Le Codex de Philippe Decouflé
Notice
Au festival d'Avignon, le "jeune chorégraphe" Philippe Decouflé présente Codex. Des extraits de répétitions, des commentaires de Decouflé, de Christophe Salengro, toujours drôle, font la pub d'un spectacle "sympathique".
Éclairage
Incontestablement, l'un des spectacles fondateurs de Philippe Decouflé ! Mais encore, l'une de ses réussites artistiques les plus jouissives. En 1986, Decouflé, tout jeune chorégraphe, commence à faire parler de lui. Depuis la création de sa compagnie quatre ans auparavant, il a déjà mis en scène huit pièces de formats variés et réalisé un film Caramba. Il a aussi décroché le premier prix et Prix du ministère au Concours de Bagnolet pour Vague Café, une petite bombe de 7 minutes pleine de culot et d'urgence. Avec Codex, d'une durée de 60 minutes, il passe à la vitesse supérieure. Six interprètes sur le plateau pour un défilé de vignettes subtilement fantaisistes inspirées par l'encyclopédie Codex Serafinianus de l'architecte italien Luigi Serafini et rhabillées merveilleusement par Philippe Guillotel. Sous l'emprise des délires rigoureux de Serafini, Decouflé fait surgir une armée de microbes à palmes, un lampadaire coiffé comme une bigouden, un homme qui chante le pied coincé dans une planche... Le tout sur des chansons d'Om Kalsoum, des musiques de Fats Domino ou des refrains traditionnels tahitiens. Tout Decouflé est déjà là (ou presque). Sa vision ludique d'un monde enchanteur, son extravagance visuelle, son désir de mettre le monde la tête en bas pour mieux le colorer à sa démesure... Son humour aussi, gouailleur, séducteur et amoureux... Créé au Holland Festival à Amsterdam, puis programmé au Festival d'Avignon, Codex tournera avec succès jusqu'en 1988. Au même moment, les noms de Dominique Bagouet, Jean-Claude Gallotta, Angelin Preljocaj, et tous ceux qui feront la nouvelle scène de la danse française, grimpent à l'affiche des théâtres.
Passé par le Centre national de danse d'Angers et l'enseignement du maître américain Alwin Nikolais (1910-1993) entre 1978 et 1981, Philippe Decouflé a fait ses apprentissages auprès du mime Isaac Alvarez dès l'âge de 13 ans, avant de se pointer sous le chapiteau d'Annie Fratellini tout en suivant des cours de danse classique et jazz. Figure de la nouvelle danse française depuis les années 80, populaire dans le meilleur sens du terme, il a su relancer son inspiration au plus près de ses désirs et de son public. Avec ses complices et amis, dont certains sont toujours présents sur scène comme Christophe Salengro pour ne citer que lui, Decouflé a auréolé la danse contemporaine des myriades d'étoiles de la grande illusion théâtrale. Lorsqu'en 1992, il illumine la planète avec sa mise en scène mirifique de la cérémonie d'ouverture des J.O d'Albertville.
Codex a fait l'objet d'une extension intitulée Decodex (1995), puis d'une nouvelle version pour le Ballet de l'Opéra de Lyon baptisée Tricodex (2004). Avec la rigueur flamboyante qui le caractérise, Philippe Decouflé a chorégraphié une quarantaine de spectacles, réalisé des films et des clips. Ses spectacles, qui tournent en général au moins deux ans – un record dans le contexte de la diffusion chorégraphique qu'il partage avec Angelin Preljocaj et José Montalvo – tiennent trois semaines à l'affiche à Paris. Parmi les interprètes et collaborateurs de premier plan de Decouflé, ceux qui ont contribué à son écriture et son style, il faut citer : Michèle Prélonge, Frédéric Werlé, Chloé Ban, Muriel Corbel, Christophe Salengro, Olivier Simola, Alexandra Naudet, Philippe Guillotel... La saveur Decouflé tient aussi à eux.