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Voyage à Lille

23 avril 1966
06m 04s
Réf. 00254

Notice

Résumé :

Le général de Gaulle inaugure la Foire internationale de Lille. Il évoque le rôle nouveau des régions dans le développement global et l'aménagement de la France.

Type de média :
Vidéo
Date de diffusion :
23 avril 1966
Type de parole :
Conditions de tournage :
Intérieur - Public sélectionné - Tenue civile
Petite(s) phrase(s) :
Thèmes :
Lieux :

Éclairage

De 1959 à 1965, le général de Gaulle avait réalisé un gigantesque tour de France qui l'avait conduit à parcourir tous les départements du territoire. Lors de son second mandat, il poursuit de façon ponctuelle ses voyages officiels en province. Du 23 au 26 avril 1966, il se rend dans sa région natale, le Nord-Pas-de-Calais, qu'il avait déjà arpentée en septembre 1959.

Les premiers jours, le général de Gaulle reste à Lille, où il inaugure le 23 avril la 41ème Foire internationale, consacrée, cette année-là, à l'aménagement du territoire. Devant l'assemblée réunie, il dresse le bilan économique et explique quelles actions le gouvernement entreprend pour favoriser l'expansion française. Il évoque ensuite - et c'est l'extrait du discours qui a été conservé - " l'organisation administrative et économique fondée sur une base régionale ", c'est-à-dire la création, par les décrets du 14 mars 1964, des préfets de région et des CODER. Les premiers, relais entre le pouvoir central et les circonscriptions, ont un rôle différent des préfets de département, et sont plus spécialement chargés du développement économique et de l'aménagement du territoire. Les CODER (Commissions de développement économique régional) sont quant à elles chargées d'émettre des avis dans ces deux mêmes domaines de compétence.

Pour conclure son allocution, le général de Gaulle annonce l'éventualité d'une réforme des institutions de l'État afin de favoriser le développement régional, c'est-à-dire transformer les régions en collectivités territoriales de plein exercice disposant de larges pouvoirs. Trois ans plus tard, presque jour pour jour, le 27 avril 1969, les Français seront appelés aux urnes pour décider - par référendum - s'ils acceptent le projet présenté par le général de Gaulle. Le "non" l'emportera finalement et le président quittera dès lors ses fonctions.

Le reportage retrace ensuite les grands moments de la journée : la promenade dans les rues de Lille, les bains de foule, puis l'inauguration où de Gaulle est invité à couper le ruban. Accompagné de Louis Joxe (ministre chargé de la Réforme administrative), de Roger Frey (ministre de l'Intérieur), et du préfet Dumont, responsable de la région Nord-Pas-de-Calais, il visite ensuite les différents stands de la Foire internationale.

Diffusé au journal télévisé, ce reportage est commenté en direct par le journaliste de l'ORTF Charles Finalteri. Pour le général de Gaulle, la retransmission de ces voyages - qui confine au rituel - est essentielle : elle donne à voir et à ressentir la communion et l'unité entre les Français et leur président : "Au total, il se produit autour de moi, d'un bout à l'autre du territoire, une éclatante démonstration du sentiment national qui [. . .] apparaît ensuite partout grâce à la télévision." (Mémoires d'Espoir - Le Renouveau).

