Roméo et Juliette de Noureev au Palais Garnier

21 décembre 1991
02m 46s
Réf. 00944

Notice

Résumé :

Pour les fêtes de fin d'année 1991 le Palais Garnier reprend Roméo et Juliette de Rudolf Noureev sur la musique de Prokofiev. Dans ce reportages de brefs extraits permettent d'admirer la scène de duel Tybalt - Mercutio (Kader Belarbi en rouge et Nicolas Le Riche en jaune), la nuit d'amour de Roméo et Juliette (Manuel Legris et Elisabeth Maurin), la fastueuse scène de bal chez les Capulet, et la mort de Juliette se poignardant sur le corps de Roméo. Pendant l'entracte, brève interview des deux protagonistes.

Date de diffusion :
21 décembre 1991
Source :
A2 (Collection: JA2 20H )
Thèmes :

Éclairage

Il est difficile d'imaginer, tant il semble classique, que le ballet Roméo et Juliette est composé par Serge Prokofiev à son retour en URSS en 1934, et que cette partition commandée par le Bolchoï de Moscou est jugée impropre à la danse et refusée. Finalement Roméo et Juliette est créé en 1938 à l'Opéra de Brno en Tchécoslovaquie. Puis le Kirov de Leningrad s'y intéresse, Prokofiev retravaille sa partition et le ballet est donné en janvier 1940 dans la chorégraphie historique de Leonide Lavrovski (alors directeur du Kirov) avec Constantin Sergueiev en Roméo et Galina Oulanova en Juliette. Le Bolchoï de Moscou reprend la production en 1946, et la compagnie fait sensation à Paris en 1958 avec Galina Oulanova en Juliette et Youri Jdanov en Roméo.

Depuis cette date de nombreux chorégraphes, de Serge Lifar à Angelin Preljocaj, ont donné leur vision du ballet de Prokofiev (plus ou moins abrégées !). Après Lavrovski une autre version de référence s'est imposée : celle de Kenneth McMilan, créée à Covent Garden en février 1965 par Margot Fonteyn et Rudolf Noureev. Cette version toujours au répertoire de nombreuses compagnies, a certainement influencé Rudolf Noureev pour la chorégraphie qu'il crée en 1977 avec le London Festival Ballet. Production présentée l'année suivante au Palais des Sports à Paris par les mêmes artistes, avec Rudolf Noureev en Roméo, dans les costumes de Franca Squarciapino et les décors d'Ezio Frigerio.

La chorégraphie de Noureev laisse déjà percevoir toute la vitalité et la jeunesse qu'il insuffle au drame de Shakespeare dans les scènes de liesse populaire ou les combats de rue entre partisans des Capulet et des Montaigu. Noureev révise sa chorégraphie pour le Ballet de la Scala de Milan en 1980, et l'adapte avec grand succès pour le Ballet de l'Opéra de Paris en octobre 1984, dans les somptueux décors et costumes d'Ezio Frigerio et Mauro Pagano.

Totalement maîtrisée, la chorégraphie néo-classique originale de Noureev montre sa richesse d'invention dans les scènes de foule sur la place publique, avec interventions d'acrobates, ballet de porte-drapeaux et mimiques truculentes, et un réalisme dans les combats entre les bandes des Capulet et des Montaigu, digne des affrontements des Jets et des Sharks dans West Side Story de Robbins, bâti sur le même drame de Shakespeare . Le chorégraphe traite aussi avec humanité le drame des familles meurtries par le deuil, ainsi que la passion qui unit les deux amants jusque dans la mort. Lyrisme, violence et humour sont présents dans le ballet comme dans le théâtre de Shakespeare. Avec cette version la plus complète du ballet de Prokofiev - elle comprend notamment les scènes de l'assassinat de Frère Jean et du rêve de Roméo en exil - Noureev prouve une fois de plus la complexité de ses chorégraphies d'une grande difficulté technique.

Son contrat n'ayant pas été renouvelé, Noureev n'est plus directeur de la Danse à l'Opéra de Paris - remplacé par Patrick Dupond - quand il vient superviser cette reprise de Roméo et Juliette en décembre 1991 au Palais Garnier. C'est alors qu'il remarque un simple Sujet, Nicolas Le Riche, 19 ans, et outre le rôle de Mercutio (on peut le voir sur ce document, dans son duel avec Tybalt), il le trouve tellement doué qu'il l'impose également dans le rôle vedette de Roméo que le jeune danseur doit apprendre en quelques jours! Nicolas Le Riche est donc le dernier des danseurs de l'Opéra propulsé au premier rang par Rudolf Noureev.

C'est également Noureev qui nomma étoiles Manuel Legris en 1986 sur la scène du Met de New York, et Elisabeth Maurin pendant le tournage de son Casse-Noisette en 1988 à Bry-sur-Marne.

René Sirvin

Transcription

Présentateur
Avant de rendre l’antenne, nous avons rendez-vous avec le couple le plus célèbre de l’histoire, Roméo et Juliette sur la scène de l’Opéra Garnier à Paris. Sur une musique de Prokofiev et une chorégraphie de Rudolf Noureev, nous allons revivre le drame des deux amants de Vérone. Pour servir ces personnages mythiques, deux danseurs étoiles de l’opéra, Manuel Legris et Elisabeth Maurin. Michel Strulovici et Jean-François Chevais sont sous le charme de cette comédie qui est à la fois sensuelle, colorée et extrêmement violente. Regardez.
Journaliste
Affrontement entre les deux grandes familles de Vérone, Montaigu en vert contre Capulet en rouge.
(Musique)
Journaliste
Des jeunes gens, deux bandes des quartiers chics en plein combat. Clin d’œil du chorégraphe Noureev à West Side Story .
(Musique)
Journaliste
Mais l’amour se moque des haines familiales, la passion emporte Roméo Montaigu et Juliette Capulet.
(Musique)
Journaliste
Grâce parfaite de ces danseurs étoiles.
Manuel Legris
On ne danse jamais tous les soirs pareil. Selon les regards, selon l’interprétation de ma partenaire, bon je…
Elisabeth Maurin
Ce qui est aussi extraordinaire, c’est de pouvoir se servir d’un langage qui est celui de la danse pour passer ses sentiments. Comme un comédien le ferait avec la voix, nous le faisons avec le geste et c’est quelque chose qui force à sortir de soi complètement et, c’est, j’aime ça !
(Musique)
Journaliste
La grande fresque colorée se termine au tombeau.
(Musique)
Journaliste
Les deux amants vont payer de leur vie leur amour interdit.
(Musique)
Présentateur
À voir jusqu’au 31 décembre prochain, à l’Opéra Garnier, à Paris.