Les vins blancs de Gascogne
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Résumé
À l’occasion d’un concours de vins blancs de Gascogne, ce reportage évoque cette production viticole. Roland Gessler, producteur du « Domaine de Joy » à Panjas, explique le renouveau du vignoble gascon. André Dubosc, directeur des producteurs de Plaimont à Saint-Mont, décrit les spécificités de ces vins, et leurs succès notamment à l’exportation. Il recommande de développer des productions de qualité en appellation.
Date de publication du document :
14 sept. 2021
Date de diffusion :
03 janv. 1990
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Contexte historique
ParEthnologue
Publication : 14 sept. 2021
Au nord-ouest du département du Gers, à l’est des Landes et au sud du Lot-et-Garonne, le vignoble des Côtes de Gascogne, reconnu en Indication Géographique Protégée depuis 2009, chevauche la zone de production armagnacaise. Comme la plupart des vignobles de France, ses plus anciennes traces remontent à l’époque romaine. Ce n’est pourtant pas tant son ancienneté qui le distingue que le renouveau qu’il a connu à la fin des années 1970, suivi du succès de ses vins frais et fruités.
Commercialisée à partir du XVIIe siècle, la production d’eaux-de-vie armagnacaises installe la viticulture comme une spécialisation et façonne un paysage devenu quasi monocultural. Entre le XVIIIe siècle et le XIXe siècle, la production s’accélère. Après la Charente, la région nantaise et le Bergeracois, l’Armagnac est converti en bassin d’approvisionnement d’eaux-de-vie blanches pour l’export. D’une marchandise populaire distribuée sur les marchés hollandais et américains, l’armagnac devient progressivement un produit de luxe. Ces fastes font des vignobles gersois, jusqu’au milieu du XIXe siècle, l’une des zones viticoles les plus importantes de France : 94 790 hectares de vignes en 1852 et 107 627 hectares en 1873. Vins distillés et vins de consommation courante sont acheminés sur les ports de la façade atlantique via le réseau fluvial : l’Adour au sud et la Baïse au nord.
À la fin du XIXe siècle, le vignoble se contracte. Crise du phylloxéra et succession d’épidémies de pyrale, oïdium et mildiou en sont responsables. Réduit de moitié au milieu du XXe siècle (51 588 hectares), il ne compte plus que 19 171 hectares en 1987 pour, aujourd’hui, se stabiliser légèrement au-dessus de 20 000 hectares. Concurrence des régions voisines (Bordelais et Languedoc), gelées de 1956, baisse de la consommation de vin, l’enchaînement de crises a bien failli causer, à plusieurs reprises, la disparition du vignoble.
À partir de la seconde moitié du XXe siècle, la vigne n’est plus qu’un appoint dans un système de polyculture (céréales, vignes, élevage) qui garantit l’autonomie des fermes. Dans un contexte rural difficile qui a perdu une grande partie de sa population, aggravé des conséquences de la Seconde Guerre mondiale, le manque de main d’œuvre et de matériel ont laissé le vignoble en mauvais état. Les mosaïques de micro-parcelles sont toujours vouées à la distillation, aux vins de consommation courante, mais surtout à l’autoconsommation familiale. Le vin n’est alors que peu commercialisé. Le vignoble gersois souffre d’une production hétéroclite et désorganisée de vins ordinaires. Les faibles prix pratiqués ne sont pas rémunérateurs. Pour pallier la crise, un réseau d’une dizaine de coopératives viticoles émerge : Vic-Fezensac (1938), Eauze (1945), Panjas (1946), Saint-Mont (1948), Plaisance (1951, qui avait la particularité d'être à la fois viticole et céréalière), Aignan (1951), Cazaubon (1953), Montestruc (1955), Gondrin (1961) et Lectoure (1965). Les conditions de production restent, malgré cela, précaires et les difficultés persistent. La culture de la vigne est sérieusement menacée.
Les travaux de la vigne, encore peu mécanisés, exigent une main d’œuvre coûteuse. Pour se bonifier, l’armagnac doit vieillir en fûts de chêne au moins cinq ans, compromettant sa commercialisation immédiate, immobilisant les revenus et déséquilibrant les cycles de ventes. Les charges de production se cumulent d’année en année et une solide trésorerie est alors nécessaire. Après une embellie prometteuse, la production d’armagnac préoccupe. Certaines coopératives mutualisent autour d’un projet commun : l’Union coopérative des vins armagnacais, implantée à Eauze. Mais, au milieu des années 1970, la dévaluation des stocks et la chute du marché armagnacais entraînent sa faillite en 1982.
Face à ces incertitudes et instabilités, l’idée émerge de convertir les cépages blancs classiques armagnacais – le Colombard et l’Ugni Blanc – en un vin de pays des Côtes de Gascogne. S’y adjoignent le Gros Manseng, le Petit Manseng puis le Sauvignon. La fin des années 1970 et le début des années 1980 sont alors consacrés à la restructuration de tout le vignoble qui gagne, de ce fait, en qualité. Le bassin toulousain est conquis tout comme le marché international (Allemagne, Royaume-Uni, Pays-Bas, Belgique, etc.) par ce renouveau : le succès est immédiat pour ce « petit » vin blanc aux arômes d’agrumes et de fruits exotiques devenu aujourd’hui un ambassadeur des terroirs gascons.
Bibliographie
- Francis Brumont et al., Sept siècles de l’histoire de l’armagnac, Société archéologique du Gers, 2011.
- Abbé Ducruc, « Les eaux de vie du Bas-Armagnac à Cazaubon », Revue de Gascogne, 1889.
- Marie-Ange Lasmènes et Alain Tendero, À hauteur d’hommes. Plaimont, une aventure vigneronne, Saint-Mont, Plaimont, 2018.
- Rémy Pech et Jean-Christian Tulet, « Mutations spatiales de la vigne en Midi-Pyrénées depuis le début du XIXe siècle », Sud-Ouest européen, tome 14, 2002.
- Gilbert Sourbadère, « Population, agriculture et ruralité en Gascogne gersoise de 1945 à nos jours », Économie rurale, n° 184-186, 1988.
Transcription
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