Centenaire de la naissance de Samuel Beckett
Notice
A l'occasion du centenaire de Samuel Beckett, décédé en 1989, le metteur en scène et comédien Pierre Chabert organise un festival destiné à présenter toutes les facettes de l'auteur irlandais. A travers des extraits de Fin de partie par Bernard Lévy, des Fragments de Peter Brook et des Cinq Dramaticules de la comédie Française, Pierre Chabert présente son festival d'hommage à Beckett.
Éclairage
Samuel Beckett est né le 13 Avril 1906 à Foxrock, au sud de Dublin, et mort à Paris, le 22 décembre 1989. En 1928, il est nommé lecteur d'anglais à l'ENS de la Rue d'Ulm à Paris où il rencontre James Joyce, dont il devient le secrétaire. Son premier roman, Murphy, est publié à Londres en 1938.
On rattache souvent Samuel Beckett au courant du Théâtre de l'Absurde, mais lui-même récusait cette affiliation. L'appellation « théâtre de l'Absurde » est forgée par Martin Esslin en 1962 : le théâtre de l'Absurde ne fut donc ni un mouvement ni une école. Ce nouveau théâtre basé sur la dérision découle directement de la Seconde Guerre mondiale : cette guerre, et le traumatisme de la Shoah, on causé une réaction forte des artistes. Le « théâtre de l'absurde » fait le constat de l'absurdité de la condition humaine face à l'anéantissement de tous les systèmes de valeurs anciens (notamment la religion, et la morale). Samuel Beckett a développé un style théâtral très particulier. Reposant en grande partie sur des pièces laissant une impression de vide, des pièces où il ne se passe pour ainsi dire rien, il expérimentera des formes brèves, sans paroles, très directives, relevant plus de la chorégraphie que d'une dramaturgie classique dont il s'éloigne de plus en plus. Pionnier d'un nouveau style théâtral, Beckett a inspiré nombre de dramaturges qui l'ont suivi avec plus ou moins de talent et de réussite. Il a en grande partie contribué, avec les auteurs des avant-gardes des années 50, à une libération du langage théâtral.
Pierre Chabert, qui a travaillé avec Beckett en tant que comédien – l'auteur le met en scène dans La dernière bande en 1975 – et a également mis ses pièces en scène, a organisé un festival pour le centenaire de la naissance de l'auteur irlandais. A cette occasion, il a demandé à de nombreux théâtres parisiens de s'associer à l'évènement, afin de pouvoir montrer au public l'intégralité des dix-neuf pièces de théâtre de Beckett. Ces pièces sont très variées. On trouve, bien entendu, les « grandes » pièces (En attendant Godot, Fin de Partie, Oh les beaux jours), mais aussi de nombreuses pièces courtes, prenant parfois la forme d'esquisses, presque d'exercices – notamment les Fragments de Théâtre (I et II) et les Actes sans paroles (I et II) – où Beckett stylise à l'extrême son théâtre, le réduisant au minimum, parfois simplement au mouvement.
Le reportage présente des extraits de Fin de Partie, l'une des pièces les plus connues de l'auteur, dans une mise en scène de Bernard Lévy. On y retrouve l'image désormais célèbre de Nagg et Nell, les vieillards, enfermés dans leurs poubelles, près de Hamm, cloué dans sa chaise roulante.
La Comédie-Française a également présenté un florilège de pièces courtes sous le titre Cinq Dramaticules, dans une mise en scène de Jean Dautremay.
Enfin, le reportage présente les Fragments mis en scène par Peter Brook aux Bouffes du Nord. Le metteur en scène y évoque la fascination de Beckett pour le mouvement, et le silence. Dans ce programme, Brook proposait en effet deux Actes sans paroles, petits mimes où les personnages agissent de façon mécanique, effectuant des actions futiles et répétitives, dans une illustration minimaliste du dérisoire de la vie.