Sète, terre natale de Paul Valéry
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Résumé
Gabriel Couderc, conservateur honoraire du musée Paul Valéry, raconte quelques anecdotes sur la vie de l’écrivain, né à Sète en 1871. Une exposition qui dévoile ses talents de dessinateur, de peintre et de sculpteur est organisée au musée, dans le cadre de l’année du patrimoine. On peut également y voir le manuscrit du Cimetière marin.
Date de publication du document :
21 déc. 2022
Date de diffusion :
13 déc. 1980
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Contexte historique
ParDocteur en sociologie
Paul Valéry est omniprésent à Sète : une rue, en centre-ville, le lycée, un musée, et même le cimetière qui évoque son nom, par réflexe automatique. Valéry Sétois, donc. Dans les faits, c’est incontestable. Il y est bien né, en 1871, de Barthélémy, un Corse issu d’une famille de marins et d’armateurs, installé à Sète comme vérificateur principal des douanes, et de Fanny Grassi, la fille du consul d’Italie, qui revendique des ascendances aristocratiques du côté de Florence et de Gênes. D’ailleurs, sur la tombe familiale au cimetière marin, figurent les armoiries des Grassi.
Valéry passe à Sète les douze premières années de sa vie, fréquente le collège municipal : « Ce collège avait des charmes sans pareils. Les cours dominaient la ville et la mer… Les spectacles ne manquaient donc pas à nos récréations, car il se passe tous les jours quelque chose sur les frontières de la vie terrestre et de la mer » . Il y caressera le rêve d’une carrière de marin, comme ses aïeux. Mais en 1884, la famille déménage à Montpellier, où Jules, le frère ainé, fait son droit. Voici Paul Montpelliérain pour dix longues années d’ennui, jusqu’à ce qu’il obtienne l’autorisation d’enfin « Monter à Paris » comme tout Méridional ambitieux. Sète est loin désormais.
Qui pourra dire le lien entre le poète et sa terre natale ?
s’interroge le journaliste Jacques Balp. Valéry répond lui-même dans l’une des rares pages explicites sur ce sujet :
« Tel est mon site originel, sur lequel je ferai cette réflexion naïve que je suis né dans un de ces lieux où j’aurais aimé de naître. Je me félicite d’être né en un point tel que mes premières impressions aient été celles que l’on reçoit face à la mer et au milieu de l’activité des hommes. Il n’est pas de spectacle pour moi qui vaille ce que l’on voit d’une terrasse ou d’un balcon bien placé au-dessus d’un port. Je passerais mes jours à regarder ce que Joseph Vernet, peintre de belles marines, appelait les différents travaux d’un port de mer. L’œil, dans ce poste privilégié, possède le large dont il s’enivre et la simplicité générale de la mer, tandis que la vie et l’industrie humaines, qui trafiquent, construisent, manœuvrent tout auprès, lui apparaissent d’autre part. L’œil peut se reporter, à chaque instant, à la présence d’une nature éternellement primitive, intacte, inaltérable par l’homme, constamment et visiblement soumise aux forces universelles, et il en reçoit une vision identique à celle que les premiers êtres ont reçue. Mais ce regard, se rapprochant de la terre, y découvre aussitôt, d’abord, l’œuvre irrégulière du temps, qui façonne indéfiniment le rivage, et puis l’œuvre réciproque des hommes, dont les constructions accumulées, les formes géométriques qu’ils emploient, la ligne droite, les plans ou les arcs s’opposent au désordre et aux accidents des formes naturelles, comme les flèches, les tours et les phares qu’ils élèvent opposent aux figures de chute et d’écroulement de la nature géologique la volonté contraire d’édification, le travail volontaire, et comme rebelle, de notre race. L’œil ainsi embrasse à la fois l’humain et l’inhumain » [1].
Ainsi Valéry, dans un âge avancé, analyse-t-il la matrice qu’a constituée le milieu sétois sur sa formation intellectuelle et spirituelle. Et de retour en 1935 pour s’adresser aux collégiens, il complète ainsi l’analyse de son attachement à sa ville natale :
« J'ai observé souvent que ma pensée ne pouvait s’approfondir quelque peu, que je ne retrouve au fond de moi quelque impression d’origine toute sétoise… toute pensée a son port d’attache, et si, d’événements en événements, et d’idées en idées, je remonte le long de la chaîne de ma vie, je la retrouve attachée par son premier chaînon à quelqu’un de ces anneaux de fer qui sont scellés dans la pierre de nos quais. L’autre bout est dans mon cœur. » [2]
[1] Paul Valéry, « Inspirations méditerranéennes », Variété III, 1936.
[2] Discours prononcé à l’occasion de la distribution des prix du collège de Sète, le 13 juillet 1935.
Transcription
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