Bilan de la saison touristique à Palavas
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Résumé
Cinquante mille estivants ont fréquenté Palavas au cours de l’été 1970 : la vieille station familiale a, semble-t-il, profité des retombées de la Mission Racine. Élus et commerçants font le bilan de la saison mais les avis sont très partagés. À l’avenir, Palavas risque d’être concurrencée par les nouvelles stations de La Grande-Motte et de Carnon à peine terminées.
Date de publication du document :
21 déc. 2022
Date de diffusion :
01 oct. 1970
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Contexte historique
Paringénieur d’études, ART-Dev / Céreq
Palavas début octobre 1970, la saison est terminée. Les enfants sont rentrés à l’école. Les touristes sont partis. Les pêcheurs, eux, sont toujours là. Ils rassemblent tranquillement leurs filets. La vie continue mais les quais du canal paraissent bien vides. Sur la plage, quelques personnes âgées profitent du calme et de l’air marin. Ces premières images muettes tranchent avec la frénésie estivale que Palavas, cette station balnéaire à l’histoire touristique déjà longue, connaissait encore quelques semaines auparavant. C’est l’heure du bilan de la saison touristique. C’est un rituel, bien sûr. On n’échappe pas aux poncifs. Pour beaucoup, c’était mieux avant ! On aurait tort pourtant d’en rester là car l’année 1970 n’est pas une année comme les autres.
Jusqu’à la fin des années 1960, Palavas n’a pas de concurrents directs significatifs sur son créneau, celui du tourisme familial. Avec la décennie qui s’ouvre, la donne change radicalement. De nouvelles stations balnéaires surgissent à proximité immédiate de Palavas (la plus emblématique est celle de La Grande-Motte), tandis que d’autres, à l’instar de Carnon, se modernisent radicalement. La mission Racine est passée par-là. Elle a initié de grands travaux d'infrastructure en vue de développer le littoral de la Méditerranée dans les départements du Gard, de l'Hérault, de l'Aude et des Pyrénées-Orientales. Il s’agissait plus précisément de donner corps à une véritable industrie touristique de masse en poursuivant trois objectifs : jouer de l’héliotropisme et développer la région en créant, sur le littoral, des activités et des emplois nouveaux ; permettre aux classes populaires de devenir propriétaires au bord de la Méditerranée ; lutter contre la concurrence du tourisme espagnol.
Le reportage rend bien compte des espoirs et des craintes que cela suscite chez les élus [1], commerçants et professionnels du tourisme palavasien. L’aménagement du littoral et la « publicité » qui l’accompagne peuvent laisser espérer un afflux supplémentaire de touristes, notamment étrangers qui jusqu’alors se contentaient, pour la plupart, de transiter en direction de l’Espagne. Dans le même temps, les destinations concurrentes peuvent capter une partie de la clientèle habituelle de Palavas ou, par leur modernité, attirer les touristes ayant un pouvoir d’achat supérieur. Difficile de dire, à ce moment-là, ce qu’il adviendra de ce tourisme de masse et d’en prévoir les retombées pour les uns et les autres. Finalement, Palavas s’adaptera à cette nouvelle donne, tout en demeurant une station familiale. Durant la décennie 70, une nouvelle route sera construite sur l’étang du Grec entre Palavas et Carnon. Un port de plaisance en mer sera également bâti de manière à proposer de nombreux emplacements et un tirant d’eau important. Parallèlement, une attention croissante sera portée à la qualité de l’eau de mer et plus largement à l’environnement.
L’apparition de stations balnéaires nouvelles stimulera le tourisme en Languedoc-Roussillon et aura un effet globalement positif sur Palavas. De nouveaux touristes seront attirés par le littoral héraultais et Palavas saura en capter un nombre suffisant. Une des personnes interviewées avance le chiffre de 50.000 estivants pour la saison 1970. Palavas demeurera par ailleurs la plage des Montpelliérains. C’est un atout non négligeable dans la mesure où cette clientèle locale apporte une source de revenus à de nombreux commerçants au-delà des vacances d’été. Mais les professionnels du tourisme devront surmonter bien des épreuves, notamment celles liées à l’entrée en crise de la France (la fin des Trente Glorieuses est proche) et au rétrécissement de la période estivale. Ces difficultés ne seront pas simplement conjoncturelles. Le tourisme de masse du Languedoc-Roussillon demeure, aujourd’hui encore, un tourisme qui génère peu de recettes pour plusieurs raisons : pouvoir d’achat relativement faible des touristes ; poids des résidences secondaires ; offre touristique éparse ; insuffisante professionnalisation, tant pour le montage que pour la commercialisation des produits touristique, etc. Il profite surtout aux campings et beaucoup moins à l'hôtellerie traditionnelle.
