Le bilan de la journée d'action du mouvement des « gilets jaunes » en Provence
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Beaucoup d'actions ont été menées en Provence sur les péages, dans les villes ou les rond-points en cette journée du 17 novembre. Suivant l'élan national, motards, agriculteurs, transporteurs ou simples citoyens, se rejoignent dès la levée du jour pour manifester leur colère sur la baisse du pouvoir d'achat et le prix des carburants.
Date de diffusion :
17 nov. 2018
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Contexte historique
ParDocteur en Histoire contemporaine, Post-doctorant à Aix-Marseille Université
L’acte de naissance du mouvement des « gilets jaunes » est un appel lancé sur les réseaux sociaux, en vue d’organiser, le samedi 17 novembre 2018, une journée de blocage des routes et des autoroutes partout en France, dans le but de protester contre la flambée du prix des carburants. Malgré une hausse moyenne constatée sur un an de 14 % de l’essence et de 22 % du diesel, le gouvernement a annoncé une nouvelle augmentation des taxes sur les carburants pour le 1er janvier 2019, justifiée par la nécessité d’accélérer la transition écologique. Cette première journée de mobilisation s’avère un réel succès en France comme en région Provence-Alpes-Côte d’Azur et suscite d’emblée un vif intérêt des médias locaux comme nationaux. Les protestataires sont ainsi 6 000 dans le Var, 5 000 dans les Bouches-du-Rhône ou 3 000 dans le Vaucluse, répartis sur plus d’une centaine de points de blocage. L’hostilité à la fiscalité écologique punitive s’est déjà exprimée, en 2013, à travers le mouvement des bonnets rouges bretons, qui ont réclamé avec succès la non entrée en vigueur d’une écotaxe poids-lourds sur les routes nationales et départementales.
Le mouvement des « gilets jaunes » ne peut toutefois être assimilé à un refus des classes populaires de consentir à l’impôt dans un des pays les plus distributifs au monde. Le cœur de la mobilisation englobe d’ailleurs plutôt les classes populaires supérieures, les classes moyennes, voire quelques membres des classes supérieures, à l’instar de certains chefs d’entreprises. Sans renier le modèle social français, ces individus, expriment un ras-le-bol fiscal, doublé d’une revendication de meilleure répartition de l’effort contributif exigé de l’État. Cela n’empêche pas pour autant qu’affleure dans certains propos le sentiment d’être méprisés par le pouvoir en place ou une peur, même fantasmée, du déclassement social.
Ce mouvement trouve dès l’origine un fort écho dans les espaces périurbains des grandes agglomérations, sans qu’il soit bien entendu absent d’autres espaces plus éloignés des métropoles. En tout cas il n’est pas, malgré un bruit de fond médiatique persistant, une jacquerie de pauvres ruraux de province en révolte contre une élite urbanisée et mondialisée. Une volonté politique de favoriser l’accession à la propriété, des choix individuels d’installation à la campagne combinés à l’augmentation des prix de l’immobilier dans de nombreuses agglomérations ont conduit ces dernières décennies à un important étalement urbain, qui a particulièrement concerné la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Ce dernier a eu comme conséquence la déconnexion croissante entre lieu de travail et lieu d’habitation, engendrant mécaniquement un recours accru à l’automobile et un allongement croissant des distances parcourues comme du temps passé chaque jour en voiture au gré de la congestion. Dans ces conditions, la possession d’une voire de deux automobiles par ménage est devenue une condition sine qua non d’accès non seulement à l’emploi, mais aussi d’accomplissement des autres activités de la vie quotidienne. En Provence-Alpes-Côte d’Azur, les retards accumulés en terme de développement et de mise en réseau des transports publics rendent d’ailleurs cette dépendance à l’automobile encore plus conséquente.
La forme de mobilisation est originale dans la mesure où elle part des réseaux sociaux. Elle s’abstrait également résolument des partis politiques et des syndicats. D’aucuns des observateurs dénoncent d’ailleurs un mouvement populiste remettant en cause la démocratie représentative issue des élections pour lui substituer un recours plus direct à un peuple qui serait plus sage que les élites. Une des mesures phares promues par la suite par le mouvement des « gilets jaunes » sera le référendum d’initiative citoyenne (RIC). Il aurait offert la possibilité, à l’échelon local ou national, de demander la suppression d’une loi ou d’en proposer une, mais aussi de révoquer un responsable politique voire de modifier la constitution. Ce mouvement de défiance à l’égard des élites politiques est déjà ancien et s’exprime par une abstention croissante au fil des différents scrutins ou par un vote protestataire croissant en faveur des extrêmes de l’échiquier politique. Affleure enfin le sentiment que la République française demeure trop centralisée, malgré le processus de décentralisation amorcé plus de trois décennies auparavant à l’occasion de la promulgation, en 1982, des lois Defferre.
Bibliographie
- Joseph Confavreux (ed.), Le fond de l’air est jaune. Comprendre une révolte inédite, Paris, Seuil, 2019
- Gérard Noiriel, Les gilets jaunes à la lumière de l’histoire (dialogue avec Nicolas Truong), Paris, Le Monde/L’aube, 2019
- Alexis Spire, Résistances à l’impôt, attachement à l’Etat, Paris, Seuil, 2018.
Transcription
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