceinte, un palais appuyé au monastère Saint-Jean (préfecture actuelle), derrière la porte du castrum, cette porte appelée royale (actuelle porte d'Arden).
C'est une ville importante du haut Moyen Âge à la fois résidence royale, ville épiscopale et un centre culture important. Sur le plan économique, la ville ne joue cependant pas un grand rôle, à l'écart des grands axes commerciaux de l'époque. Au Xe siècle, au pouvoir épiscopal s'ajoute le pouvoir royal, Laon étant un lieu de résidence fréquent des derniers rois carolingiens. L'abbaye de femme, Notre-Dame Saint-Jean de Laon fondée en 641 joue un grand rôle dans l'encrage de cette résidence royale carolingienne. Les abbesses sont en générale des reines. Si la localisation du palais royal est relativement bien établie puisque le couvent des Cordeliers s'installe à sa place au XIIIe siècle, sa relation avec l'abbaye Saint-Jean est moins claire. Les deux chroniqueurs du Xe siècle, Flodoard et Richer, permettent de préciser que dans la maison royale, il y avait une grosse tour avant 946, que Louis IV d'Outremer a reconstruit intégralement, et que son fils cadet Charles de Lorraine, renforça en surélevant les murs, jugé trop bas. On creusa également deux ceintures de profonds fossés, une première à l'extérieur du palais, une deuxième à l'intérieur du palais. Laon avait ainsi résisté avec succès à quatre sièges en 941 et 988. Laon est si important à la fin du Xe siècle que dans l'imaginaire populaire est resté comme la capitale de tous les Carolingiens. Elle fut l'une des capitales carolingiennes qu'à partir de Charles III dit le simple et elle n'est devenue la première des capitales que sous le règne de Lothaire. Le seul à s'être fait couronné à Laon est Louis IV d'Outremer, les autres le sont à Reims. Les villes de Reims, d'Aix-la-Chapelle, de Verdun situés plus à l'est constituent les autres capitales carolingiennes. Laon demeure le berceau et le refuge de cette dynastie.
Concernant la topographie de Laon à l'époque carolingienne, le travail de Jackie Lusse demeure essentiel. L'archéologie n'a jusqu'à présent pas pu renseigner davantage ce point. Le tracé des remparts de la cité, reconstruits voire agrandis demeure inconnu à ce jour. Pour le haut Moyen Âge, les découvertes archéologiques isolées ne permettent pas de confirmer ou de compléter les travaux des historiens. La situation est mieux renseignée dès la fin du XIe siècle où Laon connaît un développement très important, et, vers le milieu du XIIIe siècle, la ville abrite une population d'au moins 10 000 habitants, dont environ les deux tiers occupent la ville haute. La Cité reste le centre des pouvoirs, le roi et l'évêque étant coseigneurs de la ville.
(1) Jacky Lusse, maître de conférences honoraire de l'université de Nancy II. Il est l'auteur d'une thèse consacrée à Laon au haut Moyen Âge : Naissance d'une cité : Laon et le Laonnois du Ve au Xe siècle, 1992.
- René Courtois (1923-2005), père jésuite, grand érudit médiéviste, archéologue spécialiste des domaines religieux. Il a étudié plus particulièrement l'abbaye cistercienne de Vauclair dans le Laonnois.