Aude Vassallo

Transcription

Journaliste
La première journée de la visite du Général de Gaulle dans le Nord et le Pas de Calais a été principalement marquée par le discours qu'il a prononcé à l'issue de l'inauguration de la foire de Lille. Dans ce discours, le Président de la République a pris exemple de ce qui avait été fait et de ce qui restait encore à faire dans cette région, pour définir les grandes lignes des nouvelles structures économiques et administratives de la France. Et c'est devant 800 personnes attentives, que le Général de Gaulle a déclaré, notamment à ce sujet :
Charles de Gaulle
Assurément ce qui se fait dans le Nord et dans le Pas de Calais ne peut aller en dehors de ce qui s'accomplit à l'échelle nationale. C'est pourquoi notre pays, en se donnant récemment une organisation administrative et économique fondée sur une base régionale sans renoncer, bien entendu, aux communes ni aux départements, notre pays entend que l'action nécessaire de l'Etat, de ses plans, de ses crédits, se conjuguent étroitement avec les initiatives et les ressources locales, dont le rôle est également essentiel. C'est pourquoi, le gouvernement, ses services et ses conseils, s'adapte constamment à la tâche capitale de diriger le développement global et l'aménagement d'ensemble de la France. C'est pourquoi dans l'avenir, quand l'évolution en cours en révèlera l'opportunité, nous aurons sans doute à réunir en une assemblée unique, des représentants des collectivités locales, et des activités régionales à ceux des organismes, des grands organismes économiques et sociaux du pays afin que cette assemblée délibère des questions de cette nature, avant que l'assemblée nationale, représentation politique, les tranche en votant les lois.
Journaliste
Ce passage du discours du Général de Gaulle a, bien entendu, aussitôt retenu l'attention des observateurs. Il y a là dit-on une idée force. Il y a la relance d'un problème qu'on pensait oublié : la création d'une grande assemblée d'intérêt économique. Pourtant on fait remarquer qu'il y a aussi la notion d'opportunité pour sa mise en valeur. Bref, le Général de Gaulle ouvre un sujet de réflexion sur un débat qu'il considère comme important, déterminant, pour l'expansion, l'avenir du pays. Voilà pourquoi il faut faire appel à tous les avis. Cet aspect politique évoqué, voyons maintenant comment s'est déroulée la journée du Président de la République à Lille. Le Général de Gaulle était arrivé en fin de matinée à Lille, par avion. Visite nouveau style comme on l'a dit, le Chef de l'Etat ne parcourant pas le département, mais le Président de la République, nu tête et sans imperméable, malgré la pluie qui tombait avec force, reste fidèle à ses habitudes. Il s'est dirigé vers la foule massée devant la préfecture, la foule qui l'acclamait pour serrer les mains tendues.
Foule
De Gaulle ! De Gaulle ! De Gaulle ! De Gaulle ! De Gaulle ! De Gaulle ! De Gaulle !...
Journaliste
Le Général de Gaulle, au cours de cette première journée, était accompagné de deux ministres, messieurs Joxe et Frey. Après quelques minutes passées à la préfecture, le Président de la République se rendait au palais de la foire, pour inaugurer cette foire de Lille 1966 dont le thème est précisément cette année l'aménagement du territoire.
Charles de Gaulle
Merci bien, sans quoi je ne pourrais pas entrer. Merci mademoiselle.
Inconnu
Mon Général, vous venez d'inaugurer la 41ème foire de Lille.
Journaliste
Le Chef de l'Etat visitait de nombreuses stands, s'arrêtant longuement au stand de l'aménagement du territoire, à ceux des grandes industries, des houillères, de toutes les activités économiques de cette région bien située sur le plan géographique, mais qui exige un effort important de transformation. Sur une immense carte figurent les réalisations récentes et celles qui sont en projet, un vaste programme. Le début de l'après-midi était consacré à cette visite, le Chef de l'Etat devait ensuite présider, dans un salon de la préfecture, une réunion de la conférence administrative régionale, et recevoir en audience des personnalités de la région, hommes politiques, élus locaux, chefs d'entreprise, syndicalistes. Ces audiences se poursuivront demain et lundi. Comme l'a rappelé le Général de Gaulle dans son discours, cette foire est un foyer d'émulation qui vaut à Lille la présence de beaucoup d'amis étrangers, notamment de belges, qui impriment à nos entreprises une impulsion de bon aloi. Les grandes villes du Nord étaient également représentées, ici Calais, où le maire, monsieur Vendroux, accueillait le Chef de l'Etat. Le Chef de l'Etat s'arrêtait également au stand Usinor, complexe industriel important de la région de Dunkerque, que le Général de Gaulle doit visiter lundi. La visite du Général de Gaulle, dans cette région du Nord et du Pas de Calais, doit durer 4 jours. Le Chef de l'Etat, demain, restera à Lille, lundi, il se rendra à Dunkerque et à Calais. C'était Charles [INCOMPRIS] et Jean Marquet qui vous ont parlé de Lille, sur les images de Robert Priou et Jacques Hervé, à vous Paris.