Naissance du festival de Cannes
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Le Festival de Cannes a 60 ans cette année. Retour sur la toute première édition du Festival, en 1947.
Date de diffusion :
08 mai 2007
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Contexte historique
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Le premier Festival de Cannes fut empêché par la guerre. En effet, il devait se tenir du 3 au 17 septembre 1939. Il s'agissait alors de concurrencer la Mostra de Venise, devenue d'obédience fasciste dans l'Italie mussolinienne des années 1930. C'est donc à la Libération, en 1946, le 20 septembre, que s'ouvrit ce qui allait devenir le plus prestigieux des festivals de cinéma au monde. Il est déjà international, marqué par l'arrivée spectaculaire en hydravion des vedettes américaines. Au total, pas moins de quarante-neuf films en provenance de dix-neuf pays différents furent projetés, dont des chefs d'oeuvre tels que Rome, ville ouverte de Roberto Rossellini ou Les Enchaînés d'Alfred Hitchcock avec Ingrid Bergman et Cary Grant. Aucun prix ne fut décerné cette année-là pour ne fâcher personne - nous sommes au début de la guerre froide et les pressions politiques exercées notamment par la délégation soviétique sont réelles. Néanmoins, le succès est au rendez-vous et les stars aussi. Mais, en dépit du soutien des Américains et des Britanniques et bien que le nouveau Palais des Festivals soit inauguré en 1947, l'avenir du Festival est si peu assuré qu'il n'eut pas lieu en 1948. Pourtant, redémarrant l'année suivante, glissant au printemps en 1950, ayant lieu désormais la deuxième quinzaine de mai, le festival acquit rapidement son rythme de croisière. Projetant de plus en plus de films venant de pays toujours plus nombreux, il devient une véritable institution. Mieux : c'est un rituel chaque année renouvelé, avec son lot de paillettes, de starlettes et de scandales, certes, mais surtout d'authentiques découvertes artistiques. Même si l'académisme est souvent au rendez-vous, il permet de voir des films du monde entier. La palme d'or, remplaçant le Grand Prix en 1955, s'accompagne de récompenses diverses et tout aussi appréciées (prix spécial, mise en scène, interprétation, scénario, etc.), qui ont été instaurées en 1951. La sélection officielle est doublée par d'autres sélections, dont les deux plus connues sont la Semaine de la critique, créée en 1962, et la Quinzaine des réalisateurs (1970), qui s'installe dans l'ancien Palais des festivals, lorsque le nouveau, vite baptisé le "bunker", est inauguré en 1983.
Le Festival prend des dimensions considérables, alors que Robert Favre d'Arcier, délégué général du Festival de Cannes de 1952 à 1972, en prend la présidence entre 1972 et 1984. C'est la première fête mondiale du cinéma, faisant tripler la population de Cannes. Mais au-delà du show médiatique, faisant une place de plus en plus grande à la télévision (la palme est remise en direct à la télévision à partir de 1979), Cannes reste une extraordinaire vitrine. C'est là que l'on découvrit Apocalypse Now et Le Tambour (palme d'or ex æquo en 1979), Paris-Texas de Wim Wenders en 1984, Sexe, mensonges et vidéos de l'illustre inconnu de l'époque Steven Soderbergh, Rosetta des frères Dardenne en 1999 ou encore Entre les murs de Laurent Cantet en 2008. Ce ne sont que quelques exemples de véritables films d'auteur qui se sont vus décerner la récompense suprême par des jurys qui ont toujours privilégié l'audace esthétique au succès commercial. Son indéniable succès fait de Cannes le troisième évènement le plus médiatisé du monde après les Jeux Olympiques et la coupe du monde de football, malgré le poids grandissant des sponsors, des médias et des chaînes de télévision. Pourtant, le Festival de Cannes maintient le cap que s'est fixé sa figure tutélaire Gilles Jacob, délégué général du festival de 1978 à 2000 et président depuis 2001 : rester un festival qui honore la création tout en étant une fantastique plate-forme médiatique et commerciale pour le cinéma. Parallèlement au festival, se tient en effet le Marché du film, le premier au monde en importance, qui réunit producteurs, distributeurs, partenaires et chaînes de télévision du monde entier.
Bibliographie :
Pierre Billard, D'or et de Palmes, le Festival de Cannes, Paris, Découvertes Gallimard, 1997.
Emmanuel Éthis dir., Aux marches du palais, le Festival de Cannes sous le regard des sciences sociales, Paris, La Documentation française, 2001.
Loredana Latil, Le Festival de Cannes sur la scène internationale, éd. Nouveau Monde, 2005.
Transcription
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