Compagnie Hubert Jappelle, Fin de partie

Après des études aux Beaux-arts de Nancy, Hubert Jappelle s'installe en Avignon. Il y fonde, en 1959, une compagnie théâtrale et travaille parallèlement comme régisseur pour le festival ou pour les tournées du Centre dramatique national du Sud-Est. Ses recherches sur la marionnette aboutissent en 1968 à la création très originale de Fin de partie de Samuel Beckett qu'il remontera en 2003 après en avoir également donné une version pour acteurs en 1990.

L'alternance entre spectacles de comédiens et spectacles de marionnettes est une constante de son travail, tout comme la reprise de la même œuvre avec des variantes, ou le choix de textes du répertoire. N'obéissant à aucune tradition technique, il invente pour chaque mise en scène une forme épurée, parfois en deux dimensions avec des découpes de carton, toujours très graphiques, ainsi qu'un genre de manipulation minimaliste qui focalise l'attention du spectateur sur l'écoute.

Très vite son goût pour les œuvres musicales est également manifeste. Hubert Jappelle monte, entre autres, La Tragique Histoire du nécromancien Hiéronimo et de son miroir de Georges Aperghis en 1971, Les Trois Contes de l'honorable fleur de Maurice Ohana en 1978, L'Histoire du soldat d'Igor Stravinsky en 2002, Pierre et le loup de Serge Prokofiev en 2006.

Installé avec son équipe aux environs de Cergy-Pontoise en 1978, Jappelle dirige le Théâtre de l'Usine, une usine de papier désaffectée, à Éragny-sur-Oise, depuis 1980. Il y mène des actions expérimentales diverses dans les domaines de la transmission aux jeunes compagnies, de la formation de l'acteur, de l'interprétation avec marionnette, de la création ouverte sur le monde réel. Hubert Jappelle est l'auteur des Enjeux de l'interprétation théâtrale (L'Harmattan, 1997) et a enseigné dans plusieurs universités ainsi qu'au conservatoire de Cergy-Pontoise.

Outre celles de Fin de partie, les marionnettes dont il est le plasticien ont souvent marqué les esprits par leur radicalité formelle. Ce fut ainsi le cas pour Les Chaises d'Eugène Ionesco (1970), La Maison brûlée d'August Strindberg (1973), Variations sur Macbeth d'après William Shakespeare (1975) – dont l'un des personnages avait été choisi pour la couverture de la première édition de Lire le théâtre d'Anne Ubersfeld – et Le Procès de Franz Kafka (2000).