"Roselyne et les lions" de Jean Jacques Beineix au cirque d'Amiens
Notice
Pour la sortie du film de Jean-Jacques Beineix, Roselyne et les lions, en avant première à Amiens le 13 avril 1989, retour sur le tournage qui a eu lieu pendant 10 jours en octobre 1988 au cirque d'Amiens. Jean Jacques Beineix en compagnie d'Isabelle Pasco ont été accueillis pour un échange avec les étudiants au campus d'Amiens. Les figurants qui ont retrouvé les lieux du tournage, donnent leurs impressions sur cette expérience.
Éclairage
Le cirque d'Amiens, devenu au cours des ans l'un des derniers monuments de son espèce, est l'œuvre de l'architecte Emile Ricquier (élève de Gustave Eiffel) qui dut cependant tenir compte des observations de Charles Garnier, inspecteur des monuments, lui demandant de corriger et masquer son projet initial qui prévoyait une structure de briques et de poutres métalliques apparentes, d'un enduit donnant au monument une forme néo-classique et la couleur de la pierre. Conçu et souhaité à l'origine par le maire d'Amiens Frédéric Petit aidé de son conseiller municipal Jules Verne (1887) le monument sera inauguré le 23 Juin 1889, à temps pour le centenaire de la Révolution française. Jules Verne prononcera le discours d'inauguration. Au XXe siècle, le cirque, laissé quasiment intact (comme la cathédrale) par les bombardements de la ville en juin 1940, abritera différentes compagnies mais aussi des spectacles de musique (chanteurs, orchestres rock, etc.) en dépit d'une acoustique assez déplorable. Depuis la réalisation de travaux de restauration en 2003, le Cirque a été associé à la compagnie Arlette Gruss après avoir servi d'École Nationale de Cirque en 1980 sous la direction d'Annie Fratellini. En 1989, soit cent ans après son ouverture (par correspondance avec le bicentenaire de la Révolution française ?) le réalisateur de film Jean-Jacques Beineix entreprend le tournage de Roselyne et les lions au cirque d'Amiens. Auréolé du succès éclatant de deux de ses réalisations précédentes Diva (1980) et 37°2 le matin (1986), Beineix met en scène dans Roselyne et les lions la passion de deux jeunes gens pour le domptage des fauves, un garçon, Thierry (Gerard Sandoz) et une jeune fille, Roselyne (Isabelle Pasco). Pour obéir aux exigences du metteur en scène les deux acteurs sont soumis à un entraînement intensif de 9 mois destiné à les faire côtoyer, sans crainte ni faux mouvement, les fauves dans la cage même, en présence d'un dompteur professionnel. Le propos direct du film accusant le système scolaire et les pédagogues d'inattention manifeste aux passions profondes des adolescents, tant sur le plan de la réalité sociale que sur le plan psychologique, fut assez mal accueilli, contribuant à accroître le désamour de son auteur avec la critique et le public. Il n'empêche que tant pour la qualité de ses images que pour la performance inédite et courageuse de ses deux jeunes acteurs ce film reste mémorable et digne d'être revisionné.
Le document ici présenté montre le journaliste Jean-Pierre Bergeon, l'un des fondateurs de Ciné-Critique et du festival International du film d'Amiens, interrogeant quelques unes des spectatrices ayant assisté aux 10 jours de tournage publics en 1988. Il montre aussi la rencontre, lors de l'avant-première, de Jean-Jacques Beineix et de son actrice Isabelle Pasco à l'Amphi 600 du Campus devant un public d'étudiants cinéphiles passionné.