A Strasbourg, commémoration de la Libération de l'Alsace
Notice
Le 6 Avril 1947, le général de Gaulle est à Strasbourg en compagnie de l'ambassadeur des Etats-Unis, Jefferson Caffery, afin de commémorer la libération de l'Alsace. Il est entouré par le Général de Lattre de Tassigny et par le Général Koenig.
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Éclairage
L'année 1947 voit naître la guerre froide dont les prémices sont apparues depuis au moins 1945 et l'évocation par Churchill du "rideau de fer" qui divise l'Europe. La dégradation des relations entre les deux grands vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale, les Etats-Unis et l'URSS, ne cesse de s'accentuer. Les désaccords se manifestent principalement sur l'avenir de l'Allemagne et sur la reconstruction politique de l'Europe centrale et orientale où les Etats-Unis accusent l'URSS de procéder à la soviétisation et de ne pas respecter les accords de Yalta. Depuis janvier 1947, le nouveau secrétaire d'Etat américain, le Général Marshall, symbolise une nouvelle politique, celle que présente, le 12 mars, le président américain Truman, l'endiguement ou "containment". La "doctrine Truman" annonce une aide économique et financière des Etats-Unis "aux peuples libres qui résistent à des tentatives d'asservissement".
De Gaulle, jugeant la situation internationale de plus en plus dangereuse, y voit une raison supplémentaire pour franchir le pas qu'il avait toujours refusé de faire, fonder un mouvement politique. Dans son discours de Bruneval (Normandie) le 31 mars, il en justifie l'esprit : "le jour va venir où rejetant les jeux stériles et réformant le cadre mal bâti où s'égare la nation et se disqualifie l'Etat, la masse immense des Français se rassemblera sur la France". Venu à Strasbourg à l?occasion de l'inauguration d'un monument érigé à la mémoire des soldats américains tombés en Alsace, il s'exprime le 6 avril sur l'entente franco-américaine face aux menaces d'une "tyrannie nouvelle" et le 7 avril, il annonce la formation du Rassemblement du Peuple Français qui "va promouvoir et faire triompher (. . . ) le grand effort de salut commun et la réforme profonde de l'Etat". Une fois encore, comme à Bayeux, Epinal et Bruneval, le lieu - Strasbourg - permet de faire le lien entre la Résistance, la Libération, le gaullisme de guerre et le gaullisme politique, pour la France nouvelle.
Bibliographie :
Fondation Charles de Gaulle-Université de Bordeaux 3, De Gaulle et le RPF 1947-1955, Paris, Armand Colin, 1998.