Le festival du film italien de Villerupt
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Résumé
Un an après sa création, retour sur l'atmosphère du festival du film italien de Villerupt. Rencontre avec le public, les organisateurs, et les invités du festival.
Date de publication du document :
Février 2022
Date de diffusion :
15 nov. 1977
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Contexte historique
ParEnseignante-chercheure en Histoire à l'INSPÉ, Université de Lorraine, Docteure en Etudes cinématographiques et audiovisuelles
Le 15 novembre 1977, les actualités Lorraine soir de France 3 diffusent un reportage à propos de la deuxième édition du Festival du film italien de Villerupt qui s’est déroulé du 8 au 13 novembre 1977. Né l’année précédente, ce festival devient un événement régulier à partir de cette année-là. Effectivement, en 1976, les animateurs et la direction de la Maison des jeunes et de la culture de Villerupt décident de diffuser des films italiens sous-titrés en français dans le cadre traditionnel de séances cinématographiques, organisées le week-end sur diverses thématiques en lien avec les genres filmiques. La proposition, faite dans une ville et un bassin dans lesquels la population d’origine italienne est particulièrement présente, rencontre son public. Devant ce succès inattendu, l’expérience est renouvelée l’année suivante.
D’ailleurs, dès le début du reportage l’héritage transalpin des Villeruptiens est à l’honneur. Grâce à des prises de vue de la ville, de ses habitants souriants, de ses lieux biculturels, de pellicules filmiques, de manivelles qu’on tourne, rythmées par le son d’une mandoline jouant le chant traditionnel enjoué Comme facette mammeta, les actualités du jour sont une véritable invitation à vivre le festival comme une tarentelle napolitaine.
Lors de cette deuxième édition, les 17 films sélectionnés permettent aux spectateurs de visionner une période contemporaine et charnière du cinéma italien. Le néoréalisme, issu des conséquences de la Seconde Guerre mondiale, mettant en scène des personnages confrontés aux difficultés de la vie au quotidien et à la pauvreté qui l’accompagne souvent, s’éteint vers 1959. Il est remplacé par un cinéma où la comédie et le drame sont empreints d’une modernité créative, d’un ton souvent cynique et critique de la société, des systèmes politique, économique qui la régissent.
La sélection opérée pour ce festival de 1977, dont la fiction la plus ancienne est sortie en 1961 – Une vie difficile (Dino Risi) –, reflète parfaitement cette tendance. Dix films appartiennent au drame, tels que Padre padrone (Paolo et Vittorio Taviani, 1977), palme d’or à Cannes, et sept autres sont des comédies, parfois dramatiques ou satiriques, comme Affreux, Sales et Méchants (Ettore Scola, 1976). Une particularité est à noter à propos de Les Cannibales (1969), puisque ce film est réalisé par une femme, Liliana Cavani, fait suffisamment rare à l’époque pour être mentionné. Dans ces fictions, la violence, illustrée sous diverses formes, est toute aussi présente que dans l’époque tourmentée des « années de plomb » que vit l’Italie à partir de la fin des années 1960 et où se côtoient instabilité, scandales politiques et actes terroristes.
Les choix de diffusion effectués pour cette deuxième édition, montrent que les organisateurs du festival ne cherchent pas nécessairement une rentabilité commerciale, mais plutôt à partager une forme de cinéphilie. Jean-Paul Menichetti, réalisateur et organisateur du Festival du film italien de Villerupt, témoigne justement de la crainte de l’équipe quant à la réception spectatorielle de tels films.
D’ailleurs, l’extrait des actualités sélectionné rend compte de l’avis du public. Guy Grunberg filme une première spectatrice témoignant du fait que le festival oblige à quitter son salon et sa télévision pour un spectacle cinématographique en salle. Une autre remercie les organisateurs du choix qualitatif des films sélectionnés. A contrario, des spectateurs, majoritairement masculins, dénoncent la violence présente dans Salò ou les 120 jours de Sodome (Pier Paolo Pasolini, 1976), sans nommer le film, ou la justifie en replaçant ces images dans le contexte historique du fascisme.
En réponse à ces expertises de spectateurs (Leveratto, 2000)
, les organisateurs et quelques invités s’expriment à leur tour à propos des fictions diffusées. Salvatore Corelli, bénévole auprès du festival, justifie l’absence de réalisateurs par leur travail qui les monopolise. Philippe Maillet, directeur de la MJC de Villerupt, légitimise la présence dans la sélection de La Grande Bouffe (Marco Ferreri, 1973), sans citer le titre, par le fait qu’il pouvait être intéressant d’évaluer si en 1977 un tel film suscite toujours autant de controverses qu’à sa sortie. Le mélange drame et comédie est notamment salué. L’enseignant-chercheur Christian Depuyper signale que le vedettariat devient une contrainte financière majeure pour la production cinématographique italienne de l’époque. Le dernier invité à s’exprimer n’est autre que le réalisateur Mario Brenta, dont le film plusieurs fois primé Vermisat (1974), est diffusé dans cette deuxième édition. Il confirme cette tendance pour un réalisateur à faire un cinéma « filon » (Schifano, 2016, p. 172), s’inscrivant dans une catégorie filmique plus « grand public » et donc plus lucrative.
Les dernières images clôturent le reportage par un rappel visuel de Villerupt, la monstration d’un public nombreux accompagné d’abord par une chanson nostalgique à propos du départ de l’être aimé, écrite par Ennio Moricone et interprétée par Lisa Gastoni, Una stanza vuota (1966), puis toujours du même auteur par celle titrée I pugni in tasca, nom identique au film de Marco Bellocchio de 1965, préfigurant en images la crise économique à venir.
Cette invitation au voyage par le biais du cinéma n’a jamais lassé son public. Bien au contraire ! Comme l’indique le dernier témoin, le fait de diffuser des films moins célèbres que d’autres, contribue au développement culturel de la population. En 1983, le nombre record de spectateurs dépasse les 30 000, bien plus que celui de Villeruptiens ! Au fil du temps, le public et le nombre de municipalités participant à la diffusion, se sont élargis au Pays Haut, aux régions frontalières et au Grand-Est. S’il est vrai qu’en 1977, seul Mario Brenta a honoré le festival de sa présence, l’année suivante Luigi Comencini et Ettore Scola en ont foulé le sol lorrain. Au total, jusqu’en 2021, grâce aux 1 445 films mis en compétition, ce sont plus d’un millier de cinéastes et d’acteurs qui ont offert au public des rencontres mémorables dans le cadre de forums et de la création de jurys pour, entre autres, le prix Amilcar.
Bibliographie
- Jean-Marc Leveratto, La mesure de l’art. Sociologie de la qualité artistique, Paris, La Dispute, 2000.
- Laurence Schifano, Le cinéma italien de 1945 à nos jours, Armand Colin, 2016.
- Festival du film italien de Villerupt, 1977, « Le festival au fil du temps : 1977 », [en ligne], https://festival-villerupt.com/retro-1977/, page consultée le 5 juillet 2021.
- Jean-Antoine Gili, La comédie italienne, Paris, H. Veyrier, 1984.
- Jean-Marc Leveratto, Cinéma, spaghettis, classe ouvrière et immigration, Paris, La Dispute, 2010.
- Fabrice Montebello, « Des stigmates à la vertu : l’émergence de la qualité italienne dans la Lorraine industrielle », dans Paroles et images de l’immigration. Langue, littérature et cinéma: témoins de la présence italienne au Luxembourg et dans la Grande Région, Luxembourg, Université de Luxembourg (UL), 2006, p. 265-281.
Transcription
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