Baru et la piscine de Micheville
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Résumé
Le bédéaste Baru présente sa bande-dessinée La piscine de Micheville sur le site même de cette piscine, située près des aciéries et des laminoirs de l'usine de Micheville à Villerupt.
L'occasion pour l'auteur d'y évoquer ses souvenirs d'adolescent.
Date de publication du document :
Février 2022
Date de diffusion :
24 mai 1985
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Contexte historique
ParMaître de conférences en Sciences de l'information et de la communication, Crem, Université de Lorraine
Hervé Barulea dit Baru a tracé son chemin artistique sans jamais avoir vraiment quitté son paysage d’origine, les cités ouvrières lorraines des années 1950. Un décor d’aventures joyeuses et dramatiques, de fictions et de souvenirs reconstitués dans un territoire délimité par les communes de Thil, où il est né le 29 juillet 1947, d’Audun-Le-Tiche et de Villerupt qui comprend Micheville et ses aciéries pouvant employer 4 500 personnes jusqu’à leur fermeture par Wendel en 1971.
Dans ses premiers récits jusqu’au plus récent (Bella Ciao, 2020), il peint la saga des immigrés italiens installés dans l’Est de la France comme une manière de réparer un sentiment d’injustice, d’humiliation et d’apaiser une colère, vestiges floutés de son enfance qu’il sublime en roman dessiné. Il y a quelque chose de l’ordre du dépaysement permanent dans son travail de mémoire culturelle et de lutte des classes. Car Baru accorde une grande valeur au travail, qu’il soit manuel ou intellectuel. Il est fréquent de le voir s’arrêter pour observer au bord des routes les chantiers et les ouvriers à l’œuvre, pour qui il éprouve une réelle et non romantique affection. Et ses années d’enseignant à l'École supérieure d'Art de Lorraine de Metz participent de cette même éthique du regard et du souci de la transmission : amener les étudiants à partir d’une observation attentive à se montrer éveillés à leur environnement immédiat. Au fond, ses albums ne sont rien de moins que la concrétisation artisanale de ces liens dynamiques qui traitent du passé pour penser le présent. Sinon comment comprendre son souci de repenser les mêmes thématiques comme on revient sur le métier : la jeunesse laborieuse issue de l’immigration (surtout italienne) en peine lorsqu’il s’agit, pour elle, d’affirmer sa propre identité et de se réconcilier avec un corps ou avec ce que Pierre Bourdieu désignait par sa perception déterminée par la classe sociale, ici ouvrière. Les personnages de Baru fréquentent peu les théâtres et les musées. Ils n’en ont sans doute pas le temps nécessaire. On ne les a surtout jamais ouverts à cela. Alors, ils « draguent » plus qu’ils ne courtisent comme on disait à l’époque, ils se battent, pratiquent un sport (football ou boxe) et écoutent de la musique américaine, suffisamment fort pour qu’elle s’entende au-delà des limites des cités. Surtout, après une journée de travail ou d’école, ils se détendaient dans l’eau de cette piscine de Micheville chauffée grâce au gaz du haut-fourneau, construite en 1936 et située près de l'aciérie et des laminoirs pour montrer leurs bonnes gueules et leurs corps robustes plutôt que de se perdre en paroles. A l’époque, l’usine encourageait la pratique d’activité sportives en plein air en offrant aux familles des ouvriers un accès gratuit à cet établissement de bains-douches au fronton Art Déco aujourd’hui transformé en salle polyvalente.
Chaque album de Baru est l’expression flamboyante, pleine, excessive et par-dessus tout, parfaitement bien documentée des chroniques d’une jeunesse ouvrière marquée par un territoire et ses origines dont au fond ils ne savent que faire ou selon les circonstances s’en revendiquent fièrement ou s’en émancipent avec rage. Le reportage de France 3 consacré à La Piscine de Micheville est illustré par une bande musicale composée par Nino Rota pour La Strada de Federico Fellini (1954), lequel a réalisé quelques années plus tard Amarcord (1973) qui signifie « Je me souviens » en dialecte romagnol, une communauté fort bien représentée dans le Pays Haut. A l’instar du Maestro, Baru malmène ses souvenirs, il en fait des boucles, les tord comme des tortellini et les plonge dans un bouillon.
Baru est l’auteur d’une œuvre magistrale distinguée en 2010 par le Grand prix de la ville d'Angoulême de près de trente livres dont les remarquables et remarqués Cours, Camarade ! (1988), Le Chemin de l'Amérique (1990), Les Années Spoutnik (4 tomes de 1999 à 2003), L'Enragé (2 tomes de 2004 à 2006) et Bella Ciao (2 tomes 2020 et 2021).
Bibliographie
- Pierre Bourdieu, La Distinction: Critique sociale du jugement, Paris, Les éditions de Minuit, 1979.
- Jean-Luc Muller (réalisateur), Génération Baru, [documentaire], Oxygène Production, 53 mn, 2009.
Transcription
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