Le parc des Écrins
Notice
La création du parc des Écrins a entraîné l'inviolabilité de certains territoires. Les communes implantées n'ont pas pu donner leur avis, cette protection est parfois un obstacle à leur développement économique.
Éclairage
Second parc national de la région Rhône-Alpes après celui de la Vanoise, créé le 6 juillet 1963, le parc des Écrins est créé par décret le 27 mars 1973. Situé au sud-est de la région, entre Grenoble, Gap et Briançon, il est délimité par les vallées de la Romanche au nord, de la Guisane et de la Durance à l'est et au sud, du Drac à l'ouest. Il s'étend sur deux régions, Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte-d'Azur, et sur deux départements, l'Isère (18 communes) et les Hautes-Alpes (43 communes). Territoire de haute montagne dominé par la Barre des Écrins qui culmine à 4 102 mètres, rassemblant plus de 150 sommets dépassant 3 000 mètres d'altitude, il constitue l'un des hauts lieux de l'alpinisme en Europe : des alpinistes, le Club Alpin Français ainsi que des associations naturalistes sont du reste à l'origine de sa création. Fabriqué par une longue histoire, son territoire est intimement lié au mouvement de protection de la nature né au début du XIXe siècle : le premier Parc national français est créé en 1913 sous le nom de parc national de la Bérarde, à l'initiative de l'administration des Eaux et Forêts agissant dans un dessein de gestion des ressources naturelles, il bénéficie du soutien d'associations d'alpinistes, avant d'être agrandi en 1923-1924 sous la dénomination de parc national du Pelvoux. Comme les autres parcs naturels - et d'une manière générale les espaces protégés - dès sa création, le parc des Écrins est assujetti aux enjeux contradictoires de représentations de « la nature » hétérogènes développés par ses différents acteurs : d'un côté découverte de la nature par le biais d'activités sportives et touristiques, de l'autre sauvegarde de cette nature considérée comme territoire des espèces sauvages, conformément à l'esprit de la loi de 1930 sur la protection des sites et monuments naturels.
Plus de trente ans après la création du parc, le reportage diffusé au journal de la mi-journée de France 2 illustre la permanence de cette tension. Il s'articule autour de paires antagonistes : chasseurs vs garde du parc, interdits réglementés vs nécessités de développement du territoire, activités humaines (tourisme sportif) vs sauvegarde de la biodiversité (nidification des rapaces). Ce scénario est nourri d'images qui juxtaposent une nature « vierge », ses paysages grandioses, sa faune et sa fragilité (les traces d'un renard dans la neige) et des marques de la présence humaine quasi exogènes : villages, chasseurs et alpinistes. Il illustre « sur le terrain » les discussions en cours, au Parlement, d'un projet de loi adopté le 14 avril 2006 qui réforme la loi initiale de 1960 régissant les parcs nationaux. Cette nouvelle loi réaffirme l'organisation de leur niveau de protection en trois zones distinctes : réserve intégrale, véritable sanctuaire d'où l'homme et ses activités sont exclus (le parc national des Écrins est le seul parc français à en être doté depuis 1995), zone centrale où la protection est contraignante et zone périphérique où elle est la moins rigoureuse. La réglementation de ces zones est fixée par une charte à laquelle les communes adhèrent. Pour la zone périphérique seulement, l'adhésion est obtenue - ou non - par vote des communes ; la gouvernance locale est ainsi reconnue et les territoires qui en font partie sont réintégrés dans le mode de gestion ordinaire.
Aujourd'hui, en dépit de la conclusion optimiste du reportage qui insiste sur la mise en place d'une concertation entre les acteurs du territoire du parc, gestionnaires représentant l'État et résidents, associations aux intérêts divergents, l'opposition des adversaires d'une protection aussi drastique en zone centrale rend difficile la constitution de nouveaux espaces de conservation. La création de parcs nationaux est au point mort, le projet de parc national des Calanques, en gestation depuis 2001 devrait cependant aboutir en 2012. Quant aux labels internationaux, ils sont le plus souvent attribués à des territoires déjà protégés : le parc des Écrins a été doté de deux zones Natura 2000, fondées sur des directives européennes dédiées à la protection de faunes et de flores exceptionnelles.
Voir le site du parc des Ecrins.