Rétrospective Pierre Soulages au Centre Pompidou

15 octobre 2009
01m 57s
Réf. 00034

Notice

Résumé :

Du 14 octobre 2009 au 8 mars 2010, le Centre Pompidou de Paris exposait au sein de la Galerie 1 une des plus grandes rétrospectives consacrées au travail de Pierre Soulages. Ce document montre l'artiste durant le montage de l'exposition ainsi qu'une courte interview.

Date de diffusion :
15 octobre 2009
Source :
A2 (Collection: 20 heures )
Thèmes :

Éclairage

Du 14 octobre 2009 au 8 mars 2010, le Centre Pompidou de Paris exposait au sein de la Galerie 1, une des plus grandes rétrospectives consacrées au travail de Pierre Soulages. Couronnant l'artiste comme « le plus grand peintre de la scène française actuelle », cette présentation faisait écho à deux premières expositions menées au Musée national d'art moderne en 1967, puis au Centre Pompidou en 1979, reconnaissant déjà dans Pierre Soulages une des figures majeures de l'abstraction française et internationale.

Le parcours de l'exposition de 2009 a été conçu par l'artiste et Alfred Pacquement, commissaire de l'exposition, comme une « traversée chronologique ». Pour ce projet, Pierre Soulages a su tirer parti d'une des particularités des espaces d'expositions du Centre Pompidou afin de proposer une scénographie originale. En effet, les galeries du Centre font partie des rares espaces, en France et à l'étranger, conçus comme de vastes plateaux vierges de toutes cimaises. Cette disposition des lieux permet la construction d'une nouvelle scénographie à chaque projet d'exposition.

Pierre Soulages et Alfred Parquement ont choisi d'articuler le discours de l'exposition autour de plusieurs modules scénographique successifs ; chacun d'eux s'accordant avec les différentes périodes de création de l'artiste. Le début de l'exposition a été conçu comme une présentation chronologique et didactique du travail de Pierre Soulages, de ses brous de noix des débuts aux peintures jusqu'en 1979. Pivot de cette scénographie, une pièce noire présentait ensuite de grands outrenoirs créés à partir de 1979. Ce module permettait de figurer au spectateur ce véritable passage au noir et de pousser à son paroxysme les principes de l'outrenoir ; les peintures n'étant rétro-éclairée que par le mur blanc qui leur faisait face. Après cette expérience sensorielle, le visiteur était invité a éprouver un nouveau mode d'accrochage. La présentation des œuvres post 1979, sur cimaises ou tendues dans l'espace d'exposition par des câbles, était dictée par la plasticité des œuvres et par leur réception de la lumière. Dans cette dernière salle de l'exposition, les visiteurs étaient invités à se déplacer autour des œuvres, à en appréhender leur matérialité, leur statut d'objet-peinture.

À la veille de sa 90ème année, Pierre Soulages proposait donc une exposition originale. Cependant, il semble mal accepter l‘idée d'une rétrospective sur son travail, comme si cela représentait une fin prématurée. Pour conjurer cette fin annoncée et surtout ce regard vers le passé, Pierre Soulages a inlassablement continué de développer son processus de création et proposé des toiles très récentes pour cette exposition. Son travail toujours en devenir, Pierre Soulages conserve sa qualité d'artiste dont la création reste actuelle, en perpétuel mouvement et renouvellement.

Léa Salvador

Transcription

Journaliste
Nous sommes au sixième étage du Centre Pompidou, une semaine avant l’ouverture de la rétrospective Pierre Soulages.
Alfred Pacquement
Alors là, on pensait en mettre deux parce qu’elles sont très courtes.
Journaliste
Le peintre est là, vigilant au moindre détail.
Pierre Soulages
C’est possible qu’elle soit un peu basse, celle-ci.
Journaliste
Et bien sûr, à la lumière. Cette lumière qui éclaire ses oeuvres.
Alfred Pacquement
Peut-être lui donner de la lumière.
Pierre Soulages
Moi, je trouve que ce n’est pas assez éclairé, c’est tout.
Journaliste
Eclairé comment ? Toute la peinture de Soulages est dans cette question du noir, de sa lumière et de sa matière.
Pierre Soulages
Alors, ça, c’est la salle où les peintures ne sont pas éclairées.
Journaliste
Dans la salle n°2, les oeuvres de jeunesse. 1946-1948. 60 ans plus tard, Soulages suit minutieusement les travaux d’accrochage.
Pierre Soulages
Il faut le remonter, là. C’est coupé, en haut, là.
Journaliste
Si Pierre Soulages prend tant de soin à éclairer ses toiles, c’est qu’elles s’animent sous la lumière. La toile devient source de reflets, de matière, de poésie. En fait, on n’y voit pas que du noir.
Pierre Soulages
Le pot avec lequel je peins, c’est le noir. Mais en réalité, c’est la lumière qui importe. C’est la lumière réfléchie par les états de surface du noir.
Journaliste
Ce noir, Soulages l’obtient en étalant à la lame et à la brosse cette acrylique épaisse qu’il aime malaxer. Le 24 décembre prochain, il aura 90 ans. Mais loin de lui l’idée d’abandonner l’atelier.
Pierre Soulages
Je vais vous dire la vérité, les rétrospectives, je n’aime pas. Je préfère penser à ce que je vais faire demain.
(Musique)
Journaliste
Alors demain, il va repartir vers le sud, vers Sète. Son atelier est face à la Méditerranée. Encore une fois, une histoire de lumière pour continuer cette oeuvre : celle du noir qui est sa couleur.
(Musique)