Les cabanes de la petite Camargue
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Abris temporaires pour la chasse et la pêche, les cabanes de l’Etang de l’Or sont devenues, depuis quelques décennies, de véritables résidences secondaires. Construites essentiellement avec des matériaux de récupération, elles reflètent la personnalité de leurs propriétaires. Découverte d’un patrimoine vernaculaire en compagnie d’un cabanier.
Date de publication du document :
21 déc. 2022
Date de diffusion :
11 janv. 1997
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Contexte historique
ParDirecteur de recherche CNRS, Laboratoire ART-Dev UMR 5281
Comme un mystère, le reportage consacré à la petite Camargue, située dans la partie est du département de l’Hérault autour de l’étang de l’Or, ses marais et zones humides attenantes, a pour sous-titre Les voix de l’étang. Quelles sont-elles ? Qui parle de ce territoire ? Pour en dire quoi ? Il n’est pas question ici d’oiseaux, de roseaux ou de canards comme à l’accoutumée dans un documentaire animalier ou naturaliste, mais d’architecture et notamment d’une architecture dite populaire, dans le sens où les gens ont construit eux-mêmes leur cadre de vie et leur habitation.
De quoi s’agit-il donc ? Des cabanes. Une forme très particulière d’urbanisation, d’implantation humaine, très présente le long des 90 km du littoral héraultais. Et il revient à cette voix off de nous en raconter l’origine et les spécificités à partir de son histoire personnelle et familiale, avec l’exemple des cabanes de Lunel. Nous apprenons ainsi que c’est le grand-père, pêcheur, qui le premier s’est installé en ce lieu au milieu du XIXe siècle, à la croisée de deux canaux. Le premier est le canal de Lunel, dont l’autorisation fut donnée aux habitants de la ville par sentence arbitrale de 1228 et lettres patentes du roi Philippe IV le Bel en 1229. Le second est celui du Rhône à Sète, anciennement appelé canal des étangs, décidé en 1773 par les États du Languedoc pour relier Beaucaire et Aigues-Mortes. Le projet est porté par Isaac Étienne Grangent, directeur des travaux publics de la Province.
L’installation du grand-père pêcheur à cette intersection lui permet d’exercer son activité dans lesdits canaux mais aussi dans l’étang de l’Or, situé à proximité, et relié à ces voies de communication. La cabane sert à entreposer outils, matériel de pêche, de chasse et autres objets. Ce genre d’établissement crée une sorte d’appel d’air
pour les populations des villages avoisinants comme Lunel et Lansargues. Plus tournées vers les marais que vers la garrigue, elles y pratiquent notamment la chasse, les cabanes ayant alors une fonction d’habitation temporaire. Les choses changent assez radicalement avec l’instauration des congés payés qui accélèrent la dynamique d’implantation. Voilà pour l’histoire et les origines.
Qu’en est-il de l’architecture ? La principale caractéristique renvoie au caractère local des matériaux de construction, principalement issus de la récupération. La forme simple se répète, carrée ou rectangulaire, avec deux pans de toit. La décoration permet souvent d’identifier l’activité du propriétaire : pêche, chasse, loisirs… Une habitation de moins en moins temporaire. Leur couleur est d’abord le noir en raison de l’utilisation du goudron permettant de lutter efficacement contre l’usure du temps, du sel, de l’humidité, de la pluie, du vent et du soleil. Mais cette image ne colle pas avec un paysage touristique et surtout environnemental dont les promoteurs louent la beauté des zones humides et militent pour leur protection. Il a donc fallu les rendre plus présentables et plus chatoyantes et c’est ainsi que la couleur est arrivée redonnant une certaine vitalité (et attractivité) à ces bords de canaux. Là encore, pas de planification d’ensemble mais des opportunités saisies au gré des restes de peinture disponibles. Encore de la récupération.
Les cabanes cultivent ainsi pour certains une image qui mélange diversité, particularisme, patrimoine. En revanche, pour d’autres, elles sont associées au mieux au folklore local, au pire à des « interstices » illégaux à faire disparaître. Un mode d’habiter le littoral, un lieu de vie et de pratiques où s’établissent aujourd’hui des formes de marginalités plus ou moins voulues et subies en lien avec des dynamiques urbanistiques, résidentielles et touristiques aussi diverses et inclusives qu’elles sont ségrégatives.
Transcription
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Date de la vidéo: 03 janv. 1972
Durée de la vidéo: 07M 35S