La Dame de chez Maxim de Georges Feydeau
Notice
Extraits de la pièce et interviews du metteur en scène, Roger Planchon, et des acteurs Hervé Pierre (dans le rôle de Petypon) et Vanessa Guedj (dans le rôle de la Môme Crevette) pour le spectacle créé en 1998 à l'Opéra Comique.
Éclairage
La Dame de chez Maxim est sans doute l'une des pièces les plus célèbres de Feydeau, c'est aussi la plus longue de ses comédies en trois actes puisqu'il faut bien compter trois heures de représentation pour la monter en intégralité. La pièce a été créée en 1899 au théâtre des Nouveautés, dans une mise en scène de l'auteur et brille notamment grâce au personnage très charismatique et plein de vivacité de la môme Crevette (créé à l'époque par Armande Cassive, une chanteuse d'opérette), dont la gouaille et les accents parigots rappellent la verve de Madame Sans-Gêne, autre personnage haut en couleur créé quelques années plus tôt par Sardou et Moreau (voir ce document).
La pièce démarre à la manière de L'Affaire de la rue de Lourcine de Labiche (voir ce document): Petypon a trop fait la noce la veille au Maxim et, en se réveillant avec une terrible gueule de bois, découvre dans son lit la môme Crevette, une danseuse du Moulin-Rouge. Et voilà qu'arrive Mme Petypon. Comme cette dernière, très superstitieuse, croit dur comme fer aux apparitions et aux esprits, la môme Crevette, pour sauver la face du mari, lui apparaît en séraphin et lui ordonne de faire cinq fois le tour de la place de la Concorde puis d'attendre qu'un homme au pied de l'Obélisque lui délivre un message, « une parole dont il naîtra un fils qui règnera sur la France » (Acte I, sc. VIII). La Dame de chez Maxim est ainsi remplie de trucages scéniques et de quiproquos que Feydeau continuera de développer dans la suite de la pièce avec l'arrivée de nouveaux personnages et un déplacement de l'action en Touraine, où la vulgarité vestimentaire et les manières de la môme Crevette font grand effet sur les dames de province, qui y voient la dernière mode parisienne. La situation s'emballe, on se provoque en duel, on soupçonne partout des amants ou des maîtresses, on ne sait plus vraiment qui est qui, mais Feydeau parvient à un dénouement heureux : les mariages se font, les couples se rabibochent, la môme Crevette trouve un protecteur.
La Dame de chez Maxim propose un tableau des mœurs tout à fait intéressant du Paris fin de siècle en relevant de façon symptomatique les préoccupations qui agitent une bourgeoisie surtout soucieuse de bienséance et de confort, mais prête aussi à certains pas de côté pour s'offrir du plaisir. La grande réussite de la pièce tient non seulement dans la grande variété des portraits dressés par Feydeau mais aussi dans une dramaturgie d'une redoutable efficacité, où la logique des enchaînements fait passer l'absurde de la situation pour vraisemblable. En même temps, ce vaudeville est truffé d'inventions délicieuses dont Feydeau sait ménager les effets sans en abuser, notamment avec le « fauteuil extatique » acheté par le docteur Petypon, dans lequel passe un faible voltage et qui paralyse celui qui s'y trouve dès qu'on actionne un bouton. La rigueur de la composition n'empêche pas, chez Feydeau la fantaisie la plus absolue.
La pièce a été mise en scène de très nombreuses fois, parmi lesquelles on peut notamment relever celle de Jacques Charon au Palais-Royal en 1965, qui remportera un immense succès avec près de 600 représentations et où l'on trouvait la pétulante Zizi Jeanmaire dans le rôle de la môme Crevette, Pierre Mondy, Jean le Poulain et Claude Gensac. Notons aussi la mise en scène de Jean-Paul Roussillon en 1981 à la Comédie-Française, avec une distribution également prestigieuse : Annie Ducaux, Denise Gance, Claude Winter, Catherine Sami, Michel Aumont, Geneviève Casile, Michel Duchaussoy, Catherine Hiegel, Jacques Seyres, Jean Le Poulain... Et enfin signalons deux adaptations filmées, par Alexander Korda en 1933 et par Marcel Aboulker en 1950.
Voir aussi
Un extrait de la mise en scène de Jean-Paul Roussillon en 1981 à la Comédie-Française sur Ina.fr