La Locandiera mise en scène par Jacques Lassalle à la Comédie-Française
Notice
En 1981, Jacques Lassalle met en scène La Locandiera de Goldoni à la Comédie-Française. Des extraits alternent avec des interviews de Jacques Lassalle et de Catherine Hiegel.
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Éclairage
Créée en janvier 1753 à Venise, La Locandiera est une pièce charnière dans l'œuvre de l'auteur dramatique vénitien Carlo Goldoni (1707-1793), résultat d'une longue réforme de sa propre écriture et du genre comique vénitien. L'intrigue demeure assez proche des fables de la Commedia dell'arte : descendus à l'auberge tenue par Mirandolina, le comte d'Albafiorita et le marquis de Forlipopoli tentent tous deux de séduire cette belle aubergiste. Mais cette dernière est intriguée par un autre de ses hôtes, le chevalier de Ripafratta, misogyne et rustre, insensible à ses charmes. Piquée au vif, elle décide de le séduire. Cependant, on observe un travail d'approfondissement des personnages, un dessin plus précis des caractères, des statuts sociaux. Goldoni s'éloigne des stéréotypes de la Commedia dell'arte, fait évoluer sur scène ses personnages, leur enlève leurs masques et tente une dramaturgie plus élaborée, des dialogues plus fins et insère une critique sociale totalement absente des schémas de la commedia dell'arte. Il réforme le théâtre pour y dire le monde. Si l'on veut oser grossièrement le parallèle entre Goldoni et les auteurs français, La Locandiera se situe entre la comédie de mœurs et la critique acérée de Molière (1622-1673) et le badinage amoureux brillant de Marivaux (1688-1763).
Dans son interview, Jacques Lassalle dit que Goldoni a voulu « réconcilier le théâtre et le monde », « réconcilier la réalité de son temps avec les formes théâtrales. » Le Théâtre et le Monde : la « renaissance » de Goldoni au XXe siècle a à voir avec ces deux « livres » dont il se réclamait, réformant l'un pour dire l'autre. Les metteurs en scène du siècle dernier ont souvent voulu que leur travail soit le lieu de rencontre du Théâtre et du Monde. Comme Giorgio Strehler, Jacques Lassalle est séduit par Goldoni, dont il souligne également la séduction (« un théâtre de l'allégresse, de la jubilation »). Ces deux termes font écho à la verve de Goldoni mais également au rythme qu'il sait donner à ses pièces, à la pulsation des mots et des corps en scène.
Jacques Lassalle est une figure fondamentale du théâtre d'art français. Avant tout metteur en scène, mais aussi auteur et acteur, il a toujours essayé de s'attacher à un lieu et une troupe, dont le Studio-Théâtre de Vitry-sur-Seine, Le Théâtre National de Strasbourg (TNS) et la Comédie-Française, en mettant en scène tant des auteurs classiques que des auteurs contemporains et vivants. Il donne aussi une grande importance à la pédagogie avec ses activités au Conservatoire National et à l'école du TNS.