Présentation de l'étang de Thau
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Résumé
Dans l’étang de Thau, l’élevage des huîtres s’est développé à grande échelle dès les années 1970. La menace d’une surproduction, à laquelle s’ajoutent des conditions sanitaires déplorables, entraîne bientôt une prise de conscience environnementale des riverains et des conchyliculteurs. Un programme d’assainissement est mis en place sur le pourtour du bassin.
Date de publication du document :
21 déc. 2022
Date de diffusion :
13 mars 1993
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Contexte historique
ParBiologiste Marin, Ostréiculteur
Victor Coste, qui fut à l’origine de l’ostréiculture moderne, naquit à Castries (Hérault) en 1807. À la suite de la surexploitation des gisements naturels d’huîtres pour fournir une demande toujours croissance des consommateurs, ce professeur au Collège de France fut nommé en 1852 par Napoléon III à la tête d’une mission dont l’objectif était d’étudier les méthodes de captage d’huîtres sur les côtes françaises et italiennes. Les premiers essais furent menés sur les côtes atlantiques par Ferdinand de Bon, commissaire de la marine à Saint-Servan. Ce n’est que plus tardivement, après plusieurs tentatives de relance de la pêche, que la conchyliculture connut ses débuts sur les côtes méditerranéennes.
Vers 1860, les premiers essais d’ensemencement d’huîtres venues d’Angleterre, réalisés dans l’étang de Thau autour du rocher de Roquerols, ne donnèrent aucun résultat : il en fut de même sur l’ensemble des côtes méditerranéennes. En 1875, Gratien Lafitte, ostréiculteur dans la région d’Arcachon, obtint une concession pour installer des radeaux flottants dans le canal de la Bordigue à Sète et y stocker des coquillages de pêche dans des casiers superposés. Après lui, le Grand Parc de la Méditerranée y fit croître et engraisser des huîtres venant d'Arcachon et de Bretagne. En 1907, ces radeaux furent interdits dans les canaux de Sète et les secteurs situés près des lieux habités à cause des problèmes sanitaires créés par les coquillages y séjournant.
C’est donc au début du XXe siècle, dès 1911, comme le signale Guy-François Frisoni ingénieur agronome à l’IARE dans le reportage, que les premières concessions furent attribuées. Pour remplacer les radeaux flottants, quelques tables en bois portant principalement de la graine de moules fournie par des pêcheurs furent plantées dans les fonds vaseux de l’étang. Mais c’est après la première guerre mondiale que l’ostréiculture commença lentement son développement. Les pieux de bois furent remplacés par des pieux métalliques (rails de chemin de fer, tubes de forage) et à la suite des épizooties qui décimèrent l’huître plate indigène en 1950, puis l’huître portugaise en 1970, le remembrement marqua le véritable essor de la conchyliculture à Thau en octroyant un cinquième de la surface de la lagune (1300 ha) à cette activité, afin d’espacer les tables d’élevage et de permettre une meilleure circulation des eaux dans les zones concédées.
Dès le début, de nombreux essais furent tentés pour coller les huîtres avec du plâtre ou du ciment. En 1925, un entrepreneur du nom de Louis Tudesq, confectionna un collecteur pyramidal en béton armé posé sur le fond de l’étang. Les jeunes naissains s’y fixaient mais ils subirent la voracité des oursins et autres bigorneaux perceurs. On chercha alors à isoler du fond des supports en suspension plus maniables, comme les barreaux en ciment garnis d’huîtres plates (Ostrea edulis) venant d’Arcachon ou de Bretagne. On avait en effet constaté que, dans les élevages, les jeunes huîtres plates provenant de l’Atlantique étaient plus abondantes que les huîtres locales. Pierre-Joseph Bénézech détourna alors l’usage de tuteurs de vignes en bois de palétuvier imputrescible pour y coller les huîtres plates avec du ciment dans de petites alvéoles qu’il forait sur chacun des quatre cotés.
Comme le mentionne Jean-Claude Archimbeau, alors président de la Section régionale conchylicole de Méditerranée, l’emploi du nylon pour les cordes (torons) facilita grandement le travail des ostréiculteurs grâce à sa légèreté et à sa résistance dans le temps. Mais à l’heure actuelle, le ciment est toujours utilisé pour coller en chapelet, directement sur les cordes, les huîtres provenant de l’Atlantique.
L’étang de Thau fournit 10% de la production française d’huîtres : comme le dit Jacky Granaal, l’un des ostréiculteurs interviewés : l’étang est une machine à produire un aliment naturel
. Le reportage insiste sur la nécessité de préserver cette machine
en la protégeant des nuisances (pollution, malaïgue…) grâce à l’intervention de l’IFREMER qui contrôle l’état sanitaire du milieu d’élevage et à la mise en place de contrats de l’étang de Thau, signés entre divers partenaires et les collectivités locales et nationales.
Bibliographie
- Yves Fauvel, « Du Golfe du Lion à l’étang de Thau, Tribulation d’une huîtres indigène » dans Hier l'avenir, 1986, pp. 47-50. [en ligne] (Mise à jour 2022). Site internet : https://archimer.ifremer.fr/doc/00000/2468/
- Vincent Giovannoni, L’art des pêcheurs. L’instinct et la ruse. Ethnologie de la pêche aux petits métiers dans l’étang de Thau (Languedoc). Rapport final, Centre d’Ethnologie de Méditerranée, 1993.
- Pascale Legué, Jean Prou, « L’huître, un coquillage nomade sans tête ni jambe mais avec un pied » dans Techniques & Culture, n°59, 2012, pp. 284-305 [en ligne] (Mise à jour 2012). Site internet : http://journals.openedition.org/tc/6717
- Yvette Barbaza, « La conchyliculture dans l’étang de Thau » dans L’information géographique, n°20(4), 1956, pp.154 - 163.
Transcription
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