Festival Mimos de Périgueux

05 août 1994
04m 02s
Réf. 00818

Notice

Résumé :

Créé en 1982, Mimos est l'un des plus grands festivals de Mime au monde. L'extrait présente Marcel Marceau, Étienne Decroux (par Thomas Leabhart et L'Ange Fou). La présence de Kazuo Ohno (Butô), d'artistes de la rue (Ilka Shonbein, Roland) ou de Philippe Genty (marionnettiste) montre bien la diversité contemporaine des Arts du Mime et du geste, que Mimos et son directeur Peter Bu ont contribué à imposer.

Date de diffusion :
05 août 1994
Source :
FR3 (Collection: Le Soir )

Éclairage

Le Festival Mimos se déroule tous les ans début août dans les rues, sur les places, dans les jardins, dans les parcs, dans les théâtres de la ville de Périgueux. Il est organisé par l'Odyssée, Scène Conventionnée de Périgueux pour le corps en mouvement et le Pôle Régional de ressources en Aquitaine pour le théâtre gestuel de mime.

Mimos a été créé en 1982. Ce festival est le 2ème festival de mime le plus important après celui de Londres, historiquement plus ancien. Depuis 2011, le festival porte officiellement le nom de Festival International des arts du Mime et du geste.

Depuis sa création, Mimos fut résolument tourné vers des spectacles de création contemporaine. Ne se cantonnant pas exclusivement à la pantomime traditionnelle, il s'est ouvert à de nombreux spectacles : mime contemporain, clowns et burlesques, acrobates (intégrant également des artistes du nouveau cirque), théâtre de rue, théâtre gestuel, théâtre visuel (ouvert sur les arts de la marionnette du théâtre d'objets et des nouvelles technologies), arts du mouvement (danse théâtre et danses du monde dans lesquelles la dimension gestuelle est prépondérante).

Ce festival a accompagné pour ne pas dire anticipé l'évolution du mime vers un intitulé plus large des Arts du Mime et du Geste.

Des spectacles très populaires à destination d'un large public et des nombreux touristes en visite dans la région à ce moment de l'année peuvent y côtoyer des spectacles de recherche plus exigeant. Les spectacles de théâtre de rue dans lesquelles la gestuelle est significative créent une vitrine artistique qui a pris de plus en plus d'importance au fil des années dans la vie du festival.

La dimension internationale est une caractéristique de ce festival. Elle a permis de découvrir, en plus des compagnies de recherche de l'Europe de l'Ouest, la tradition du mime et du geste des pays de l'ex-Europe de l'Est, ainsi qu'un art gestuel asiatique traditionnel ou contemporain. En 2011 par exemple, Mimos a accueilli 18 compagnies représentant 10 nationalités, 21 spectacles dont 6 inédits, 59 représentations.

Depuis de nombreuses années, Mimos s'est doté d'un festival « off » qui accueille de nombreuses jeunes compagnies. Pour celles-ci le festival off sert de tremplin pour une diffusion professionnelle.Cette partie « off » de Mimos, intitulée "Mim'off", est dotée d'un prix décerné par le public.

Le festival Mimos est très suivi par les médias nationaux voire internationaux ainsi que par les professionnels intéressés par ce genre artistique. Pendant le festival sont également organisés des expositions, des rencontres, des conférences, des ateliers et stages, pour enfants, tous publics ou professionnels.

Claire Heggen et Yves Marc

Transcription

Intervenant
C’est un art dont on parle peu, c’est un art d’où les mots sont chassés car le geste y est roi. Depuis 12 ans maintenant, la ville de Périgueux, en Dordogne, abrite le festival du mime ; un art étrange, qui dérange parfois, mais qui prospère. Pour cela, il suffit de se rendre à Mimos, qui accueille chaque année les artistes venus du monde entier. Thierry Stampfler, Loïc Le Moine, reportage sur le sens qui accompagne si bien le silence.
Journaliste
A Périgueux, ce sont parfois les spectacles de rue qui font l’évènement. Ainsi, Ilka Schönbein, jouant sur la corde raide, et entraînant tour à tour sourire complice et vraie émotion. La symbiose entre ce festival et la paisible cité périgourdine n’allait pas de soi. Décrétée capitale mondiale du mime, elle a vu ses murs vénérables parfois secoués par cet art authentiquement populaire et pourtant méconnu. Responsable de ce gentil désordre, Peter Bu est un amoureux de ce théâtre de geste que l’on croit à tort universel.
Peter Bu
Il n’est pas universel parce que les comportements ne le sont pas. Quand vous souriez dans un pays, ça ne signifie pas la même chose que quand vous souriez dans un autre. Nos attitudes, la distance que nous prenons, nos gestes n’ont pas la même signification.
(Musique)
Journaliste
Le spectacle de rue a un côté ludique presque facile. Fausse impression, il nécessite un travail intense.
(Musique)
Journaliste
En témoigne ce stage de dix jours, sous la tutelle d’un professeur de rêve, le californien, Thomas Leabhart.
(Silence)
Thomas Leabhart
Il faut enseigner cette discipline et cet art, sans tuer la passion qui vit en chaque élève. Donc, c’est un peu délicat, c’est un peu comme la cuisine, c’est un peu comme beaucoup de choses. On ne peut pas avoir les mains trop lourdes sur ça.
Journaliste
Si certains stagiaires sont néophytes, d’autres maîtrisent déjà les techniques théâtrales, comme cet élève du Conservatoire de Montréal.
Catherine
Mais c’est sûr que pour moi, ça m’alimente énormément. C’est quand je fais du mime, c’est plein d’images, c’est plein de, c’est comme une poésie ; en-dedans aussi mais qu’on peut exprimer par le corps.
Etienne Decroux
Etre dans le mime, c’est être un militant. Un militant de quelque chose. Un militant du mouvement, dans un monde qui est assis.
Journaliste
Cette voix est celle d’Etienne Decroux. La soirée d’hier était consacrée à l’œuvre de cette figure emblématique du mime.
(Musique)
Journaliste
Ce début de festival est décidemment à l’heure des grandes écoles françaises ; puisque Marcel Marceau y participe pour la toute première fois, évoquant pour nous les origines de son art.
(Musique)
Marcel Marceau
Le premier maître a été Chaplin, Keaton, ensuite, Etienne Decroux, un homme de théâtre, un grammairien, un grand grammairien. Et Jean-Louis Barrault, il ne faut pas l’oublier, on se rappelle Les enfants du Paradis . Et ensuite, j’ai été le deuxième disciple de Decroux. Et, j’ai créé le personnage de Bip, ce Pierrot du XXe siècle, avec la fleur rouge, le signe de notre vulnérabilité.
Journaliste
A Périgueux, Marceau a croisé une autre figure de légende, Kazuo Ohno, 88 ans, l’un des créateurs de la danse butô. On peut me croire complètement fou dit-il, mon corps se détériore chaque jour mais mon âme, elle, ne vieillit pas. Cet étonnant personnage aura séduit tout le monde. Mimos se poursuit à Périgueux jusqu’à mercredi. La compagnie Philippe Genty mettra alors un point final plus contemporain à cette 12ème édition.