Conférence de presse du 25 mars 1959
Notice
Lors d'une conférence de presse donnée le 25 mars 1959 à l'Elysée, le général de Gaulle aborde plusieurs thèmes. Il évoque d'abord la crise de Berlin, qui exacerbe les tensions entre les Soviétiques et les Occidentaux. Il parle ensuite de l'Algérie et de son devenir, qu'il imagine se faire en association étroite avec la France. Le général en vient ensuite aux questions économiques, et souligne que malgré ce qui en est parfois dit dans les médias, la situation s'améliore constamment. Puis vient une question sur l'Alliance atlantique, à laquelle le Général répond en justifiant le retrait à l'OTAN du commandement de la flotte française de Méditerranée.
- Il n'y a qu'une seule querelle qui vaille, et cette querelle c'est celle de l'Homme.
- Il est loisible de suer le fiel ou de cracher le vinaigre, tout autant que de distribuer le lait et de répandre le miel
- Nous vivons une époque où, sur la terre, une colossale entreprise agit partout contre l'Occident,
- Il vaut mieux se dire les uns aux autres: Parlez-moi d'amour !
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Éclairage
Le début de l'année 1959 qui voit la mise en oeuvre des mesures de rigueur du plan Pinay-Rueff n' a pas été une période facile pour le général de Gaulle et ceux qui le soutiennent dans la mesure où les élections municipales des 8 et 15 mars 1959 ont enregistré le mécontentement de l'opinion qui a permis à l'opposition de remporter quelques succès. En convoquant le 25 mars 1959 une conférence de presse consacrée à la situation internationale, de Gaulle signifie en fait qu'il se situe à un autre niveau que celui des élections municipales, événement strictement électoral qui concerne les partis et dont il fait savoir qu'il ne s'en est pas mêlé. Au demeurant, il attribue les revers de la majorité au fait que la presse a mis en évidence les sacrifices demandés aux Français et non les avantages que le pays en a retiré ni les contreparties sociales accordées.
Mais le long exposé liminaire qui ouvre la conférence a trait aux pressions exercées depuis l'automne 1958 par le gouvernement soviétique sur les occidentaux concernant le statut de Berlin, dont il juge que la situation d'occupation quadripartite n'a plus de raison d'être, menaçant d'entraver la libre circulation entre Berlin-Ouest et la République fédérale d'Allemagne et de transmettre ses droits de puissance occupante aux autorités de la République démocratique allemande, contraignant ainsi les Français, les Britanniques et les Américains à reconnaître cette entité. Or le général de Gaulle prend une attitude extrêmement ferme sur ce point, épousant le point de vue de la République fédérale qu'il considère comme la seule Allemagne, avec laquelle la France a noué des liens d'amitié et qui a vocation à réunifier l'Allemagne tout entière, puisqu'il s'agit d'un Etat démocratique alors que l'Allemagne de l'Est n'existe que par la volonté soviétique et au prix d'une implacable dictature. De même rejette-t-il avec énergie la proposition soviétique de neutralisation de l'Allemagne qui découvrirait la frontière française face aux Soviétiques. Enfin, s'il n'est pas hostile à l'ouverture de négociations entre grandes puissances, il juge qu'elles seraient plus pertinentes si elles avaient pour objet d'améliorer le sort des deux tiers des habitants de la terre qui vivent dans la misère car "la seule querelle qui vaille est celle de l'homme".
La fermeté française face aux exigences soviétiques permet de ramener à sa juste mesure le retrait engagé quelques jours plus tôt de la flotte française de Méditerranée du commandement intégré de l'OTAN. Justifié par le général de Gaulle au nom des intérêts stratégiques français au Moyen-Orient, en Afrique, en mer Rouge, à Madagascar, zone non couverte par les forces de l'OTAN, il ne signifie en rien un renversement des alliances, mais un acte de souveraineté qui implique que la France puisse à la fois coopérer avec l'OTAN et gérer indépendamment de celle-ci ses propres affaires.