Le Roman d'un Acteur, Philippe Caubère
Notice
Philippe Caubère présente au Festival d'Avignon l'intégrale du Roman d'un Acteur, en onze spectacles. Seul en scène, l'acteur retrace la vie de son double fictif, Ferdinand Faure, incarnant des dizaines de personnages. Philippe Caubère, interviewé, évoque le long travail qui a conduit à ce spectacle, et auquel il pense devoir le succès dont il jouit auprès du public. Des spectateurs interrogés font part de leur enthousiasme.
Éclairage
Philippe Caubère est né en 1950 à Marseille. Il rejoint en 1968 le Théâtre d'Essai d'Aix en Provence (TEX), puis entre en 1971 au Théâtre du Soleil d'Ariane Mnouchkine. Il joue dans les spectacles 1789, 1793 et L'Age d'or, spectacles qui connaissent un grand succès et marquent profondément le public. Il joue également le rôle de Molière dans le film d'Ariane Mnouchkine. Il quitte le Théâtre du Soleil en 1979, et, après un an à l'Atelier théâtral de Louvain, en Belgique, il se lance dans l'écriture d'un spectacle. Conçu à l'origine pour plusieurs comédiens, il en arrive progressivement à la conclusion que ce spectacle se prête plus à une performance solitaire. C'est donc seul en scène que Philippe Caubère présentera La Danse du Diable. Il crée un personnage, Ferdinand Faure, son double, à travers lequel il retrace des épisodes importants de sa vie – ses premières envies de théâtre, sa relation à sa mère, ses débuts sur les planches... En 1993, il présente une « épopée burlesque en onze épisodes » intitulée Le Roman d'un acteur à Avignon. Composée de onze spectacles créés entre 1986 et 1993, cette saga autobiographique reprend le personnage de Ferdinand, et retrace son parcours au Soleil, puis en Belgique. La première partie, « l'Age d'or », retrace le parcours de Caubère au théâtre du Soleil : Les Enfants du Soleil (1er épisode), La Fête de l'Amour (4ème épisode) et Le Triomphe de la Jalousie (5ème épisode) retracent la rencontre et l'histoire d'amour de Ferdinand et Clémence au théâtre du Soleil. Ariane ou l'Age d'or et Jours de colère (épisodes 2 et 3) retracent la création de l'Age d'Or, et Les Marches du Palais (6ème épisode), raconte la rupture entre Ferdinand et Ariane. La seconde partie, « la Belgique » retrace le parcours de Ferdinand en Belgique et l'échec du Lorenzaccio de Krejca à Avignon.
Les spectacles de Philippe Caubère s'éloignent du one-man-show, traditionnellement composés de sketches indépendants, dans lesquels sont développés des personnages différents. Ici, le texte pourrait être interprété par plusieurs acteurs, tant les personnages y sont nombreux. Caubère les interprète tous, sans nécessairement changer de costume, passant d'un personnage à l'autre avec une fluidité et une précisions impressionnantes. Véritables pièces de théâtre contées, chacun des épisodes du Roman d'un acteur est à la fois une pièce unique et indépendante et l'ensemble d'un tout qui s'inscrit dans une progression narrative. Chacun des spectacles de Caubère est également une véritable performance physique, le comédien habitant littéralement toute la scène, et chacun de ses personnages.
A travers son Roman, c'est également à une histoire du théâtre que Caubère invite le spectateur. Ce dernier peut y découvrir les dessous de la création, notamment au Théâtre du Soleil, donc le succès va grandissant depuis la création de 1789. Pour autant, l'auteur s'attache à multiplier les niveaux de lecture du spectacle. Il n'est pas nécessaire de tout connaître du théâtre du Soleil, d'Ariane Mnouchkine, ou même du théâtre en général, pour apprécier les spectacles de Philippe Caubère, qui abordent quantité d'autres thèmes – en particulier une relation houleuse avec sa mère, Claudine, personnage récurrent et haut en couleurs.
Bien que le reportage indique que l'acteur a décidé de mettre un point final à son Roman, celui-ci sera prolongé par une autre série, composée de spectacles remaniés, intitulée L'Homme qui danse, autobiographie comique et fantastique. Cette nouvelle saga en trois volets et six pièces, reprend encore une fois le parcours de Philippe Caubère à travers Ferdinand Faure, de 2000 à 2008. Cette fois, le point final est posé, puisque la série s'enrichit finalement de deux ultimes spectacles, La ficelle et La mort d'Avignon, qui composent le quatrième et dernier volet, L'épilogue.