À la découverte des vestiges du carreau minier du Thillenberg à Differdange
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Résumé
L’extrait de ce reportage concerne un groupe d’anciens mineurs qui, parcourant les vestiges du carreau minier du Thillenberg à Differdange au Luxembourg, rappelle les conditions de travail à la mine avant sa fermeture et déplore l’abandon dans lequel tout a été laissé.
Extrait du film Carreaux de mine (Réalisatrice : Anne Schroeder; Production : CinéquaSi)
Date de publication du document :
Février 2022
Date de diffusion :
01 janv. 1997
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Contexte historique
ParProfesseur en Géographie, Loterr, Université de Lorraine
L’extrait s’inscrit clairement dans la transition entre les phases de deuil industriel et de redéveloppement territorial qui affectent les territoires post miniers ou post industriels, comme c’est le cas ici à Differdange au sud du Luxembourg.
Marquée par la volonté de tourner la page après le traumatisme des fermetures d’usine ou de mine, la phase de deuil se concrétise par des abandons, voire des destructions, de l’héritage minier ou industriel. Ensuite vient la phase de redéveloppement territorial, caractérisée entre-autres par la redécouverte des vestiges des époques minière et industrielle et éventuellement par le développement d’initiatives de patrimonialisation.
Le reportage suit un groupe d’anciens mineurs qui retrouvent le carreau minier où ils ont travaillé. Par carreau de la mine il faut comprendre l’espace sur lequel se trouvent les infrastructures nécessaires à l’extraction du minerai, à sa manutention et à ses premiers traitements. Dépôts, silos, bureaux, vestiaires, ateliers de réparation des machines, réseau ferroviaire à voie étroite, bassins de décantation, etc. y sont construits autour des entrées de galeries ou des puits de mine surmontés d’un chevalement. Il s’agit ici d’entrées de galeries car le minerai de fer du bassin lorrain qui déborde sur l’extrême Sud du Luxembourg, affleure à flanc de versant ou de talus. La « minette » (nom donné au minerai de fer lorrain) y est donc facilement accessible, sans creuser de puits.
Ce carreau est celui de la mine du Thillenberg à Differdange, ouverte en 1900 au fond d’un vallon entaillant le talus de la Côte de Moselle où affleure la minette. Elle a employé jusqu’à 650 mineurs. Le carreau comptait au moins huit entrées, pour les mineurs, comme le « Fahrstollen » présenté à 0’10’’ et 1’05’’ sur une carte postale, ou pour les trains miniers comme on le voit à 1’01’’ sur une carte postale et à 1’53’ à la date du reportage. Le tout était relié, par une voie ferrée étroite, à l’usine sidérurgique de Differdange qui traitait le minerai et à la voie ferrée principale, à moins d’un kilomètre à l’Est, au pied de la Côte de Moselle. On distingue l’ancien tracé de cette voie à 1’46’’, avec le cœur de la ville de Differdange, tout près, en arrière-plan. La mine du Thillenberg s’inscrivait dans un réseau de très nombreuses installations minières (Il y avait plusieurs carreaux miniers rien qu’à Differdange, comme celui de « Grôven »), particulièrement dense dans cette partie Sud du Luxembourg car le pays entendait exploiter au maximum cette ressource naturelle, base de sa prospérité au début du XXe siècle.
La mine du Thillenberg fut la dernière du bassin minier luxembourgeois à fermer en 1981. Plusieurs bâtiments furent détruits et, durant la phase de deuil, la nature, comme le souligne l’un des interviewés à 0’44’’, reprit ses droits. Il reste cependant des vestiges. Certains sont ténus (sections de voies ferrées à 0’53’’, murs de soutènement à 0’50’’), d’autres plus importants, comme les entrées des anciennes galeries et, surtout, les anciens bureaux de la mine dont le bâtiment apparaît à plusieurs reprises, en 1997 (1’11’’ et 1’39’’) et sur les cartes postales anciennes (0’’57’’).
Quelles que soient les origines des anciens mineurs interviewés, les propos sont exprimés en luxembourgeois, ce qui accentue l’idée d’une communauté de travailleurs de la mine. Leurs discours sont empreints d’un mélange de nostalgie et de fierté, même si les conditions de travail difficiles sont déplorées à 1’14’’. L’un des anciens mineurs explique ne pas être revenu depuis 20 ans sur le carreau (c’est-à-dire qu’il ne l’a pas connue fermée) et il déplore l’abandon dans lequel le carreau a été laissé depuis sa fermeture. C’est le résultat de la phase de deuil évoquée plus haut, que les anciens mineurs ont eux-mêmes expérimentée puisqu’au moins l’un d’entre eux s’est longtemps désintéressé du site. Néanmoins, avec le temps, le traumatisme de la fin de l’activité minière s’atténue de sorte qu’on redécouvre les vestiges de l’exploitation et que l’on est prêt à les mettre en valeur. La musique, marquée par l’accordéon, tout comme les longs plans d’hommes déambulant lentement sur le carreau reverdi, soulignent cette nostalgie.
Si plusieurs anciens sites miniers à proximité ont été réhabilités et mis en valeur (la mine Grôven est devenue un centre d’interprétation de la mine, les entrées de la mine Hondsbëch à Niederkorn ont été dégagées et restaurées en 2012), le carreau du Thillenberg attend encore en 2021 un traitement et une mise en valeur.
Transcription
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