Danser à la folie, passionnément
Notice
Reportage consacré à la danse sportive en France, composé de portraits croisés d'amateurs de cette discipline et d'images factuelles de différentes compétitions. Certains sacrifient tout à cette discipline qui se travaille comme le patinage artistique : avec ténacité et rigueur. Dans toute la France, cent trente clubs sont habilités à présenter des candidats, lors des diverses rencontres. Des personnes de tous âges n'hésitent plus à s'inscrire au sein des associations concernées.
Éclairage
C'est aussi Camille de Rhynal, en 1909, qui créa le principe de championnat du monde de danses de couple : il les nomma alors « les danses standards ».
Voyageant énormément, après avoir déposé en France son label, il fit de même dans tous les pays du monde où il séjourna, évidemment, au sein de la grande aristocratie, et il y déposa chaque fois son brevet. C'était l'occasion de répandre son nouveau concept et de réunir progressivement de nombreux pays pour lui donner plus d'importance. C'est à cette époque que, tout naturellement, apparurent des règles, donc une technique, des figures et des pas écrits dans une méthode précise. Et ce furent donc les Français qui inventèrent autant ce qui s'appelle aujourd'hui la danse sportive, que les fondements de ce qui se nomme toujours la technique internationale.
Vers le milieu du XXe siècle, âgé et fatigué, Camille de Rhynal vendit tous ses droits à l'Angleterre qui fit beaucoup progresser cette branche, qui fait désormais partie des activités reconnues par notre ministère des sports, mais qui a, en France, beaucoup régressé ces dernières décennies, car les Français s'en sont progressivement désintéressés, compte tenu des exagérations produites par le côté sportif, qui a perdu beaucoup de son sens artistique.
Deux branches composent aujourd'hui ces compétitions : la branche des danses dites « latino-américaines » avec la samba, le paso-doble, la rumba (entendez boléro), le cha-cha-cha et le jive (entendez rock'n'roll). La branche des danses dites standards comprend la valse rapide, la valse lente, le tango, le slow fox-trot et le quick-step (entendez fox-trot rapide).
La danse sportive a suscité et suscite encore beaucoup de controverses. Il y a d'un côté les fanatiques de ces compétitions réparties, donc, sur les cinq continents. Et de l'autre côté les détracteurs qui trouvent l'ensemble, à commencer par le concept même de « danse sportive », totalement ahurissant, stupide, ridicule, démodé et même vulgaire. Le reportage montre assez bien ce qu'est cette discipline de champions : énorme travail corporel, nombre incalculable d'heures d'entraînement, technique aussi stricte que la danse classique, recherche chorégraphique continue, enrichissement inédit de mouvements venant de toutes parts et de tous styles. Sans compter les sacrifices de déplacements (certains voyagent dans le monde tous les week-ends), et les créations de costumes dignes des plus grands couturiers.
Dans le reportage, notre ami Nicolas exprime très bien le bonheur qu'il y trouve, et aussi les enrichissements qu'il y a puisés. Il explique, très honnêtement, qu'il pensait très bien danser, qu'il avait même été largement récompensé, mais à tort, parce que, avant de travailler vraiment ces danses en école, « il n'était pas en musique ». Un comble pour un bon danseur. Mais combien sont sur cette voie ?
Il est assez vrai que les compétiteurs en général, et particulièrement les Français, vivent en milieu trop fermé pour avoir le recul nécessaire pour faire avancer ces danses dans leur pays, bien que ce soit leur lieu d'origine. Que ces compétitions déplaisent à certains n'exclut en rien le fait que dans le monde entier, une très grande quantité de danseurs de compétition s'en donnent à cœur joie, et depuis plus d'un siècle. Un seul exemple : la plus grande compétition au monde se situe, tous les ans fin mai, à Blackpool, petite station balnéaire du centre-ouest de l'Angleterre.
Cette compétition s'appelle le British OPEN, c'est-à-dire qu'elle est ouverte au monde entier, à l'inverse des championnats du monde où chaque pays ne peut se faire représenter que par ses deux meilleurs couples. Cette immense compétition, composée d'amateurs et de professionnels, de juniors et d'adultes, de danseurs de danses « latino-américaines » et de danses « standard », de show-dance, de démonstrations et de formations (chorégraphies pour douze ou seize couples sur un medley musical), a eu lieu chaque année depuis 1920, avec une seule interruption durant la guerre. Elle accueille chaque fois des milliers de participants venant de plusieurs dizaines de pays du monde entier. Et pour donner un exemple, si vous souhaitez participer à la compétition de danses standards, puisqu'elle est « ouverte au monde entier », vous vous retrouverez dans un groupe de près de 1000 couples qui vont passer plusieurs fois devant les juges, et sur plusieurs jours, avant la finale.
Ne semblent subsister aujourd'hui, pour le grand public français en tout cas, et à propos de danses « sportives », que quelques compétitions diffusées sur certaines chaînes de télévision, ainsi que les shows de danse télévisés avec des vedettes, une mode elle aussi répandue dans le monde entier à partir de l'Angleterre.
Tout le monde n'apprécie pas la danse classique, et la danse contemporaine ne fait pas l'unanimité. C'est le propre de l'art. L'important n'est-il pas qu'il y en ait pour tous les goûts ?