Rétrospective Pierre Soulages à Pékin
Notice
A partir de 1993, Pierre Soulages amorce une série d'expositions rétrospectives en Asie. Cette archive du Journal Télévisé de France 3 montre l'accrochage et le vernissage de l'exposition qui eut lieu au Palais des Beaux-arts de Pékin en présence de l'artiste. Pierre Soulages, secondé par une interprète, présente son travail au public et dédicace des programmes.
Éclairage
Parallèlement à l'achèvement de son projet pour Sainte-Foy de Conques, Pierre Soulages amorce dès 1993 une série d'expositions rétrospectives triomphales sur le continent asiatique. Fort de la réussite de sa première exposition au Seibu Museum of Art de Tokyo en 1984, il se voit décerner en 1992 le prestigieux prix Praemium Imperiale par l'Association japonaise des beaux-arts. Ce prix, récompensant chaque année des artistes internationaux à l'œuvre accomplie, est considéré comme la plus haute distinction artistique au Japon. Ces deux évènements, combinés à l'engouement manifeste du public nippon pour l'œuvre de Pierre Soulages, ont hissé l'artiste au rang de ce que les japonais nomment “trésor national vivant”. C'est donc auréolé de cette gloire que l'artiste démarre cette tournée d'exposition en débutant par la Corée, qu'il découvre à cette occasion. Son exposition au musée national d'art contemporain de Séoul de novembre à décembre 1993 fut un véritable succès. L'année suivante, l'exposition qu'il propose au Palais des Beaux-arts chinois de Pékin connaît un retentissement sur le plan national, tant en Chine qu'en France. Ce document vidéo, extrait du journal télévisé de France 3, témoigne du déroulement de cette exposition et relate l'intérêt porté à l'échelle internationale à cet artiste français. Fortuitement, la rétrospective Pierre Soulages coïncidait avec le centenaire de Mao Tse-Tung et sa célébration par le biais d'une exposition sur la création de style réaliste socialiste chinois, seule et unique expression artistique agréée jusqu'alors par le Parti. La programmation du palais des beaux-arts chinois était donc extrêmement duelle, d'une part la proposition artistique d'un des fervents défenseurs de l'abstraction européenne, de l'autre le fleuron de l'Art réaliste chinois. Le vernissage de cette exposition a été l'occasion pour Pierre Soulages d'expliquer son travail à ce public de l'autre bout du monde et d'en recueillir les premières impressions. Il fut aussi l'occasion d'une réunion peu conventionnelle et quelque peu tendue : celle de l'intelligentsia pékinoise, des hauts gradés du pouvoir en place et de la jeunesse dissidente. Fait significatif, Pierre Soulages est le premier artistique occidental vivant à exposer en Chine. La présentation de son travail, en miroir inversé des propositions artistiques conservatrices communistes, apparaît alors comme une des premières ouvertures de la République Populaire vers l'Occident, une ouverture par l'Art et la Culture.