Répétition de La Belle au bois dormant de Noureev au Palais des Sports

23 janvier 1976
08m 04s
Réf. 00947

Notice

Résumé :

Très vivant reportage réalisé au Palais des Sports en janvier 1976 pendant les répétitions de La Belle au Bois Dormant dans la chorégraphie de Marius Petipa revue par Rudolf Noureev. On y découvre de larges extraits de la célèbre Valse des fleurs interprétée par le London Festival Ballet, puis Noureev en manteau et casquette de cuir intervient pour régler un problème d'éclairage. Le spectacle reprend avec la variation d'entrée de Noureev en costume du prince Florimond au second acte. On revient au premier acte avec le célèbre Adage à la Rose interprété par Eva Evdokimova en princesse Aurore entourée de quatre prétendants, et le reportage s'achève sur la seconde variation de Noureev au deuxième acte, brillant et décontracté.

Date de diffusion :
23 janvier 1976
Source :
Thèmes :

Éclairage

Premier ballet conçu en étroite relation entre Petipa et Tchaïkovski, La Belle au Bois Dormant créé au Théâtre Mariinski en 1890 tient une place importante dans la carrière de Rudolf Noureev. Il apprend et danse le rôle du prince en mars 1961, à 21 ans à peine, sur la scène même où le ballet fut crée. Il le danse pour sa dernière apparition en URSS le 28 avril, quinze jours avant de l'interpréter à Paris, à la générale du premier spectacle donné à l'Opéra de Paris par le Ballet du Kirov en mai 1961. Un mois plus tard, après l'incident du Bourget, il fait ses premiers pas d'homme libre dans La Belle au Bois Dormant avec les Ballets du Marquis de Cuevas au Théâtre des Champs Elysées où on l'acclame dans les rôles du Prince et de l'Oiseau Bleu, en alternance avec Serge Golovine. En 1966 il réalise sa première chorégraphie de La Belle au Bois Dormant pour la Scala de Milan, puis la reprend en 1972 pour le Ballet National du Canada, toujours dans les décors et costumes de Nicholas Georgiadis.

En 1971 Rudolf Noureev danse au Palais des Sports à Paris le ballet de Petipa dans la chorégraphie de Rosella Hightower, avec Margot Fonteyn et Noëlla Pontois à tour de rôle. Quatre ans plus tard il réalise une nouvelle production de La Belle au Bois Dormant pour le London Festival Ballet avec également deux Aurore en alternance, Eva Evdokimova et Patricia Ruanne. C'est cette production qui est présentée en janvier 1976 au Palais des Sports à Paris, avec les mêmes interprètes. A cette occasion la direction du Palais des Sports doit, comme l'évoque ce reportage, aménager de nouveaux dispositifs scéniques pour accueillir les monumentaux décors de Georgiadis exigés par Noureev.

La Belle au Bois Dormant est la cinquième et avant dernière chorégraphie d'après Petipa que Rudolf Noureev règle pour le Ballet de l'Opéra de Paris, en mars 1989, enrichissant encore son œuvre, avec de nouveaux décors et costumes de Nicholas Georgiadis. Elisabeth Platel et Manuel Legris en sont les créateurs.

Les ballets de Rudolf Noureev remportant toujours d'immenses succès auprès du public, La Belle au Bois Dormant passe du Palais Garnier à l'Opéra Bastille en décembre 1999 - six ans après la mort de Noureev - dans de nouveaux et grandioses décors et costumes d'Ezio Frigerio et Franca Squarciapino.

Comme toujours Rudolf y développe le rôle du prince (qui n'apparaît qu'au second acte) et lui ajoute dès son entrée deux solos de son cru, d'une grande difficulté, la première longue et lente, la seconde vive et brillante, comme on peut en juger sur ce document, conçue sur des pages moins connues de la partition.

Si Noureev considère l'acte des Ombres de La Bayadère comme le sommet de l'art de Petipa, La Belle constitue aussi pour lui un élément de première importance. Lors de la création de sa version au Palais Garnier il confie : "La Belle au Bois Dormant de Tchaïkovski et Petipa représente l'apogée du ballet classique : la danse s'y affirme comme un art majeur. L'ouvrage constitue un événement historique : après La Belle le ballet a pu attirer à lui les plus grands compositeurs qui n'ont plus hésité à travailler avec les chorégraphes" [1]. Et la liste est longue, de Stravinski à Schnittke, en passant par Prokofiev, Chostakovitch, Bartok, Falla, Milhaud, Sauguet, Poulenc, Dutilleux, Copland, Bernstein...

[1] Citation extraite du programme de l'Opéra N°29, mars 1989, pour la création de La Belle au Bois Dormant de Noureev au Palais Garnier, p.36.

René Sirvin

Transcription

(Musique)
Journaliste
Cet après-midi et ce soir, double générale donc en costume, avec tout l’orchestre, avec toute la troupe.
(Musique)
Journaliste
Pour la première fois, le Palais des Sports présente un spectacle à décors multiples réalisés par Nicholas Georgiadis, et cela grâce à une gigantesque passerelle où sont accrochés les divers dispositifs scéniques. 1000 costumes, 130 danseurs, 300 millions de francs engagés, la féerie, le rêve, le miracle de la danse.
(Musique)
Journaliste
Tout d’un coup, tout s’arrête. Alors là, c’est le grain de sable. Contrairement à la formule, le spectacle s’interrompt, le rêve s’arrête. Danseuses et danseurs qui ne peuvent laisser refroidir leurs muscles font des exercices dans leurs costumes de rêve.
(Musique)
Journaliste
Noureev, lui, voyez-vous, est curieusement vêtu. Ciré de pêcheur, casquette, bottes en caoutchouc, il essaie de comprendre.
(Musique)
Journaliste
Et le fait est que l’incident se règle, les musiciens auront un éclairage soigné et le spectacle reprend.
(Musique)
Journaliste
Noureev, prince des deux aurores, est doublement responsable de cette soirée, comme chorégraphe et comme danseur. Chorégraphe, il a respecté la version de Marius Petipa, il y a ajouté ce qu’il a appris en URSS, les éléments de la version du Kirov. C’est avec cette même Belle au bois dormant de Tchaïkovski qu’il a joué son dernier rôle avec la compagnie soviétique. C’était à l’Opéra de Paris en 1961 avant de choisir la France pour terre d’asile. C’est avec cette même Belle au bois dormant qu’il a fait ses débuts chez le Marquis de Cuevas, au Théâtre des Champs-Élysées. La Belle au bois dormant , pour Rudolf Noureev, c’est vraiment un conte de fées.
(Musique)
Journaliste
La Belle au bois dormant de Tchaïkovski jusqu’au 14 février, au Palais des Sports, Porte de Versailles.