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Karel Appel définit sa peinture

24 octobre 1968
03m 22s
Réf. 00055

Notice

Résumé :

Entretien avec Karel Appel, un des fondateurs du mouvement artistique CoBrA, qui définit sa peinture. Il parle de l'imagination, de la matière, du format toujours plus grand de ses oeuvres.

Type de média :
Vidéo
Date de diffusion :
24 octobre 1968
Source :
ORTF (Collection: L'Amour De L'Art )
Personnalité(s) :
Karel Appel
Thèmes :
Lieux :

Éclairage

Depuis ses débuts, l'oeuvre de Karel Appel (1921, Amsterdam ? 2006, Zurich) est motivée par le refus des conventions et le rejet de la société matérialiste. Elève de l'Académie des Beaux-Arts d'Amsterdam durant la Seconde Guerre mondiale, il est influencé par Picasso, Dubuffet et Matisse. En 1948, avec Corneille et Constant, il entre en opposition contre l'abstraction géométrique dominante aux Pays-Bas, dans le sillage du néoplasticisme de Mondrian.

Un an plus tard, ils participent à la fondation du collectif CoBrA, pour Copenhage, Bruxelles, Amsterdam, du nom des villes dont sont originaires ses membres. Parmi eux, Dotremont, Alechinsky, Jorn et Bury. Le mouvement, proche des idées communistes, se réfère à l'art populaire nordique, à l'art primitif, aux dessins d'enfants et à l'automatisme surréaliste. Ce sera pour Appel l'époque des assemblages anthropomorphiques et de la série des peintures tridimensionnelles. Suite aux protestations engendrées par sa fresque censée orner l'Hôtel de ville d'Amsterdam et finalement couverte pendant dix ans, l'artiste commence à voyager. A Paris, il va développer une peinture pulsionnelle proche de l'action painting américaine.

Sa peinture ne cesse d'exprimer les sentiments violents que lui inspire le monde. Entre autres actions symboliques, dont l'utilisation d'objets de rebut intégrés dans ses toiles à la façon de l'Arte Povera, Karel Appel collaborera en 1976 à des peintures murales avec les habitants des bidonvilles de Lima.

Cécile Olive

Transcription

Adam Saulnier
Karel Appel, de nationalité hollandaise, français d'adoption, profession : peintre, aucun rapport avec la peinture traditionnelle encore moins avec la peinture de chevalet. Si vous aviez à définir votre peinture, comment la définiriez vous?
Karel Appel
Oh vous savez, je suis toujours difficile parce qu'on parle beaucoup de peinture toujours, parce que la peinture ne parle pas au fond.
Reporter
Imaginaire, un côté imaginaire si vous voulez.
Adam Saulnier
Qu'est-ce que c'est pour vous que l'imagination?
Karel Appel
Pour dire court et simple, parce qu'autrement c'est toujours trop long à expliquer, on prend là matière, ça veut dire ici par exemple le bois, et le couleur, la peinture. On compose la matière, la matière réaliste, on compose, on fait une forme fantastique.. Par exemple, ici, c'est du bois, c'est une table avec une tête et des fleurs en bois, vous savez, donc je peins une table [afleurie], par exemple.
Adam Saulnier
Est-ce que vous aviez décidé de faire une table d'une forme inhabituelle, avec une tête dont l'oreille dépasserait de la table, et des fleurs à la place du nez? Aviez-vous décidé de faire cela ou bien les choses sont-elles venues comme ça, petit à petit, au fur et à mesure?
Karel Appel
Oui, petit à petit, pendant le travail, parce que ça j'ai changé trois fois par exemple, le tête j'ai changé trois fois, parce qu'il y a encore une tête en dessous. Après je trouvais pas de...
Adam Saulnier
Disons que pour vous l'imagination est un phénomène progressif?
Karel Appel
Oui, Oui, oui, progressif pendant la matière, pendant le travail dans la matière.
Adam Saulnier
Le centre national d'art contemporain présente à peu près 25 grandes compositions de Karel Appel Ce sont des reliefs, des reliefs en bois découpé et peint ou bien en polyester peint, tous des grands formats. Karel Appel, ça demande un très grand atelier!
Karel Appel
Oui, parce que j'habite à Paris, mais en dehors de Paris au commencement de Yonne, j'ai une grange, une très, très grande grange.
Adam Saulnier
Dans l'Yonne ?
Karel Appel
Dans l'Yonne, oui, au commencement de l'Yonne, tout près de Auxerre, une grange de quarante mètres de longue, sur dix mètres de largeur et quinze mètres de hauteur, et là je fais tout ce travail...
Adam Saulnier
C'est comme une rue en somme?
Karel Appel
Oui, c'est comme une grande rue, vous savez.
Adam Saulnier
Beaucoup d'artistes de votre génération se trouvent ayant le même besoin de très grand format. Ce n'est jamais assez grand, certains m'ont parlé de 20, 30, 40 mètres, il n'y a plus de limite.
Karel Appel
Oui, oui.
Adam Saulnier
Comment? Comment expliquez-vous ce besoin de format de plus en plus gigantesque ?
Karel Appel
Parce que moi je pense, on me dit toujours : je suis un expressionniste, je ne sais pas pourquoi, parce que peut-être la technique c'est assez violent et la couleur est forte.. Mais depuis quelques années, je travaille, je sens beaucoup plus de, d'espace, ça veut dire : la magie est spacieuse, si vous voulez. Parce que pour moi l'homme est un espace créatif dans l'infini. Et à cause de cela je cherche toujours à grandir mon travail, vous savez, pour trouver un espace.