Le Roman d'un Acteur, Philippe Caubère

19 juillet 1993
02m 31s
Réf. 00245

Notice

Résumé :

Philippe Caubère présente au Festival d'Avignon l'intégrale du Roman d'un Acteur, en onze spectacles. Seul en scène, l'acteur retrace la vie de son double fictif, Ferdinand Faure, incarnant des dizaines de personnages. Philippe Caubère, interviewé, évoque le long travail qui a conduit à ce spectacle, et auquel il pense devoir le succès dont il jouit auprès du public. Des spectateurs interrogés font part de leur enthousiasme.

Date de diffusion :
19 juillet 1993
Source :
A2 (Collection: JA2 20H )
Fiche CNT :

Éclairage

Philippe Caubère est né en 1950 à Marseille. Il rejoint en 1968 le Théâtre d'Essai d'Aix en Provence (TEX), puis entre en 1971 au Théâtre du Soleil d'Ariane Mnouchkine. Il joue dans les spectacles 1789, 1793 et L'Age d'or, spectacles qui connaissent un grand succès et marquent profondément le public. Il joue également le rôle de Molière dans le film d'Ariane Mnouchkine. Il quitte le Théâtre du Soleil en 1979, et, après un an à l'Atelier théâtral de Louvain, en Belgique, il se lance dans l'écriture d'un spectacle. Conçu à l'origine pour plusieurs comédiens, il en arrive progressivement à la conclusion que ce spectacle se prête plus à une performance solitaire. C'est donc seul en scène que Philippe Caubère présentera La Danse du Diable. Il crée un personnage, Ferdinand Faure, son double, à travers lequel il retrace des épisodes importants de sa vie – ses premières envies de théâtre, sa relation à sa mère, ses débuts sur les planches... En 1993, il présente une « épopée burlesque en onze épisodes » intitulée Le Roman d'un acteur à Avignon. Composée de onze spectacles créés entre 1986 et 1993, cette saga autobiographique reprend le personnage de Ferdinand, et retrace son parcours au Soleil, puis en Belgique. La première partie, « l'Age d'or », retrace le parcours de Caubère au théâtre du Soleil : Les Enfants du Soleil (1er épisode), La Fête de l'Amour (4ème épisode) et Le Triomphe de la Jalousie (5ème épisode) retracent la rencontre et l'histoire d'amour de Ferdinand et Clémence au théâtre du Soleil. Ariane ou l'Age d'or et Jours de colère (épisodes 2 et 3) retracent la création de l'Age d'Or, et Les Marches du Palais (6ème épisode), raconte la rupture entre Ferdinand et Ariane. La seconde partie, « la Belgique » retrace le parcours de Ferdinand en Belgique et l'échec du Lorenzaccio de Krejca à Avignon.

Les spectacles de Philippe Caubère s'éloignent du one-man-show, traditionnellement composés de sketches indépendants, dans lesquels sont développés des personnages différents. Ici, le texte pourrait être interprété par plusieurs acteurs, tant les personnages y sont nombreux. Caubère les interprète tous, sans nécessairement changer de costume, passant d'un personnage à l'autre avec une fluidité et une précisions impressionnantes. Véritables pièces de théâtre contées, chacun des épisodes du Roman d'un acteur est à la fois une pièce unique et indépendante et l'ensemble d'un tout qui s'inscrit dans une progression narrative. Chacun des spectacles de Caubère est également une véritable performance physique, le comédien habitant littéralement toute la scène, et chacun de ses personnages.

A travers son Roman, c'est également à une histoire du théâtre que Caubère invite le spectateur. Ce dernier peut y découvrir les dessous de la création, notamment au Théâtre du Soleil, donc le succès va grandissant depuis la création de 1789. Pour autant, l'auteur s'attache à multiplier les niveaux de lecture du spectacle. Il n'est pas nécessaire de tout connaître du théâtre du Soleil, d'Ariane Mnouchkine, ou même du théâtre en général, pour apprécier les spectacles de Philippe Caubère, qui abordent quantité d'autres thèmes – en particulier une relation houleuse avec sa mère, Claudine, personnage récurrent et haut en couleurs.

