Gérard Dalstein, l'encyclopédiste de la sidérurgie
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Poète récompensé par plusieurs grands prix, Gérard Dalstein est aussi auteur d'une série de livres sur la sidérurgie pour lesquels il a opéré un véritable travail d'encyclopédiste. Rencontre avec un passionné du monde du fer qui le dessine dans ses moindres détails.
Date de publication du document :
Février 2022
Date de diffusion :
13 déc. 2011
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Contexte historique
ParJournaliste
Le reportage est un portrait de Gérard Dalstein. Il est présenté comme un « excellent homme » au sens « d’honnête homme » du XVIIIe siècle. Il est né en 1948 dans une famille de mineurs et de sidérurgistes. Après des études de philosophie, il est d’abord enseignant dans le bassin de Longwy puis fonctionnaire préfectoral à Nancy.
Enfant, il visite avec son grand-père mineur, la mine de fer de Saulnes puis avec un cousin fondeur il assiste à une coulée de haut-fourneau. Ce baptême du feu le marque profondément. Dans un entretien réalisé en 2016 avec le journaliste Sébastien Bonetti il évoque la charge symbolique que revêt l’apparition de la fonte en fusion :
Quand on est un peu réceptif, on s’aperçoit de la beauté d’un haut-fourneau en fonctionnement. Son débouchage est un moment de tension extrême, quasi-religieux, d’une puissance folle.
Témoin de l’inexorable disparition des mines et de la sidérurgie lorraine, Gérard Dalstein n’aura de cesse d’œuvrer pour la conservation de cette mémoire industrielle en voie d’extinction. « Des mémoires » serait plus juste car l’histoire du fer est certes celle des techniques d’exploitation et de transformation de la minette lorraine mais aussi celle des hommes et des cultures forgées au fond des galeries obscures et à la gueule brûlante des convertisseurs.
Dans ce reportage, le journaliste Dominique Petitcolas le présente comme un encyclopédiste en référence à Diderot et d’Alembert. Il est l’auteur de trois ouvrages intitulés Les chantiers du fer. Depuis l’extraction du minerai jusqu’à sa transformation. Dessinateur de talent, il reproduit à l’encre de chine les techniques et les machines avec une précision extrême. Mais là où l’honnête homme du XVIIIe siècle devait composer avec les puissants et ne point laisser libre cours à ses passions, Gérard Dalstein se plaît à ne rentrer dans aucune case. Historien, poète, philosophe, artiste, ingénieur et géomètre autodidacte, archéologue, arpenteur de friches industrielles… il est tout cela en même temps. Homme cultivé et polyvalent il produit une œuvre mémorielle féconde qui le place d’emblée en pays fertile
selon l’expression empruntée au peintre Paul Klee.
Dénicher la beauté sur un carreau de mine ou au cœur d’une usine n’exige pas de prédispositions particulières mais un lâcher prise, accepter de se laisser envahir par les émotions. L’irruption de la beauté dans un paysage industriel prend à nouveau une dimension religieuse, c’est une épiphanie. Gérard Dalstein mobilise la puissance évocatrice de la poésie, seule capable de capter et de partager les émotions fugaces ressenties sur le terrain. Mais ne nous y trompons pas. Il n’est pas question ici d’un regard naïf ou de sensiblerie bon marché. Il convient aussi de déceler dans les spectaculaires étincelles de graphite d’une coulée de fonte une dimension tragique, le dilemme de l’homme du fer ainsi résumé par Marcel Donati, lamineur à l’usine de la Providence de Réhon et poète révolté :
Comment peut-on aimer autant un métier qui vous tue un peu plus chaque jour ?
Gérard Dalstein est aussi un homme en colère. En colère face à la violence exercée contre le monde ouvrier de la Lorraine du fer. Une liquidation sans état d’âme qu’il évoque dans son entretien avec Sébastien Bonetti :
La mémoire des ouvriers, populaire, on s’en fout. Or c’est bien elle qui a construit la richesse de notre pays. Les gens ne passaient pas leur vie sur un siège ! J’y vois une profonde injustice, un mépris de classe, de la part des littéraires également, qui, lorsque je nourris mes poèmes de cette histoire sidérurgique, me font ressentir que la poésie devrait s’arrêter aux oiseaux, et pas s’intéresser aux travailleurs
Témoins d’une histoire brisée, certains hommes sont travaillés par la nécessité d’en recueillir les fragments et d’œuvrer pour la transmission de ce bien commun aux générations futures. Gérard Dalstein est de ceux-là. En témoignent le sauvetage de la soufflante du haut-fourneau de Rombas datant de 1898. Vouée à la destruction elle est désormais exposée au musée de l’énergie industrielle du Luxembourg ainsi que la maquette réalisée par ses soins du haut-fourneau numéro 1 de Hussigny et visible à l’écomusée des mines de fer de Lorraine, Aumetz-Neufchef.
Pour celles ou ceux qui souhaitent comprendre plus profondément cet attachement viscéral à cette histoire ouvrière et partager cette intimité avec l’auteur, il convient de se plonger dans son autobiographie : L’Émile ou l’or des Vauziers aux éditions Paroles de Lorrains.
Bibliographie
- Sébastien Bonetti, « Gérard Dalstein : la mémoire ouvrière, populaire, on s’en fout », le Républicain Lorrain, 1er juillet 2016.
- Gérard Dalstein, Les chantiers du fer, Woippy, Editions Serpenoise, 1994-2002, 1-2-3 vol.
- Gérard Dalstein, L’Émile ou l’or des Vauziers, Editions Paroles de Lorrains, 2016.
- Marcel Donati, Cœur d’acier : souvenirs d’un sidérurgiste de Lorraine, Payot, coll. « Récits de vie », 1994.
- Pierre Boulez, Le pays fertile. Paul Klee, Editions Gallimard, 1989.
- Groussgasmaschinn, [en ligne], http://www.musee-energie.eu/Accueil.html, page consultée le 5 juillet 2021.
- Écomusée mines de fer, [en ligne], http://www.musee-minesdefer-lorraine.com/, page consultée le 5 juillet 2021.
- Cilac, [en ligne], https://www.cilac.com/601-patrimoine-metallurgique-dommartin-le-franc-ouvre-ses-portes, page consultée le 5 juillet 2021.
- Musée de l'Histoire du Fer, [en ligne], https://www.museehistoiredufer.fr/accueil/, page consultée de 5 juillet 2021.
Transcription
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