Discours à Epinal
Notice
Dans ce discours prononcé à Epinal en septembre 1946, le général de Gaulle, retiré du pouvoir depuis le mois de janvier, invite les électeurs à rejeter le projet de constitution présenté par l'Assemblée Constituante, qui vient d'être approuvé par l'Assemblée nationale, et qui va être soumis au peuple par voie référendaire. Le général de Gaulle, dans la lignée du discours de Bayeux, critique le régime des partis, et plaide pour une France dotée d'un Etat fort, qui puisse exister véritablement entre les Etats-Unis et l'URSS.
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Éclairage
Le discours d'Epinal, après le discours de Bayeux, constitue un des deux temps forts de l'expression des idées politiques du général de Gaulle en matière institutionnelle, dans le contexte des lendemains de la Seconde Guerre mondiale. La France, toujours dirigée en septembre 1946 par un gouvernement provisoire, est en pleine reconstruction et n'a toujours pas choisi ses nouvelles institutions, près d'un an et demi après la fin de la guerre (8 mai 1945) et presque un an après avoir élu une assemblée constituante (21 octobre 1945).
Le premier projet de constitution, présenté par référendum aux Français le 5 mai 1946 a été rejeté et une seconde Assemblée nationale a été élue le 2 juin 1946. La composition politique de cette Assemblée n'est guère différente de celle d'octobre 1945 mais le MRP est le parti le plus puissant (161 députés au lieu de 143), devant le PCF en léger recul (146 contre 148) et la SFIO en recul (115 contre 135). Les forces du tripartisme au pouvoir dominent loin devant les modérés en baisse (63) et le RGR en hausse (37).
Alors qu'il n'avait pas pris position sur le premier projet de constitution, de Gaulle, retiré du pouvoir depuis le 20 janvier 1946, prend position à Bayeux, le 16 juin puis dans diverses prises de parole dans l'été - notamment le 19 septembre - et surtout à Epinal où il se rend le 29 septembre, invité à présider les cérémonies du deuxième anniversaire de la Libération. Il espère sur le MRP qui se prétend le "parti de la fidélité" pour infléchir l'Assemblée dans le sens qu'il souhaite. Comme à Bayeux, les circonstances lui permettent de lier son action pendant la guerre et son image de libérateur et sa position face aux décisions de l'Assemblée pour l'avenir de la France. A ses yeux, la question des institutions est fondamentale car seul "un Etat juste et fort" permettra de régler les problèmes de la France dans un monde complexe et lui permettra d'assurer "son salut" et "son renouveau", deux mots majeurs du vocabulaire gaulliste.
Le MRP ne suit pas de Gaulle et contribue au contraire au succès du "oui" au référendum du 13 octobre 1946. C'est un échec pour de Gaulle et le premier pas d'une rupture avec le MRP. Dès lors, le Général fait de son combat contre les nouvelles institutions de la IVe République un thème essentiel de son action et l'amène à fonder un mouvement politique, le Rassemblement du Peuple Français, en avril 1947.
Bibliographie :
Le discours d'Epinal. "Rebâtir la République", Actes du colloque d'Epinal les 27 et 28 septembre 1996, Economica-Presses Universitaires d'Aix-Marseille.