La question algérienne à l'Onu : discours de M. Pineau

13 février 1957
48s
Réf. 00071

Notice

Résumé :

A l'ONU, le ministre des Affaires étrangères Christian Pineau répond aux délégués des pays socialistes - soutiens du FLN - sur la question de la décolonisation en Algérie.

Date de diffusion :
13 février 1957
Source :
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Éclairage

Depuis sa proclamation du 1er novembre 1954, le FLN a décidé de mener une communication clairement tournée vers l'étranger (« en vue de faire du problème algérien une réalité pour le monde entier avec l'appui de nos alliés naturels », dit la proclamation), notamment par le biais de l'ONU – Aït Ahmed ouvre un bureau de la délégation du FLN à New York en avril 1956. Le 28 janvier 1957, en prévision du traitement de la question algérienne à l'ONU, le FLN génère une grève générale d'une semaine, qui est largement suivie et mène l'armée à ouvrir de force les commerces en pleine bataille d'Alger. Lors de sa XIe session, le 15 février 1957, l'ONU déclare que l'Assemblée générale, « Ayant entendu les déclarations des diverses délégations et discuté la question algérienne ; Considérant la situation en Algérie qui cause beaucoup de souffrances et de pertes en vies humaines ; Exprime l'espoir que, dans un esprit de coopération, une solution, pacifique, démocratique et juste sera trouvée par des moyens appropriés, conformément aux principes de la Charte des Nations Unies ». Le 17 septembre 1957, l'ONU met à nouveau l'Algérie à l'ordre du jour de sa XIIe session ; l'Assemblée générale réaffirme le 11 décembre 1957 la nécessité pour tous les pays (ce qui est un message clair à la France) de faire respecter le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Deux mois plus tard, après le bombardement par la France du village tunisien frontalier de Sakiet Sidi Youssef en février 1958, la Tunisie fait un recours à l'ONU ; l'incident, qui marque les esprits, mène rapidement à la reconnaissance internationale du Gouvernement provisoire de la République algérienne.

Le document est un très court sujet de 45 secondes diffusé au sein des Actualités françaises du 13 février 1957, mais produit initialement par Gaumont Actualités et distribué en pool aux autres maisons d'actualités, ce qui était fréquent sur des sujets internationaux. Ce sujet vise à expliciter la position française sur « le dossier algérien ». Le ministre des Affaires étrangères, Christian Pineau, vient ainsi devant la commission politique de l'ONU pour rappeler qu'il s'agit pour la France d'une « affaire intérieure ». La France, comme le rappelle le speaker, « ne reconnaît pas la compétence de l'ONU » mais « accepte d'informer totalement la juridiction internationale ». Pourtant, dans l'extrait de son discours choisi pour le sujet, Pineau est particulièrement défensif et veut « répondre aux campagnes de dénigrement systématique dont la France a fait l'objet depuis plusieurs années, non seulement de la part de représentants des rebelles algériens, mais aussi de la part de délégués de certains pays dont nous pourrions contester le droit qu'ils ont à donner des leçons à la France ». Le sujet reste ainsi, ce qui est logique pour un média d'Etat, uniquement du côté de la position française, ne prenant en compte aucune autre position alors que la France est déjà très minoritaire et subit de nombreuses critiques quant à sa position coloniale.

Sébastien Denis

Transcription

(Musique)
Journaliste
Devant la commission politique de l’ONU, la France a ouvert le dossier algérien. Si, dans cette affaire intérieure, elle ne reconnaît pas la compétence de l’ONU, elle accepte d’informer totalement la juridiction internationale. C’est ainsi que monsieur Christian Pineau a pu dire :
Christian Pineau
Ce que nous voulons, c’est, en premier lieu, répondre publiquement aux campagnes de dénigrement systématique dont la France a fait l’objet depuis plusieurs années ; non seulement de la part de représentants des rebelles algériens, mais aussi de la part de délégués de certains pays dont nous pourrions contester le droit qu’ils ont à donner des leçons à la France.