Jean-Louis Barrault à propos du Théâtre du Rond-Point

12 mars 1981
01m 46s
Réf. 00433

Notice

Résumé :

Entretien de Jean-Louis Barrault à propos de l'ouverture prochaine du Théâtre du Rond-Point, ancien Palais des Glaces, entrecoupé d'images des travaux et du paysage environnant.

Date de diffusion :
12 mars 1981
Source :
Artistes et personnalités :

Éclairage

En 1946, Jean-Louis Barrault, acteur, metteur en scène et directeur de théâtre français, fonde avec Madeleine Renaud, la compagnie Renaud-Paris et s'installe au Théâtre Marigny où il reste pendant dix ans. C'est son premier poste en tant que directeur de théâtre. Auparavant, élève de Dullin, il se forme au mime auprès d'Etienne Decroux. De 1940 à 1946, il est pensionnaire puis sociétaire de la Comédie-Française où il joue les rôles du répertoire et met en scène Le Soulier de satin. Sa rencontre avec Claudel est, pour lui, l'une des plus fécondes, puisqu'il contribue à faire connaître son théâtre, non seulement en interprétant ses pièces mais aussi en les mettant en scène.

A partir de 1946, Jean-Louis Barrault entame donc sa carrière de directeur de théâtre. Après Marigny, il dirige l'Odéon-Théâtre de France. Il y est nommé directeur en 1959 avant d'en être chassé en 1968, après avoir ouvert les portes du théâtre à la contestation. Durant cette période, il constitue un véritable répertoire, en poursuivant assidument son activité de metteur en scène (notamment avec les pièces de Claudel dont Tête d'or). Il invite aussi des metteurs en scène comme Roger Blin qui présente tour à tour Oh les beaux jours de Beckett et Les Paravents de Genet. La pièce de Genet suscite la controverse (des partisans de l'Algérie française perturbent les représentations), elle fait scandale jusque dans les rangs de l'assemblée nationale où se fait entendre le dernier débat autour d'un événement culturel (voir ce document). Jean-Louis Barrault fait front mais ne résiste pas à la vague de contestation de mai 68, Malraux le congédie.

Il fait un bref passage à l'Elysée Montmartre, avant de s'installer dans l'ancienne gare d'Orsay en 1972, d'abord sous chapiteau puis dans une structure mobile qu'il fait construire pour l'occasion. Toutefois, en 1980, il est contraint de quitter le théâtre d'Orsay, l'ancienne gare va être restaurée pour faire place à un musée du XIXe siècle. Sur la demande de Jean-Philippe Lecat, ministre de la Culture, le Conseil général de la Ville de Paris décide de lui allouer, pour un bail de vingt ans, le Palais des Glaces, domaine municipal. Le lieu devient le Théâtre du Rond-Point aussi surnommé Théâtre Renaud-Barrault du nom de la compagnie. Grâce à la mise au point de sa structure mobile, Jean-Louis Barrault peut réinvestir les lieux plus rapidement. Les travaux sont réalisés en un temps record et la structure conçu pour le Théâtre d'Orsay entre sous la coupole du Théâtre du Rond-Point, constituant la grande salle de ce nouvel espace. Une petite salle de 190 places en sous-sol débouche sur un foyer qui permet aux animateurs d'organiser des rencontres avec les différents artistes. Le théâtre est inauguré le 24 mars 1981 avec L'Amour de l'amour, un spectacle conçu par Jean-Louis Barrault d'après des textes d'Apulée, de Molière, de Corneille et de La Fontaine, avec Lambert Wilson, Cyrille Clair et Anny Duperey.

Marie-Aude Hemmerlé

Transcription

Jean-Louis Barrault
Nous allons ouvrir fin mars. Alors pour l’instant nous avons l’impression d’être en transit. Vous savez que dans nos longues tournées, quelquefois quand on change, qu’on passe d’un continent à un autre et bien on change d’avion et on est en transit et alors, c’est l’impression qu’on a en ce moment. On n’a plus de théâtre et le prochain n’est pas encore terminé, donc on a le trac, donc on est anxieux. Si on arrive à le terminer, je crois qu’il sera bien parce que nous avons pu reconstituer l’atmosphère et je crois, j’espère, l’atmosphère que le théâtre d’Orsay avait. Et c’est la neuvième fois que nous changeons, rien que pour Paris et comme le théâtre d’Orsay était la huitième fois, nous avions eu la prudence de le faire démontable. La Rotonde du Palais des Glaces a 40 mètres de diamètre et notre théâtre avait 30 mètres de diamètre, si bien que la salle du théâtre d’Orsay peut s’inscrire dans la Rotonde. Alors on retrouvera la grande salle, une petite salle de 190 places, puis le foyer bar, enfin le foyer de rencontre auquel je tiens beaucoup, parce que c’est ça qui termine la vie du théâtre ; les 3 éléments de la grande salle, la petite salle et le foyer de rencontre. Un peu comme dans un village quand tout le monde a terminé sa journée et bien on s’est réuni sur la place du village pour parler, entre nous et faire connaissance et fraterniser. J’espère qu’on retrouvera toute cette atmosphère-là au théâtre du Rond-point. Le choix du spectacle dépend justement et correspond à l’état d’esprit dans lequel nous sommes. Nous allons ouvrir avec un spectacle intitulé L’amour de l’amour et c’est une apologie du plaisir, c’est un hymne à la vie, à l’amour de la vie.