Bilan et perspectives de l'aéroport de Beauvais
Notice
Bilan et perspectives de l'aéroport de Beauvais-Tillé qui voit passer 200 000 passagers par an essentiellement en charters. L'idée serait de transformer Tillé en aéroport complémentaire de ceux du Bourget et de Roissy. Pour M Dupont de la CCI Beauvais, cet aéroport doit être multiservices et peut être complémentaire de Roissy. Déjà les investisseurs s'intéressent à cette opportunité.
Éclairage
Le reportage conclut sur une prophétie qui voit "l'aéroport de Beauvais-Tillé comme un futur Roissy Charles de Gaulle en miniature". Or, Beauvais-Tillé est aujourd'hui le 9ème aéroport français sur le plan du trafic aérien de passagers avec 3,8 millions de passagers, juste devant l'aéroport de Nantes Atlantique. En 2013, six compagnies assurent des liaisons aériennes à partir de l'aéroport de Beauvais.
Construit puis ouvert durant les années 1930, avant d'être rapidement utilisé à des fins militaires durant la Seconde Guerre mondiale, l'aéroport devient finalement et véritablement un aéroport commercial en 1956. Si, durant les années 1960 et 1970, de petites compagnies aériennes britanniques, comme la Skyways Coach-Air Limited, assuraient des liaisons entre Beauvais et le Royaume-Uni, l'ouverture de l'aéroport de Roissy-Charles de Gaulle, inauguré en mars 1974, met en grande difficulté l'aéroport en provoquant une diminution de 75% de son trafic de passagers. Comme le mentionne le reportage, des compagnies charters assuraient également, dans les années 1980, des vols à destination de la Scandinavie, des îles britanniques, de l'Allemagne et des Pays-Bas. Si, en 1990, au moment de la réalisation du reportage, les projets de développement de la plate-forme aéroportuaire inscrivaient l'aéroport dans une complémentarité avec les autres aéroports franciliens, en jouant la carte d'un moindre coût d'escale pour attirer les compagnies aériennes, le processus de déréglementation du transport aérien en Europe, progressivement engagé par les autorités européennes, à partir de 1987 et achevé en 1997, va permettre à l'aéroport de Beauvais-Tillé de se développer à un rythme très soutenu grâce à l'installation de compagnies aériennes low-cost. Aujourd'hui, celles-ci assurent en effet 99,9% du trafic aérien annuel de l'aéroport. Parmi les différentes compagnies aériennes desservant actuellement l'aéroport, Ryanair occupe une place prépondérante et historique, car celle-ci a choisi, la première, de s'installer à l'aéroport de Beauvais-Tillé dès 1997 (en créant une première liaison aérienne entre Beauvais et Dublin) et a principalement contribué à son essor ; elle assure toujours aujourd'hui plus de 80% du trafic de l'aéroport.
Dans le paysage aéroportuaire du Bassin parisien, l'aéroport de Beauvais fait figure d'exception, puisque la puissance et la qualité de la desserte des deux principaux aéroports franciliens ont empêché le développement d'autres aéroports importants dans un rayon de 200 à 300 kilomètres. Cette exception s'explique par le développement du système des compagnies aériennes low cost dont le modèle repose, entre autres, sur l'utilisation d'un seul type d'avion, sur des liaisons "point à point", sur l'exploitation intensive des appareils par un court temps d'escale, sur un réseau de distribution des billets par internet et enfin sur le choix de desservir des aéroports secondaires autour des grandes villes, comme c'est le cas ici. Pour favoriser l'implantation de ce type de compagnies aériennes, les aéroports secondaires ont également pu proposer des tarifs d'escale ou un soutien marketing, considéré depuis par la Commission Européenne comme une subvention déguisée.
Propriété de l'État jusqu'en 2007, la plate forme aéroportuaire était gérée par la Chambre de Commerce et d'Industrie (CCI) de l'Oise jusqu'en 2008. La loi du 13 août 2004 relative aux libertés et responsabilités locales (article 28) et la loi du 20 avril 2005 relative aux aéroports, a transféré aux collectivités territoriales ou à leurs groupements, la propriété, l'aménagement, l'entretien et la gestion des aéroports, à l'exception des aéroports à vocation nationale ou internationale, listés par le décret du 24 août 2005 et qui ont été exclus du processus de décentralisation. Malgré l'importance de son trafic, l'aéroport de Beauvais-Tillé ne figure pas sur cette liste. Il est donc devenu, depuis mars 2007, au terme du processus de décentralisation et de transfert du domaine aéroportuaire, la propriété du Syndicat Mixte de l'Aéroport de Beauvais-Tillé (SMABT). Composé des collectivités locales (conseil régional de Picardie, conseil général de l'Oise et Communauté d'agglomération du Beauvaisis), le SMABT a, par ailleurs, délégué depuis 2008 et pour une durée de quinze ans, la gestion et l'exploitation de l'aéroport à la SAGEB, société détenue à 51% par la CCI de l'Oise et à 49% par Veolia Transport.
Même s'il est difficile d'évaluer précisément les effets économiques d'une infrastructure de transport comme un aéroport, l'organisation professionnelle des équipements aéroportuaires estime généralement qu'une plateforme aéroportuaire engendre, en moyenne, 1000 emplois directs pour chaque million de passagers. A Beauvais, l'essentiel des voyageurs sont en transit et se dirigent (ou sont originaires) de l'agglomération parisienne, reliée à la plate forme aéroportuaire par l'intermédiaire d'un système de navettes par autocars circulant sur le réseau autoroutier. La compagnie aérienne Ryanair, elle-même, appelle l'aéroport "Paris-Beauvais", ce qui souligne la proximité et la zone de chalandise surtout francilienne de l'aéroport.
En définitive, l'aéroport de Beauvais joue aujourd'hui de facto, sur certains plans, le rôle de troisième aéroport parisien dont le projet de construction a suscité de vifs débats à partir du milieu des années 1990.