Heureux qui comme Fernandel
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Dans cet extrait de l'émission Pour le cinéma du 25 novembre 1969, l'image nous montre les préparatifs d'un tournage tandis que le commentaire off explique que nous sommes à Roussillon, dans le Vaucluse, où le réalisateur Henri Colpi dirige Fernandel dans Heureux qui comme Ulysse. Fernandel qui vient ensuite résumer l'histoire pour la caméra ; il transforme ce banal exercice en véritable récit qu'il conte avec son talent habituel. Certaines images du film viennent parfois se superposer à ses paroles. Le reportage revient ensuite sur Henri Colpi qui explique comment il dirige le comédien. Il souligne que le film permettra de découvrir « un Fernandel inhabituel ».
Date de diffusion :
25 nov. 1969
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Contexte historique
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A l'origine de Heureux qui comme Ulysse, il y a un roman... anglais ! Dans quelles circonstance l'écrivaine Marlena Frick a-t-elle eu l'idée de cette histoire on ne peut plus provençale ? Lui a-t-elle été inspirée par un séjour dans le Midi ? Mystère ! Toujours est-il que son livre paraît en 1964 sous le titre The Homecoming (mot à mot "Le retour à la maison") avec une trame et des personnages que l'on retrouvera fidèlement dans le film, de même que le ton, proche de la fable, pour évoquer la vieillesse, cet âge de la vie où les hommes et les animaux, devenus inutiles, sont remisés sans ménagement.
Il est difficile de savoir comment le réalisateur Henri Colpi a connaissance de The Homecoming (qui semble ne pas avoir été traduit en français). Mais l'important est ailleurs : quand il s'empare du roman pour l'adapter, puis le tourner à l'automne 1969, il le fait en homme du sud. Entendons-nous : Colpi, qui n'a rien d'un folkloriste, ne se revendique pas d'un cinéma régional. Avant de passer lui-même à la mise en scène, il a été un monteur recherché par les plus grands cinéastes : Resnais pour Hiroshima mon amour et L'année dernière à Marienbad, Chaplin pour La Comtesse de Hong-Kong, Clouzot pour Le Mystère Picasso, entre autres. Son premier film en tant que réalisateur, Une aussi longue absence, coécrit avec Marguerite Duras, obtient la Palme d'or en 1961. Le second, Codine, Prix du scénario à Cannes 1963, est une adaptation d'un roman de Panaït Istrati qu'il tourne en Roumanie. Néanmoins, cet homme qui, né Enrico Colpi, a grandi à Sète avec Brassens comme copain de jeu, a de profondes racines dans le Midi (C'est d'ailleurs à Sète qu'il sera enterré, non loin de Paul Valéry). Et dans une histoire qui contient presque tous les pièges du folklore provençal - Le Vaccarès et ses chevaux sauvages, Arles et ses corridas, les gens qui parlent avec l'accent, etc.. - il se montre toujours attentif à dépasser l'image d'Epinal, le charme un peu frelaté de la couleur locale, pour évoquer des sentiments plus universels : le goût de la liberté, le sens de la fidélité, l'harmonie avec la nature. L'émouvante composition de Fernandel l'y aide d'ailleurs beaucoup.
Il semble que le comédien ait beaucoup apprécié ce rôle qui le sortait d'une image un peu figée. Depuis 1952, il est en effet lié, succès oblige, à la soutane de Don Camillo pour le meilleur... et pour le moins bon ! Après Le petit monde de Don Camillo, sont venus Le retour de Don Camillo (1953), La grande bagarre de Don Camillo (1955), Don Camillo monseigneur (1961) et Don Camillo en Russie (1965). Et dans ce qu'il tourne par ailleurs au cours de cette même période, on ne trouve que des comédies où, comme dans La Cuisine au beurre, il joue essentiellement sur ses acquis. Heureux qui comme Ulysse lui permet au contraire de faire une vraie composition dramatique, de montrer l'étendue de sa palette dans le registre de l'émotion, comme il l'avait fait jadis dans Naïs et, dans une moindre mesure, dans La vache et le prisonnier, autre « road movie animalier »que l'on a parfois rapproché de cet ultime film.
Car ce sera le dernier. Déjà atteint par le cancer qui allait l'emporter en février 1971, Fernandel se plie pourtant à un tournage rendu difficile par d'incessants changements de lieu - Les Baux, Roussillon, Plan d'Orgon, Fontvieille, Montmajour, Saint-Rémy, Salins-de-Giraud, Arles... - Et se montre à son meilleur. L'archive présentée ici en porte témoignage.
Heureux qui comme Ulysse est désormais un classique apprécié du public. Il se vend toujours régulièrement en dvd, et on entend encore, de ci de là, la chanson spécialement écrite pour le film par Brassens, le copain d'enfance de Colpi. Pourtant, à sa sortie, le public l'a complètement boudé, en dépit d'un bon accueil critique. (« Une œuvre chaleureuse qui exalte l'humanisme et la nature » s'exclamait Jacques Siclier dans Télérama tandis que Samuel Lachize renchérissait dans L'Humanité : « Heureux qui comme Ulysse est peut-être l'un des meilleurs films de Fernandel, justement parce qu'il n'est pas une oeuvre qui s'intègre dans la ligne imposée des "fernandel", avec un petit f, mais au contraire l'accord parfait entre un metteur en scène, un paysage et un acteur »). Comment expliquer cet échec commercial ? Par une erreur technique de distribution ? Peut-être. Mais n'était-ce pas plutôt la déferlante soixante-huitarde qui rendait alors cette fable totalement inaudible et désuète ?
Bibliographie
JJ. Jelot-Blanc, Fernandel, quand le cinéma parlait provençal, Editions Lefeufre, 1981
Filmographie
Henri Colpi, Heureux qui comme Ulysse, 1970 (édité en dvd)
Transcription
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