Bien que le reportage indique que l'acteur a décidé de mettre un point final à son Roman, celui-ci sera prolongé par une autre série, composée de spectacles remaniés, intitulée L'Homme qui danse, autobiographie comique et fantastique. Cette nouvelle saga en trois volets et six pièces, reprend encore une fois le parcours de Philippe Caubère à travers Ferdinand Faure, de 2000 à 2008. Cette fois, le point final est posé, puisque la série s'enrichit finalement de deux ultimes spectacles, La ficelle et La mort d'Avignon, qui composent le quatrième et dernier volet, L'épilogue.

Anaïs Bonnier

Transcription

Présentateur
La page festival maintenant. On va d’abord en Avignon pour le triomphe de Philippe Caubère, cet ancien comédien du Théâtre du Soleil qui avait été notamment le Molière d’Ariane Mnouchkine, s’est fait une spécialité d’être seul en scène. Cette fois-ci en Avignon, il présente onze spectacles différents de trois heures chacun. Pascal Deschamps, Michel Levasseur, monologue.
Journaliste
Une salle debout et qui ne veux pas partir après trois heures et demie de spectacle et c’est comme ça tous les soirs depuis douze ans. En Avignon, comme partout où Caubère a trainé son monologue à plusieurs personnages, d’abord improvisé devant ses proches avant de devenir un triomphe.
Philippe Caubère
Oui... d’abord ils sont debout peut-être parce que c’est bien aussi, qu’à force quand même que je travaille, ça finit par être bien mais enfin, je dirais, je suis pas… Je suis attachant quand même, j’ai mis plus de dix ans à faire ça, c’est beaucoup de travail.
Journaliste
Hier soir, Philippe Caubère donnait le deuxième chapitre de son roman, Ariane ou l’âge d’or ou les premiers pas laborieux d’un apprenti comédien au Théâtre du Soleil d’Ariane Mnouchkine.
Philippe Caubère
Je suis bon, moi, tu le sais. Oui, ben méfie-toi Bruno, parce qu’ici tu sais, attends c’est pas le conservatoire, ici c’est la remise en question. Chaque improvisation, tu peux être bon mais tu peux être mauvais, méfie-toi Bruno. Mais comme il est devenu, ce type… Cette espèce de petit khmer rouge, là. « Méfie-toi Bruno... je sais comment il... tu peux être bon, tu peux être mauvais... [inaudible]». Bon, s’il vous plaît, on y va. Bon écoutez j’y vais. Bon alors là j’aimerais que tout le monde regarde ça, plof, plof, plof, parce que là voilà. Ca c’est l’Odéon, ça c’est le système, ça c’est le Conservatoire. Je suis le seigneur Pantalone, et je suis à la place de [Naples] et j’ai perdu mon copain Arlequin. Je me fais du souci, tu n’es pas là Arlequin. Hé ho ! Hé ho ! Ah, non, ça c’est extraordinaire. Ah non. Tiens, regardez-le parce que ça vous ne le reverrez plus jamais.
Inconnue 1
On a vu un spectacle avec cent personnes et il était tout seul.
Journaliste
Vous l’aviez déjà vu ou c’est une découverte, là ?
Inconnue 2
Non, ça fait plein de fois qu'on le voit, on est des fans.
Journaliste
Vous êtes accros ?
Inconnu 1
On est venu que pour lui.
Journaliste
Que pour lui.
Inconnu 1
Que pour lui !
Journaliste
Accros depuis donze ans. Et vous reviendrez demain ?
Inconnus
Oui, bien sûr !
Journaliste
Aujourd’hui plus épais qu’un annuaire, Le Roman d’un acteur est devenu un best-seller. Et même si Philippe Caubère a décidé d’écrire le mot « fin » après ces onze épisodes, des centaines de milliers de fidèles attendent déjà la suite.