Les premiers (et derniers) Jeux de la Communauté, Madagascar, avril 1960 (2ème partie)
Notice
Les jeux de la communauté, séquence 2. Fêtes et danses en parallèle aux jeux, célébration de la communauté.
Éclairage
Le 13 avril 1960 s'ouvre à Madagascar une grande compétition sportive, orchestrée pour affirmer les liens au sein de la Communauté mise en place en 1958 (voir la notice : Les premiers (et derniers) Jeux de la Communauté – 1re partie). La France, via le Haut-Commissariat de la Jeunesse et des Sports – alors dirigé par Maurice Herzog – a convié à y participer tous les États de la Communauté, les TOM et les DOM, ainsi que le Cameroun. Les Jeux de la Communauté rassemblent pour trois jours, à Antananarivo, plus de 800 athlètes venus de France et de près d'une vingtaine de pays africains.
L'organisation d'un tel événement est hautement politique, mais le contexte de 1960 va vider partiellement de leur substance les objectifs affichés. Censés célébrer la pérennité de la récente institution qu'est la Communauté, les Jeux se tiennent en effet au moment même où celle-ci se délite, et l'année même où la plupart des indépendances sont finalement obtenues. Comme l'analyse l'historienne Évelyne Combeau-Mari, cette « absurde réalité [...] semble montrer combien la pression des indépendances a pris de cours un projet politique envisagé à plus long terme ! ». Les Jeux de la Communauté de 1960 ont donc été les premiers, mais aussi les derniers organisés.
Du côté des autorités malgaches, et tout particulièrement de Philibert Tsiranana, nouvel homme fort de la Grande Île, les enjeux sont un peu différents. Les Jeux sont l'occasion de mettre en scène le processus d'indépendance tout en continuant de jouer, auprès de la France, une partition un peu différente de celle des nouveaux États du continent. Ainsi est-ce à à la veille de leur ouverture, le 12 avril 1960, qu'est annoncée par le parlement malgache la prochaine accession à l'indépendance (la ratification officielle intervient un peu plus tard, au mois de juin 1960). C'est enfin un moyen pour les autorités qui organisent dans la capitale un spectacle sportif solennel et festif (défilés d'athlètes, diverses compétitions dans le stade de Mahamasima, danses, cérémonies officielles) d'affirmer la naissance du jeune État indépendant dans le faste et la fête.
Au bout du compte, les sportifs français remportèrent 22 médailles, contre 8 à peine pour les athlètes du continent africain, ce qui laissa un goût amer à beaucoup de participants et qui – contrairement à ce qui avait été projeté – semble avoir encore attisé les aspirations à l'indépendance et exacerbé quelques manifestations anti-françaises. (Évelyne Combeau-Mari, Le Sport colonial à Madagascar (1896-1960), Paris, L'Harmattan, 2009).