Georges Lavaudant sur La Mort de Danton de Büchner
Notice
En 2002, Georges Lavaudant met en scène La Mort de Danton de Georg Büchner à l'Odéon - Théâtre de l'Europe. Dans un entretien avec Philippe Lefait, il souligne le travail d'historien opéré par le dramaturge ainsi que l'importance de la parole poétique. Extrait du spectacle, au cours duquel Danton prend la parole au moment de son procès.
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Éclairage
Né en 1813 et mort en 1837, Georg Büchner était un scientifique, un médecin, un révolutionnaire, un écrivain et un dramaturge allemand. Ses écrits polémiques lui ont valu d'être poursuivi par les autorités. Il est l'auteur d'une nouvelle (Lenz) et de trois pièces (La Mort de Danton, Léonce et Léna et Woyzeck). Il a par ailleurs traduit deux pièces de Victor Hugo (Lucrèce Borgia et Marie Tudor). Au-delà du romantisme et du réalisme, entre engagement et poésie, son écriture témoigne d'une grande exigence à l'égard de l'expression artistique.
Ecrite en 1835, La Mort de Danton est un drame en quatre actes. L'action a lieu au printemps 1794 et représente la fin de l'affrontement entre Danton et Robespierre. La pièce rapporte les derniers jours de Danton, depuis son arrestation jusqu'à son exécution, en passant par son procès. Danton y est décrit comme un être qui doute et qui choisit d'aller au-devant de sa mort. Hanté par les massacres de septembre 1792, il fait de nombreux cauchemars. Le drame fait se succéder rapidement les scènes et multiplie les lieux. L'écriture alterne la reprise de discours historiques et les instants lyriques.
Dans l'émission « Des mots de minuit » (France 2) du 1er mai 2002, Philippe Lefait reçoit Georges Lavaudant à l'occasion de la création de la pièce à l'Odéon - Théâtre de l'Europe. L'entretien a lieu entre les deux tours de l'élection présidentielle, tandis que les manifestations se multiplient. Georges Lavaudant met en scène le texte de Büchner dans son intégralité et dans une traduction de Jean Jourdheuil et de Jean-Louis Besson. Le spectacle dure trois heures. La scénographie et les costumes sont conçus par Jean-Pierre Vergier. La cage de scène est vide, le plateau est recouvert de gravats, les loges à l'avant-scène ont été peintes en gris. Il s'agit du dernier spectacle avant la fermeture pour travaux du théâtre national. Au-dessus de la scène est inscrite, en néons tricolores, la devise nationale : « Liberté, égalité, fraternité ». Vingt comédiens interprètent la pièce. Parmi eux, Patrick Pineau joue Danton, Gilles Arbona joue Robespierre, Frédéric Borie joue Saint-Just, Fabien Orcier joue Camille Desmoulins, Sylvie Orcier joue Julie Danton et Julie Pouillon joue Lucile Desmoulins. Entre les scènes, le rideau tombe avec un bruit de couperet de guillotine. Devant, se jouent des intermèdes représentant les images furtives du quotidien durant la Terreur. Lors des exécutions finales, une pluie de pétales de rose s'abat tandis que les personnages revêtent leur masque mortuaire.
Au cours de l'entretien, Georges Lavaudant fait remarquer, à la suite de Jean Vilar, la rareté des pièces traitant de la Révolution française (parmi elles, notons Pauvre Bitos ou le dîner de têtes de Jean Anouilh). Le metteur en scène souligne la posture d'historien endossée par le dramaturge (qui écrit à peine quarante ans après les faits) mais également le travail d'interprétation poétique réalisé sur la parole historique. L'extrait présenté est issu de l'acte III. Il montre Danton retrouvant sa célèbre éloquence lors de son procès.