Trisha Brown et Orfeo

15 avril 1999
02m 41s
Réf. 00926

Notice

Résumé :

La chorégraphe américaine Trisha Brown et le chef René Jacobs évoquent Orfeo de Monteverdi. Des images de répétitions et des explications de Trisha Brown s'enchaînent.

Date de diffusion :
15 avril 1999
Source :
A2 (Collection: JA2 20H )

Éclairage

La courbe de travail de la chorégraphe américaine Trisha Brown (née en 1936) possède une amplitude et une richesse uniques. Performances sur les toits de New-York, pièces de danse contemporaine, mises en scènes d'opéras... Depuis les années 1960, sa progression suit une logique impeccable, limpide comme sa ligne de danse profilée. Riche de quelques 90 spectacles, son œuvre excite la curiosité tout en épatant par la rigueur de ses parti-pris artistiques. Lorsqu'elle accepte de mettre en scène Orfeo de Monteverdi en 1998, elle vit un choc émotionnel. Elle raconte : "J'étais devenue une vraie locomotive de l'abstraction. Je roulais de plus en plus vite, jusqu'au soir où j'ai improvisé sur Orfeo, de Monteverdi. Soudain, tout a basculé. J'étais emportée par la musique, le texte, la poésie".

A partir de cette expérience, elle enclenche un nouveau cycle sur des musiques classiques, assumant son désir de plaisir et de fusion danse-musique à l'ancienne. En 2009, elle chorégraphie L'Amour au théâtre, pièce pour huit interprètes sur des extraits de l'opéra Hippolyte et Aricie de Jean-Philippe Rameau. En toile de fond, un dessin épuré - traits et arcs de cercles bleus ou noirs sur fond blanc - réalisé en 2009 par Trisha Brown elle-même lors d'une performance. Deux ans après, elle enchaîne avec l'opéra Pygmalion (2010), toujours de Rameau. De ce spectacle, elle tire une pièce chorégraphique Les Yeux et l'Âme (2011). Deux femmes planent au-dessus du plateau à toute allure. Un rêve de vol et d'apesanteur signé Trisha Brown. Lorsqu'elle était adolescente, la chorégraphe raconte que son père l'emmenait chasser. De cette époque-là, elle conserve une secrète culpabilité envers les oiseaux et leur rend à sa manière dans la danse ce qu'elle leur doit.

Rosita Boisseau

Transcription

Présentateur
Au théâtre des Champs-Élysées, à Paris, représentation jusqu’à samedi soir, de L’Orfeo de Monteverdi. L’œuvre raconte l’histoire d’Orphée, inconsolable de la mort de sa belle Eurydice, qu’il ne parviendra pas à ramener des enfers. C’est la chorégraphe américaine, Trisha Brown, qui a mis en scène ce qui est considéré comme l’un des premiers chefs-d’œuvre de l’opéra ; avec une partie chantée mais aussi une partie dansée. Présentation d’Antoine Cormery et Didier Rancœur.
(Musique)
Journaliste
Ils sont chanteurs d’opéra, se sont produits sur les plus grandes scènes du monde, mais l’exercice auquel les contraint Trisha Brown sort, pour eux, un peu de l’ordinaire. Sous la férule de la grande chorégraphe américaine, ils répètent, une dernière fois, les mouvements qu’elle a imaginé pour cette œuvre à la frontière du baroque.
Trisha Brown
Je leur donne l’action qui est liée au texte et à la musique. J’essaie de réunir ces trois choses et ce n’est pas vraiment de la danse. Quelque chose entre le jeu et la danse.
Journaliste
Une danse toute en douceur, comment dire, aérienne.
(Musique)
Journaliste
Et les passages dansés succèdent aux passages chantés pour nous raconter l’histoire tragique d’Orphée ; amoureux éperdu d’une Eurydice qu’il ne parviendra pas à ramener des enfers.
(Musique)
René Jacobs
On peut dire que pendant les deux heures que ce spectacle dure, il n’y a aucun, mais vraiment aucun geste cliché de chanteur. Ce geste-là, des gestes clichés qu’on voit tout le temps à l’opéra, il n’y a pas un qu’on peut voir ici.
(Musique)
Journaliste
Considéré comme l’un des premiers chefs-d’œuvre de l’opéra, cet Orfeo de Monteverdi subit, 4 siècles après sa création, une sacrée cure de jouvence. Trisha Brown y apporte, jusqu’au moment du salut final, toute la légèreté de sa chorégraphie.
(Bruit)
Présentateur
Nous arrivons à la…