L'Aiglon d'Edmond Rostand
Notice
Un reportage sur Jacques Seyres, metteur en scène et acteur principal de L'Aiglon d'Edmond Rostand, créé au théâtre du Châtelet en 1969. Extraits de la pièce et interview.
Éclairage
L'Aiglon est un drame en six actes, écrit en alexandrins, qui raconte le destin du roi de Rome, duc de Reichstadt, dit aussi « l'Aiglon », nom sous lequel on désignait le fils de Napoléon Ier et de Marie-Louise d'Autriche et qui sera recueilli par son grand-père autrichien et éduqué comme un prince exilé en attente du pouvoir, après l'abdication de Napoléon en 1815. L'Aiglon va tenter par tous les moyens de rejoindre la France pour succéder à son père, dont le spectre héroïque vient le hanter et l'écraser par sa superbe. Mais le jeune homme n'a pas la prestance de Napoléon et les complots, ainsi qu'une santé fragile, auront raison de ses ambitions.
La pièce a originellement été créée le 15 mars 1900 au Théâtre Sarah-Bernhardt avec, dans le rôle de l'Aiglon, Sarah Bernhardt (costumée en homme) mais aussi, pour ne citer que lui, Lucien Guitry (le père de Sacha, qui prendra la direction du Théâtre de la Renaissance). Ces deux acteurs, qui ont à l'époque une renommée internationale et passionnent les foules, assurent à la pièce son succès, tant et si bien que le spectacle sera joué à New York à l'occasion des festivités organisées pour le passage du siècle.
On retrouve dans cette pièce toute la verve de Rostand, son goût pour l'épopée, et des traits communs avec ses autres célèbres personnages. Comme Cyrano, l'Aiglon est un rêveur qui voit ses illusions tomber en lambeaux et son panache s'étioler inévitablement. Mais la pièce a connu une postérité plus difficile, en grande partie à cause de son arrière-plan historique et politique, qui lui donnent un écho étonnant avec les conflits entre la France et l'Allemagne pendant les grandes guerres du XXe siècle : L'Aiglon a ainsi été interdit pendant l'Occupation avant d'être repris et de triompher comme une œuvre patriotique pendant 2 ans au Théâtre du Châtelet, au moment de la Libération (création le 6 août 1945, dans une mise en scène de Maurice Lehmann). Depuis, et c'est bien regrettable, la pièce n'a été que peu montée : une recréation par Jacques Sereys au Théâtre du Châtelet en 1969 ; Anne Delbée aux Mathurins en 1989 ; Jean Danet pour les Tréteaux de France en 1993 ; Marion Bierry au Théâtre de Trianon en 2000.