Sécurité sociale : les conditions de l'équilibre
Notice
Le plan Barrot amène la Sécurité sociale à l'équilibre, mais cet équilibre est fragile et précaire. Les travaux du 8e plan font apparaître que les dépenses croissent et croîtront plus vite que les recettes.
Éclairage
Six mois avant l'élection de François Mitterrand, le journaliste fait un point de situation sur le plan de financement de Jacques Barrot, Ministre en charge de la Sécurité sociale, lancé un an plus tôt. Il note qu'aux dires du ministre le budget de la Sécurité sociale serait à l'équilibre. Dans la bouche du journaliste le mot "inattendu" pour caractériser cette situation marque à la fois la surprise et le scepticisme.
Il est vrai que ce plan, qui comporte d'une part une hausse d'un point de cotisation (sur 18 mois), et un ensemble de mesures de maîtrise de la consommation médicale et de freinage des dépenses de santé, peut assurer un certain équilibre financier, mais seulement à titre temporaire.
L'important dans la démonstration présentée est qu'en matière de protection sociale les dépenses croissent plus vite que les recettes, et on dépensera de plus en plus. Les travaux du 8ème plan sont cités à ce sujet, mais ce type de constatation est repris très régulièrement depuis 35 ans.
Dès lors se pose la terrible question du rétablissement des finances de la Sécurité sociale.
Comme l'évolution des recettes est totalement liée à celle de la richesse nationale, il faut donc agir sur les dépenses.
Les dépenses de protection sociale représentent 30 % du PIB, et ce chiffre augmente. Réduire les dépenses, s'est se faire accuser de toucher aux avantages sociaux. L'exercice de freinage des dépenses est donc extrêmement périlleux pour un gouvernement.
C'est pourtant la voie raisonnable, car la hausse des recettes a atteint ses limites : ces propos ont été tenus en 1980.
Les entreprises payent déjà plus de la moitié des recettes de la Sécurité sociale, et aggraver leur contribution pénalise mécaniquement la croissance et fait donc augmenter le chômage.