Simone Veil et la maîtrise des dépenses de santé
Notice
Pour assurer l'équilibre financier de l'Assurance maladie et face à la progression rapide des dépenses de santé, la ministre Simone Veil distingue celles « de confort » et les « indispensables ».
Éclairage
A la fin des années 1970, les régimes sociaux connaissent déjà un déséquilibre financier, les recettes ne couvrant pas les dépenses engagées. L'accroissement conséquent des dépenses de santé résulte notamment de l'évolution des méthodes de soins et l'apparition de techniques médicales particulièrement coûteuses (rein artificiel, examens sophistiqués, lits de réanimation...).
Les pouvoirs publics sont conscients qu'à défaut de réduire ces dépenses d'Assurance maladie, il faut freiner leur croissance et apprendre à la maîtriser.
Tout concourt en effet à leur augmentation, une population vieillissante entraînant des frais liés à l'âge, les progrès médicaux déjà évoqués qui bénéficient à tous les assurés quel que soit leur revenu, la création ou la modernisation de nombreux établissements hospitaliers, ou encore à l'époque l'augmentation du nombre de médecins, désignée comme un facteur de dépenses, la consommation suivant la même tendance que l'offre de soins.
S'y ajoutent les transferts nets du Régime général des salariés au profit des régimes spéciaux et autonomes, en vue de combler leurs déficits dans le cadre de la compensation démographique (rapport entre cotisants et bénéficiaires) généralisée par la loi du 24 décembre 1974, dont les montants se sont fortement accrus, compte tenu de la réduction progressive du nombre d'actifs dans certaines catégories professionnelles (voir La Compensation démographique).
Au niveau des ressources quasi-exclusivement basées sur les salaires, il est déjà évoqué la nécessité d'une croissance économique forte pour permettre une évolution de l'emploi suffisamment marquée chaque année, alors que les effectifs salariés connaissent le mouvement inverse depuis 1975, et bien sûr un relèvement des taux de cotisations, tout en soulignant les conséquences dommageables, en particulier sur la compétitivité et l'emploi, d'une augmentation des charges sociales.
En dépit du plan de redressement des finances de septembre 1976 qui a simplement permis de réduire ponctuellement le déficit par des rentrées supplémentaires de cotisations et un ralentissement des dépenses de santé, Simone Veil, Ministre de la santé et de la Sécurité sociale, est amenée dès le printemps 1977 à présenter de nouvelles mesures. Très partiellement appliquées, elles sont aussitôt suivies d'un deuxième plan Veil en décembre 1978, dont les mesures « doivent permettre de rétablir, sur des bases stables, le financement de la Sécurité sociale pour les trois prochaines années ».
En réalité dès juillet 1979 son successeur, Jacques Barrot, présente un nouveau plan nécessité par le déficit connu pour 1978 – dont la moitié vise la branche Maladie – et de ses perspectives d'évolution, évoquant l' « urgence à parer aux conséquences financières de ces évolutions qui, s'il n'y était pas porté immédiatement remède, engendreraient, dès le mois de septembre prochain, des crises de trésorerie d'une ampleur telle que le risque de cessation de paiement des prestations de l'ensemble du système ne pourraient être exclu ». Voir à ce sujet Le plan Barrot de 1979.
Et face à la persistance de ces difficultés, les réformes gouvernementales vont se succéder, jusqu'à la création des lois de financement de la Sécurité sociale en 1996 et la compétence donnée au Parlement pour se prononcer sur son équilibre financier (voir La Constitution est modifiée pour les LFSS).