Course à la bigue à Marseillan
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Dans le port de Marseillan, la course à la bigue a lieu tous les 16 août à l’occasion de la fête votive. Ce jeu traditionnel, appelé également capelet, consiste à attraper deux chapeaux accrochés à un mât incliné enduit de suif et de savon noir, l’un à mi-distance, l’autre à son extrémité. Anciens et jeunes compétiteurs en expliquent les règles.
Date de publication du document :
21 déc. 2022
Date de diffusion :
18 août 1994
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Contexte historique
ParEthnologue, chef du service patrimoine au Département de l’Hérault
Moins connue que les joutes nautiques, la course à la bigue n’en demeure pas moins populaire. Jeu incontournable des fêtes patronales, jadis pratiqué tout autour de l’étang de Thau ou à Montpellier sur le Lez, ce périlleux exercice d’équilibre sur un mât incliné au-dessus de l’eau et copieusement graissé, continue de faire la joie du public des manifestations festives à Mèze et à Marseillan, mais également sur le littoral biterrois, au Grau d’Agde, à Sérignan ou Villeneuve-lès-Béziers. Le festival Escale à Sète l’a également inscrit à son programme.
Deux dénominations s’appliquent à ce jeu, selon que l’on s’intéresse au support : la « bigue » (de l’occitan biga, mât, poutre longue et étroite) ou au but à atteindre : lo capelet, en référence au chapeau ceint d’un ruban tricolore disposé au bout du mât (de l’occitan capelet, petit chapeau), terme dont la prononciation pose problème au présentateur comme au commentateur qui le féminise à tort.
Le reportage présente la course à la bigue organisée à Marseillan, dans le cadre de la fête locale, le 16 août 1994. À Marseillan, l’organisation du capelet prend une ampleur toute particulière, tenant une place centrale dans la fête, au point d’être devenu emblématique de la ville. Comme les animaux totémiques, il a sa légende de fondation : la première course à la bigue aurait été donnée pour divertir Louis XIII et Richelieu lors de leur passage dans la ville en 1642.
Cette singularité marseillanaise est ancienne. Un feuilleton publié en 1842 dans le Journal de Montpellier relate comment un groupe de Sétois se rend spécialement à Marseillan, un 15 ou 16 août, sur le bateau à vapeur l’Hérault, pour y assister à « l'exercice du chapeau ». Le narrateur y décrit d’abord un défilé qui, comme de nos jours, précède le jeu, avec des jeunes gens qui vont dansant avec plus de vivacité que d’élégance au son d’un hautbois et d’un tambourin. […] et faisant sauter sans façon, avec eux, des jeunes filles.
. Aujourd’hui ce défilé, comme celui qui précède les joutes, donne une solennité particulière au capelet de Marseillan, renforcée le 14 juillet par une Marseillaise chantée en chœur avant le jeu.
En 1842, les concurrents semblent nombreux puisque plus de cinq troupes se succèdent dans le défilé. L’assistance se presse également, y compris sur l’eau : mille petites nacelles chargées ou plutôt surchargées de curieux et de curieuses s’agitent sur les flots et forment un bassin circulaire, au milieu duquel doivent plonger maintes et maintes fois les concurrents.
Pour le public, le jeu est aussi divertissant que de nos jours : Sept à huit jeunes gens marchant l’un après l’autre, ou plutôt s’efforçant de marcher sur une longue poutre, recouverte d’une épaisse couche de graisse, et retombant successivement dans l’eau, l’un sur la tête, l’autre sur le dos, l’autre sur le ventre, aux grands éclats de rire de la galerie, le tout à grand renfort de hautbois et de tambourin, jusqu’à ce qu’enfin le chemin devenant peu à peu moins glissant le plus adroit, et souvent le plus heureux, parvienne à saisir ou seulement à toucher le chapeau désiré.
[1]
À Marseillan, la course à la bigue se tient chaque année en deux occasions : pour le 14 juillet et pour la fête patronale, le 16 août. Deux manches se succèdent. La première est réservée aux jeunes et la seconde aux adultes, avec chaque fois deux chapeaux à conquérir, le premier à mi-distance, le second à l’extrémité de la poutre de 17 m de longueur. Autre spécialité de Marseillan, un intermède burlesque, au cours duquel des jeunes, déguisés, remplacent sur la bigue les concurrents en costume de marin : courte irruption estivale du carnaval en pleine fête locale.
Lorsqu’un concurrent s’est emparé d’un chapeau ou du petit mât qui le soutient, l’ensemble des participants se jettent à l’eau pour le rejoindre, expression d’un vécu collectif du jeu qui dépasse la simple dimension compétitive. Le gagnant, jeune ou confirmé, pourra arborer fièrement le couvre-chef remporté au prix d’une certaine adresse à laquelle s’ajoute une bonne dose de chance. Il se verra remettre solennellement par le maire un trophée qui l’inscrira dans la longue liste des Marseillanais vainqueurs de la course à la bigue.
À Mèze, où le chapeau est parfois remplacé par un drapeau, le jeu se pratique également pour la fête locale, fin août, dans une forme plus décontractée, sans défilé, ni tenue exigée autre que celle de plage. Plus festif, il est avant tout destiné aux jeunes. À la différence de Marseillan, le capelet de Mèze est mixte, garçons et filles concourant en même temps.
[1] Journal de Montpellier, 5 mars 1842, p. 2.
Transcription
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Date de la vidéo: 27 août 2018
Durée de la vidéo: 02M 56S