Gaston Baissette et l’étang de l’Or
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Résumé
Plus de quarante ans séparent la publication de L’étang de l’Or, roman poétique de Gaston Baissette, médecin et écrivain, de ce reportage. À travers les textes de l’écrivain, Thierry Caderas de Kerleau invite le spectateur à découvrir l’âme
de cet étang que Gaston Baissette décrivait comme le compagnon de sa vie
. La lecture d'extraits du roman ponctue le reportage.
Date de publication du document :
21 déc. 2022
Date de diffusion :
06 mai 1991
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Contexte historique
ParDirecteur de recherche CNRS, Laboratoire ART-Dev UMR 5281
Ce reportage s’intéresse à l’un des étangs littoraux (ou lagunes) appelé étang de l’Or ou de Mauguio, une forme géographique très caractéristique de la côte Languedocienne. Il fait partie des cinq plus grands étangs littoraux français. C’est d’une manière originale, à travers les mots de Gaston Baissette, médecin et écrivain ayant passé une grande partie de son enfance sur les bords de l’étang [1] que nous sommes invités à faire connaissance avec cette vaste étendue d’eau d’une grande richesse faunistique et floristique.
Mais comment le dénommer ? De Mauguio ou de l’Or ? Le débat semble s’éterniser malgré la lettre de son maire, M. Bassaget qui en 1932, interpellant le Ministre, lui demande la chose suivante : pour éviter toutes ces fâcheuses interprétations, nous désirons qu’un arrêté du Ministre stipulât une bonne fois pour toutes que l’appellation « étang de Mauguio » est bien l’appellation officielle
. Serait-ce le signe d’une identité difficile à définir et qui ne se laisse pas enfermer dans une appellation unique pour cet espace de transition aux influences multiples entre la petite Camargue à l’est à le Montpelliéret à l’ouest ? Quoi qu’il en soit pour saisir et découvrir l’âme de cet étang, le conteur de cette histoire nous invite à passer par la littérature et les textes de Gaston Baissette et non pas par des inventaires naturalistes ou des brochures touristiques. Tout un programme qui va nous permettre ainsi de saisir les perceptions, les représentations, les pratiques et les usages de ce territoire que l’on nous présente comme unique.
La description commence paradoxalement par déconstruire cette unicité et faire apparaître trois géographies, trois mondes, certes interdépendants, complémentaires mais cependant distincts. C’est d’abord la terre et le monde des cabanes : habitation traditionnelle faite de matériaux trouvés sur place (bois, sable), cette hutte gauloise est notamment construite avec l’une des végétations typiques de ces zones humides, la sagne
, plus connue ailleurs sous le vocable de chaume que l’on ramasse pour couvrir les toits. C’est ensuite les bords de l’étang ou les marais, avec les chevaux, les taureaux, leurs gardians, leurs manadiers mais aussi la célèbre gratte
plante aquatique fétiche des chasseurs dont l’abondance signifie une saison réussie avec une profusion de gibier d’eau. Les macreuses, appellation locale des foulques, de la famille des canards, s’en délectent. C’est enfin l’étang lui-même avec ces bateaux comme le « négafol » ou d’autres arborant une voile appelée « pantorgues » [2], territoire des pêcheurs où l’anguille, la daurade et le loup très prisés sont traqués avec ces filets appelés capetchades
dont l’armature en bois des piquets dépasse de la surface de l’étang.
Usagers, usages, faune, flore, pratiques, représentations, perceptions de ces lieux qui forment un tout, avec ces temporalités et sociabilités multiples et imbriquées, voilà ce qu’est l’étang de l’Or et son âme. Une histoire parfois magnifiée dans le documentaire où la pratique de la chasse ancestrale
ne mentionne pas en contrepoint les textes des sociétés savantes du XIXe siècle, attachées à la conservation de la nature, qui qualifient les battues aux macreuses de « triste spectacle » (massacre), une pratique à laquelle Frédéric Bazille, le célèbre peintre montpelliérain, et son père Gaston s’adonnaient avec passion. Les étangs littoraux sont bien des territoires au sens où ils sont habités, fréquentés, utilisés par différents groupes sociaux qui s’en disputent parfois la mémoire et la légitimité. Leur patrimonialisation fait ressortir par effet miroir leur profonde modernité et leur place pleine et entière au sein d’un espace littoral en recomposition.
[1] Sa mère était originaire de Mauguio.
[2] pantorgue ou pantòri, en français, voile à balestron : voile carrée ou trapézoïdale montée sur un axe oblique, de conception plus élémentaire que la voile latine.
Bibliographie
- Gaston Baissette, L’étang de l’Or, Les Presses du Languedoc, édition de 1990 (1e édition 1945).
Transcription
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Date de la vidéo: 03 janv. 1972
Durée de la vidéo: 07M 35S