Réaction après les représailles allemandes suite aux attentats de la Résistance
Notice
Le propos gaullien est organisé en cinq temps. Tout d'abord, et quoi qu'en dise "la voix tremblante du vieillard" Pétain, l'Allemand est et demeure l'ennemi, un ennemi dont il ne faut douter ni de la "haine" ni de la "férocité". A ce titre, affirme de Gaulle, "il est absolument normal et il est absolument justifié que les Allemands soient tués par les Français" ; en tout état de cause, la destinée normale de tout soldat allemand est l'état de cadavre ou celui de prisonnier. Cela posé, le chef du Comité national français marque une nette réserve vis-à-vis de la tactique des attentats individuels ; étant donné la disproportion des forces, de tels gestes ne peuvent que déboucher sur des représailles auxquelles ils sera impossible de s'opposer et sur un affaiblissement de la résistance. Aussi de Gaulle invite-t-il à la "patience", la "préparation", la "résolution" avant de passer "tous ensemble, à l'attaque par l'extérieur et par l'intérieur" selon un vaste plan d'ensemble coordonné avec les Alliés. L'homme du 18 Juin conclut en stigmatisant les "collaborateurs de l'ennemi", c'est-à-dire "tout ce qui est de Vichy".
- Si les Allemands ne voulaient pas recevoir la mort de nos mains, ils n'avaient qu'à rester chez eux et ne pas nous faire la guerre. Tôt ou tard, d'ailleurs, ils sont tous destinés à être abattus, soit par nous, soit pas nos alliés.
- Le principal responsable du désastre militaire, de l'Armistice déshonorant, et du malheur de la France : le "Père la Défaite " de Vichy.
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Éclairage
Le 21 août 1941, le militant communiste Pierre Georges - le futur colonel Fabien - abat l'aspirant de marine allemand Moser à la station de métro Barbès, à Paris. Le 19 octobre, à Nantes, le lieutenant-colonel Hotz, Feldkommandant de la Loire-Inférieure, tombe sous les balles de Gilbert Brustlein, membre d'un commando de jeunes communistes parisiens de l'Organisation spéciale. Le 22 octobre, en représailles, les Allemands fusillent 16 otages à Nantes, 27 à Châteaubriant et 5 au mont Valérien. S'il ne revendique pas les attentats officiellement, le parti communiste français donne un large écho à l'exécution des otages et appelle à la grève générale. De son côté, Vichy, dont le secrétaire d'Etat à l'Intérieur, Pierre Pucheu, a collaboré à la désignation des otages exécutés, se garde de condamner les fusillades, mais intervient néanmoins pour éviter l'exécution de 50 autres otages. De Londres, de Gaulle perçoit l'émotion provoquée en France par ces exécutions. Le 23 octobre, il prononce un discours dans lequel il invite les Français à la "patience", la "préparation" et la "résolution". Le 11 novembre suivant, il décerne la plus haute distinction de la France libre, la Croix de la Libération, à la ville de Nantes, "ville héroïque qui, depuis le crime de la capitulation, a opposé une résistance acharnée à toute forme de collaboration avec l'ennemi".