Accord entre les salariés de Fralib à Gémenos et Unilever
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Résumé
Après trois ans de lutte et d’occupation de l’usine produisant les thés de la marque L’Eléphant, les salariés de Fralib à Gémenos sont parvenus à un accord avec le propriétaire Unilever qui vend ses installations à une coopérative qu’ils ont formée.
Date de diffusion :
27 mai 2014
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Le reportage décrit la fin d’un des conflits sociaux les plus longs et les plus emblématiques de ces dernières années. Il s’agit de la victoire des salariés de l’usine Fralib de Gémenos (Bouches du Rhône) qui ont empêché la fermeture de leur usine par le groupe Unilever, sa délocalisation hors de France et obtenu la poursuite de la production sur place par une SCOP (société coopérative de production) constituée par des anciens salariés.
Représentatif d’une forme de de lutte sociale déjà vécue ailleurs et dans d’autres entreprises (occupation d’usines pour empêcher le départ des machines, défense de l’emploi et de l’activité productive), ce conflit éclaire également la situation des derniers représentants de l’industrie agro-alimentaire dans la région marseillaise.
En 1975, la firme anglo-néerlandaise Unilever, géant mondial de l’agroalimentaire, acquiert la marque des thés l'Eléphant produite à Marseille depuis 1892 par les frères Digonnet qui avaient installé rue Camille Flammarion leur entreprise d’importation et de vente de thé d’Extrême-Orient. En 1977, Unilever intègre la marque dans sa filiale Fralib (Française d’alimentation et de boissons) qui regroupe les Thés de l’Eléphant et la SPTA Lipton, autre marque de thés et infusions acquises par Unilever. C’est le début d’une série de regroupements au sein de la firme, caractéristiques de l’évolution du capitalisme industriel de plus en plus dirigé par le capitalisme financier. En 1999, Unilever regroupe ses deux filiales Fralib et Astra-Calvé (industrie des oléagineux) dans la société Astra-Fralib et, en 2001, Astra-Fralib est elle-même fusionnée avec Amora-Maille et Bestfoods au sein d’Unilever Bestfoods. Ces regroupements, dictés par une volonté de simplification des marques commerciales détenues par le groupe, se font également en vue d’une rationalisation de la production qui se traduit par la fermeture de plusieurs usines, notamment en France et le transfert de leur production dans d’autres pays, notamment en Europe de l’Est où les coûts de main d’œuvre sont moindres.
Depuis 1998, date de la fermeture de l’usine du Havre, l’intégralité de la production de la gamme l’Eléphant (thés et infusions) était fabriquée dans l’usine de Gémenos. Le 28 septembre, Unilever annonce sa fermeture et le transfert de sa production (et des machines) en Pologne.
C’est le début de la lutte des « Fralib », des 182 salariés, menée par les syndicats CGT et CFE-CGC, convergence notable entre le syndicat ouvrier et celui de l’encadrement. Pendant 1 336 jours et nuits, comme le montre bien le reportage à travers leurs activités quotidiennes, les salariés vont occuper l’usine pour empêcher le déménagement des installations. Ils réclament le maintien de l’activité et des 182 emplois à travers une société coopérative de production (SCOP), la cession de la marque l’Eléphant et un accord de sous-traitance avec Unilever. Le conflit va également mobiliser les pouvoirs publics : on voit Arnaud Montebourg, alors ministre du Redressement productif et partisan du « produire français », saluer les salariés, et, d’autre part, la Communauté urbaine de Marseille préemptera le rachat des bâtiments de l’usine.
Trois plans sociaux successifs proposés par Unilever seront annulés par la Justice avant qu’un accord ne soit trouvé en mai 2014 avec la signature d’un accord qui, comme souvent, est un compromis entre les deux positions.
Unilever conserve la marque l’Eléphant mais cède les machines, représentant une valeur de 7 millions d’euros pour 1€ symbolique et finance la création d’une SCOP pour 2,85 millions. Au total, avec la valeur des machines et les 10 millions d’euros d’arriérés de salaires, de cotisations sociales et de primes de licenciements versées à 76 salariés indûment licenciés, l’addition s’élève à une valeur de 19 millions d’euros pour Unilever.
Pour les salariés, c’est un moment de liesse, d’émotion et de fierté que détaille le reportage, car ils ont obtenu le maintien de l’activité et de l’emploi à travers la création d’une nouvelle entreprise, la SCOP TI (pour thés et infusions) sous la marque 1336 qui rappelle le nombre de jours d’occupation de l’usine. La SCOP est constituée par 58 anciens salariés d’Unilever qui ont investi 177 000 euros et toucheront tous le même salaire.
Le redémarrage de la production a eu lieu le 13 août 2015. Outre le thé vendu sous sa marque et que plusieurs grandes enseignes se sont engagé à mettre en rayons, la SCOP TI souhaite favoriser une gamme bio de tisanes de plantes aromatiques provençales et notamment celle de tilleul à destination des enseignes spécialisées dans les produits « Nature ». Une partie de la production pourrait également être vendue sous la marque de distributeurs et l’équilibre financier atteint mi-2016.
Transcription
(Cliquez sur le texte pour positionner la vidéo)
Journaliste
Leur joie est à la mesure du temps passé, de l’obstination déployée depuis trois ans et demi.Les salariés rentrent victorieux dans leur usine.Unilever, leur ancien employeur va leur verser 19 millions d’Euros pour créer leur propre coopérative.
Omar Dahmaney
On reste ici, on est chez nous, maintenant, ici.C’est-à-dire que tout nous appartient.On est arrivés à avoir l’outil industriel, on est arrivés à avoir nos emplois conservés sur le site de Gémenos, et on n’a pas besoin d’être délocalisés nulle part.
Journaliste
A part eux, pourtant, pas grand monde ne pensait que ces machines à fabriquer du thé redémarreraient un jour.En septembre 2010, l’usine, pas assez rentable, est fermée par Unilever.76 salariés occupent le site 1336 jours durant, une lutte très organisée, très médiatisée.Trois plans sociaux retoqués par la justice, des dizaines de manifestations, et finalement, cette victoire, symbole d’une lutte sans relâche.
Olivier Leberquier
On a fait la démonstration qu’il n’y a pas de fatalité.Même une grande multinationale comme Unilever qui fait des milliards de bénéfices, qui vend tous les jours deux milliards de produits sur la planète, eh bien voilà, 76 travailleurs, pendant quatre ans, ont lutté.
Journaliste
Menacé de se voir retoquer un quatrième plan social, Unilever a fini par céder ;mais le groupe interdit toujours aux salariés d’utiliser sa marque, Eléphant, la SCOP devrait travailler pour un négociant anglais.
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