[1] Celui qui deviendra en 1989 (et jusqu’à nos jours) maire de Palavas, Christian Jeanjean, intervient à 1 minute 51 secondes. En 1970, il était déjà très impliqué dans le développement de Palavas. Agent immobilier, il a commencé sa carrière politique au sein de l’équipe municipale dirigée de 1953 à 1989 par Jacques Giret.
Transcription
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(Silence)
Intervenant 1
Cette année, nous avons eu comme au cours des précédentes saisons environ 50 000 estivants à Palavas.Il est à noter que la propagande faite sur le plan national au profit de l’aménagement du Languedoc-Roussillon a été bénéfique pour notre station de Palavas et la clientèle habituée, les vieux clients de Palavas sont venus et d’autres sont venus s’y ajouter, ceux qui venaient visiter les stations nouvelles.
Commerçant 1
Il faut compter environ 20% de meilleur que l’année dernière.
Journaliste
En progrès.Des clients nouveaux ?
Commerçant 1
Pas mal de clients nouveaux.Grâce à La Grande-Motte je dois vous dire.
Commerçant 2
Effectivement, nous avons eu beaucoup de monde, mais enfin ce n’est pas une année extraordinaire au point de vue rendement.Nous avons senti un pouvoir d’achat un peu déficient dans la clientèle.D’autre part, nous sommes peut-être touchés par l’exode d’une clientèle qui va vers les stations nouvelles, qui est attirée peut-être par les stations nouvelles.D’autre part, l’implantation des grandes surfaces nous a touchés un peu.Les campeurs vont effectivement dans les grandes surfaces.
Boulanger
Le bilan est passablement négatif.
Journaliste
Ce serait dû à quoi ?
Boulanger
A mon idée, c’est dû à l’encadrement du crédit.
Commerçant 3
Il y a eu une question du mois de septembre qui a été un peu prématurée pour les rentrées des gosses à l’école.Parce qu’alors de ce fait naturellement, on sent un mois de septembre moins accéléré.
Christian Jeanjean
La Grande-Motte, l’aménagement du territoire et la publicité qui a été faite autour peut nous apporter quelque chose de très important et ce très important, c’est effectivement le fait que les gens et surtout les étrangers viennent un peu combler nos appartements qui sont libres en mai, en juin, en septembre, en octobre et arrivent à faire augmenter cette saison.
Commerçant 4
Je compte un tiers de clients de moins.
Journaliste
Cela est dû à quoi ?
Commerçant 4
C’est dû… c’est dû… Je dis qu’il y a un manque d’argent, manque d’argent et puis manque de chambres, manque d’hôtels.
Journaliste
Manque d’hôtels à Palavas ?
Commerçant 4
Manque d’hôtels à Palavas !
Journaliste
La publicité qui a été faite pour l’aménagement du littoral vous a apporté quelque chose ?
Commerçant 4
Elle a amené quelques clients, elle amené quelques clients.Mais il faudrait des hôtels à La Grande-Motte aussi.
Journaliste
Des hôtels concurrents à Palavas ?
Commerçant 4
Oui mais il n’y a pas de concurrence, il n’y a pas de concurrence non.Les clients de La Grande-Motte, ce sera pour La Grande-Motte et Palavas travaillera toujours.Il manque d’hôtels aux deux endroits.
Commerçant 3
La publicité a été d’un bon apport dans le sens qu’on a quand même vu pas mal de touristes, vous voyez ?Le principe est très bon.
Pêcheur
On a l’impression que la petite promenade en mer diminue un peu de clients, vous voyez ?Je ne sais pas si c’est à l’occasion que les gens ont acheté pas mal de bateaux, tout ça.Mais alors, je fais la pêche en mer de plus en plus et j’ai davantage de clients.
Responsable du tourisme
Il y a eu des étrangers.Il y a eu un nombre d’étrangers plus conséquent que l’année dernière, c’est-à-dire pour la saison 1969 et entre autres des Anglais et des Allemands.Quelques Espagnols, aussi.
Commerçante 6
Nous sommes la plus vieille plage.Jusqu’à maintenant, on n’a pas de préjudice mais attention !Parce que quand La Grande-Motte sera au point, quand Carnon sera au point, rien ne nous assure que nous aurons quand même les mêmes clients.Il faudra bien faire attention.Il faut que Palavas pense à se défendre et de La Grande-Motte et de Carnon.
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Date de la vidéo: 2017
Durée de la vidéo: 07M 08S